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Billet de blog 10 juin 2019

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La presse a rendez-vous avec Assange et Wikileaks le 14 juin 2019

Le 14 juin prochain s'ouvrira l'audience pour l'extradition de Julian Assange où il risque une peine de cent soixante-quinze ans de prison pour dix-sept chefs d'inculpation retenu contre lui le 23 mai dernier. Le journalisme n'est pas un crime !

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© Céline Wagner

Le 14 juin prochain s'ouvrira l'audience pour l'extradition de Julian Assange vers les Etats-Unis où il risque une peine de cent soixante-quinze ans de prison pour dix-sept chefs d'inculpation retenus contre lui et dévoilés le 23 mai dernier. Les Etat-Unis ont recourt à une loi sur l'espionnage, "Espionnage Act", pour inculper Julian Assange qui a rendu public par l'intermédiaire de Wikileaks des documents classés secret-défense et qu'il jugeait d'intérêt commun, comme Collateral Murder, une vidéo révélant une bavure américaine pendant la guerre d'Irak où des civils et des journalistes de Reuter trouvèrent la mort le 12 juillet 2007 ; ou encore Vault7, la publication de milliers de fichiers détaillant les activités de la Central Intelligence Agency (CIA) dans le domaine de la surveillance électronique et de la cyber-guerre.

Des personnalités compétentes soutiennent ardemment Julian Assange et ses travaux au sein de Wikileaks. Voici quelques unes de ces personnes pour qui Julian Assange est un journaliste, couvert par le Premier Amendement qui protège la liberté de la presse aux Etat-Unis, et Wikileaks un organe de presse compétent, en mesure de protéger l'identité de ses sources et de juger si ses publications relèvent de d'intérêt général : John Pilger, journaliste australien, Craig Murray, diplomate britannique, historien et militant des droits de l'homme, ancien ambassadeur britannique, Hanna Jonasson, Doctorante en droit international, rédactrice en chef de justice4assange.com, Jonathan Cook, écrivain et journaliste britannique, ancien lauréat du Prix spécial Martha Gellhorn pour le journalisme, Ron Paul, homme politique américain, membre du Parti républicain (Ron Paul est également l'éditeur du site pour la défense des libertés Liberty Report

Le texte qui suit mentionne également les organes de défense des libertés qui soutiennent Julian Assange ainsi que les prix prestigieux qui lui ont été décernés ces deux dernières années. 

Je voudrais faire une incise personnelle sur le terme Hacker, qui se traduit par Pirate et sous-entend une action illégale et une intrusion violente dans l'intimité numérique d'une personne ou de l'organisme qui en est la cible. Le terme Hackers désigne avant tout des personnes expertes en codage numérique. Quand Julian Assange a monté Wikileaks, son intention n'était pas de protéger des sources qui piratent des données, mais qui accèdent à des vérités, farouchement gardées par le système du codage. Assange et les experts qui comme lui sont capables de s'immiscer dans un système informatique, pour en extraire des informations tenues hors de portée de ceux qui n'en possèdent pas le code, sont les acteurs d'un nouveau journalisme d'investigation. Leurs compétences sont précieuses car combien sommes-nous à pouvoir obtenir des informations de cette envergure ? Cette technologie peut-être la vocation de chacun d'entre nous. La répression à l'œuvre aujourd'hui et le traitement réservé à Assange, envoient un signal clair aux experts en codage partisans de mettre leur talent au service du journalisme.

C'est de cela dont il est question dans l'histoire aberrante de l'enfermement d'Assange et des attaques contre Wikileaks : La maîtrise d'une technologie hautement sophistiquée au service de la population. Cette technologie qui avait entre autres objectifs d'assurer une protection sans failles et la destruction sans traces de documents gênants, de sorte que la population ne puisse jamais soupçonner leur existence... Nous le savons, les grandes puissances sont assises sur la notion de secret défense. Notons ces deux locutions : intérêt commun/secret défense. Comment déterminer ce qui relève du bien commun ?A qui sert le secret défense ? Ces deux questions sont au cœur de l'affaire Assange depuis neuf ans. 

Les puissants que nous mettons au pouvoir, démocratiquement, le sont dans le plein exercice de nos droits. Aujourd'hui nous assistons à la limite de ces droits. Le système démocratique est en train de se braquer contre ses propres créations : la liberté d'expression et la liberté de la presse. Car ces deux outils sont en mesure d'inverser les rapports de pouvoir entre les grandes puissances et les populations.

