Ecologie, Engagement : Deux mots qui sont porteurs de beaucoup de sens et de beaucoup d’attentes pour nombreux d’entre nous. Porteurs aussi de beaucoup d’incompréhensions car chaque personne y place son vécu, son histoire et l’inconscient collectif. Il me semble essentiel de se le redire, de l’écrire, pour réussir au-delà des mots, à transcender ces deux concepts.
L’écologie de « madame Michu » c’est quoi ? Ou plutôt l’écologie vue
- par un Saint-Maurien pendant la campagne municipale de ce début d’année 2020 : « l’écologie n’est ni de droite, ni de gauche », « vous les écologistes, vous ne voyez pas le problème dans son ensemble mais uniquement la partie écologie » « moi, je suis écologiste depuis toujours, je ne gaspille pas, si chacun faisait la même chose, il n’y aurait plus de problème» « je ne voterai jamais pour une Maire écologiste qui a trois enfants, le plus grand problème, c’est la surpopulation », « Je vous présente mes parents, nous avons discuté ensemble de votre candidature » « madame Vercelloni est effrayante » (sic, lu sur les réseaux sociaux). « le problème ce n’est pas les quelques % de personnes qui prennent l’avion, mais la surpopulation en Asie ». « Bravo, c’est bien ce que vous faites, nous sommes avec vous » « de tout manière, à Saint-Maur, vous ne pouvez être qu’une candidate de témoignage » « il faut vous allier avec la liste Saint Maur Avenir » « pourquoi n’êtes vous pas partie avec la gauche ? » « de toute façon, c’est trop tard » « de tout temps, il y a eu des variations dans le climat »,
- par une militante d’EELV que je suis (depuis peu) et une personne engagée à ATD. Je vous partage la définition de Wikipédia dans laquelle je me retrouve : L'écologie politique est un ensemble de courants qui insiste sur la prise en compte des enjeux écologiques dans l'action politique et dans l'organisation sociale. L'écologie devient politique lorsqu'elle appelle à une profonde transformation du modèle économique et social actuel ainsi qu'à une remise à plat des relations entre l'homme et son environnement.
Je vous conseille aussi l’interview ici de Julien Bayou dans Reporterre (le quotidien de l’écologie). On voit donc clairement que l’écologie est intimement liée avec des valeurs de solidarités. Il est pour moi indispensable de réaliser la transition en y intégrant les conséquences du dérèglement climatique pour les 10 % les plus précaires. Rappelons-nous que notre impact carbone est proportionnel à nos revenus personnels et au PIB pour un pays. C’est essentiel de le réaffirmer.
Quid de l’engagement ?
Je vous partage la définition de l’engagement de Encyclopedie Universalis : L'engagement peut être entendu au sens de « conduite » ou au sens d'« acte de décision »,
- selon qu'il désigne un mode d'existence dans et par lequel l'individu est impliqué activement dans le cours du monde, s'éprouve responsable de ce qui arrive, ouvre un avenir à l'action,
-ou qu'il désigne un acte par lequel l'individu se lie lui-même dans son être futur, à propos soit de certaines démarches à accomplir, soit d'une forme d'activité, soit même de sa propre vie.
On y retrouve de fait deux types d’engagement : un centré sur le monde et un centré sur l’individu. Ces deux types d’engagements sont ils compatibles ? « Je m’engage à trier mes déchets », « Je m’engage dans une association d’aide aux migrants ». Peut-on passer de l’un à l’autre ? Ces deux personnes engagées, le sont-elles sur la même planète ?
Repartons faire un crochet vers l’écologie où ces deux visions de l’engagement se côtoient et peuvent susciter pas mal d’incompréhensions de parts et d’autres. Je me souviens d’une rencontre en septembre 2019, sur la Thématique « Luttes climatiques : avec ou sans les pauvres ? » à la Base, le lieu à Paris où s’engager pour la justice climatique et sociale. J’étais à ce débat dans le cadre d’ATD Quart-Monde, co-organisé avec l’association Alternatiba. Lors de cette soirée d’échanges, il y eu une confrontation des points de vue entre des personnes qui mettaient en avant des « écogestes » et d’autres qui voulaient « renverser le système ». Elles ont vraiment eu du mal à se comprendre mutuellement. Mais souvent, ce n’est pas si tranché : « Inciter les personnes de son entourage à faire des écogestes » : un engagement centré sur le monde ou sur soi ? J’y vois surtout un engagement qui peut amener à d’autres engagements.
Et là, je suis perplexe ….. comment appréhender sans le tronquer le concept de l’engagement. Peut être en prenant un autre point de vue et en se posant la question de savoir si celui ci est collectif ou individuel.
Je vous partage donc un exemple d’engagement collectif. Au printemps dernier, je me suis rapprochée du groupe EELV de Saint-Maur avec l’idée de participer d’une manière ou d’une autre aux municipales qui allaient se dérouler l’année suivante. Ce n’est pas de mon parcours personnel dont je veux vous parler mais de l’engagement collectif qui s’est construit au sein de la liste « Saint-Maur Ecologie Citoyenne ». Cette liste, c’est la rencontre de cinquante personnes rassemblées autour du projet de l’écologie citoyenne : une écologie engagée, fondée sur des valeurs de solidarité, d’exemplarité, une écologie pour toutes et tous, au service de nos enfants. Pendant ces quelques mois, nous avons bâti une dynamique de groupe où chaque personne (je l’espère) a pu trouver sa place en apportant sa personnalité, ses convictions et ses envies et cela a fonctionné : la mayonnaise a pris. J’ai cherché une image plus inspirante, mais c’est celle là qui m’est venue à l’esprit. Peut-être parce que je ne réussi pas toujours la mayonnaise. Nous avons réfléchi, écouté, partagé, débattu, organisé notre pensée pour défendre, expliquer et faire connaître nos idées. Tous et toutes animé(e)s par un vécu personnel, en amont de cette campagne, de l’engagement. Ces engagements étaient variés (individuel, collectif) mais souvent pris dans des associations saint-mauriennes. Nous étions portés par la conviction qu’il fallait agir pour la préservation de la biodiversité, la lutte contre le réchauffement climatique et l’adaptation à ses conséquences en solidarité avec les plus précaires. C’est le partage de cette vision, de ces valeurs qui a permit cet engagement collectif.
Le premier tour est passé, le second est repoussé.. et maintenant ? Justement, nous n’avons pas envie de nous arrêter au milieu du gué. Dans cette période de confinement, notre engagement collectif a, en effet, dépassé l’enjeu des municipales et notre envie d’agir est transcendé par les valeurs que nous partageons.
Comment aller plus loin ? Peut être simplement en vous posant la question à vous lecteur : pour vous, qu’est ce que l’engagement ? Quel est l’engagement dont vous voulez nous parlez ? Est ce que le confinement nous pousse à nous engager ?