Pourquoi enfermer Julian Assange, qui à coup sûr ne représente pas une menace pour le citoyen ? Pourquoi le priver de livres, d'ordinateur (même hors connexion), l'entraver dans l'exercice de sa pensée, le priver de communications avec l'extérieur ? Les Etats-Unis voient en un seul homme une menace du fait de ses talents d'expert en codage et de son idéal politique, qui n'ont pas vocation à se rejoindre dans un monde ultra-capitaliste. La pratique et la maîtrise du codage numérique sont également utilisées de part le monde par les lobbies, les puissances financières, les services de renseignements... Le tort de Julian Assange est de les avoir mis au service de l'intérêt commun.

Voir ici l'excellent article de Jonathan Cook retraçant les grandes lignes de l'histoire de Julian Assange au cours de ces dix dernières années. 

Fin de l'incise.

La chronologie qui suit est un compte rendu édité par Wikileaks des différentes étapes de cette affaire depuis mars 2017. Cette chronologie est importante pour mobiliser les soutiens de Julian Assange et consolider sa défense. Le 14 juin, les citoyens doivent être aux côtés de Julian Assange et de la liberté de la presse. 

Chronologie : Expulsion et arrestation de Julian Assange

 Mars 2017

7 mars 2017 - WikiLeaks publie Vault 7, exposant les outils de piratage de la CIA

 La plus grande fuite de documents confidentiels de la CIA de l'histoire détaillant les capacités de l'agence en matière de cyberguerre.

 Avril 2017

2 avril 2017 - Lenín Moreno remporte le second tour de l'élection présidentielle équatorienne, succédant à Rafael Correa.

Correa, qui a accordé l'asile à Assange en 2012, a qualifié la révocation de l'asile d'Assange et son arrestation ultérieure en avril 2019 d'"une des plus grandes trahisons de l'histoire latino-américaine".

13 avril 2017 - Le directeur de la CIA Mike Pompeo qualifie WikiLeaks de " service de renseignement hostile non étatique.

 Mai 2017

9 mai 2017 - Paul Manafort se rend en Équateur pour négocier un accord avec le nouveau président Moreno.

"Au cours d'au moins deux réunions avec M. Manafort, M. Moreno et ses collaborateurs ont discuté de leur désir de se débarrasser de M. Assange... en échange de concessions comme un allégement de la dette des États-Unis.

24 mai 2017 - Moreno prend ses fonctions de Président de l'Equateur.

 Février 2018

27 février 2018 - Des représentants du gouvernement américain rencontrent le président Lenín Moreno.

Mars 2018

26 mars 2018 - Des hauts responsables du Commandement sud américain rencontrent le ministre équatorien de la Défense, Patricio Zambrano, pour échanger des idées et réitérer l'engagement des États-Unis dans ce partenariat de longue date

27 mars 2018 - L'Equateur suspend l'accès de Julian Assange à Internet, refuse les visiteurs

- 4 brouilleurs de signaux sont installés pour bloquer en continu la couverture téléphonique et le signal WiFi

- Assange est empêché d'accéder au réseau téléphonique fixe de l'ambassade

- L'Équateur a interdit les visites pour isoler davantage Assange, y compris les avocats.

- Le gouvernement équatorien affirme que l'isolement résulte de la rupture par Assange d'un accord conclu fin 2017 "visant à ne pas diffuser de messages supposant une ingérence vis-à-vis d'autres États".

- Ces mesures, qui imposent un isolement total, ont gravement détérioré la santé physique et mentale de M. Assange.

28 mars 2018 - L'Équateur reprend les négociations avec les États-Unis sur un accord de libre-échange reporté depuis longtemps.

Mai 2018

16 mai 2018 - Il est avéré que L'Équateur mène une opération d'espionnage sur Assange à l'ambassade de l'Équateur.

- L'Équateur fait appel à des services de sécurité spécialisés pour espionner Assange et en rend compte aux autorités équatoriennes et américaines.

- La presse publie des images et des informations personnelles d'Assange recueillies à l'intérieur de l'ambassade.

Juin 2018

27 juin 2018 - 10 sénateurs américains exhortent le vice-président Mike Pence d’informer le président équatorien Lenín Moreno de leurs préoccupations concernant Assange :

"Il est impératif que vous souleviez les préoccupations des États-Unis auprès du président Moreno au sujet du soutien continu de l'Équateur à M. Assange au moment où WikiLeaks poursuit ses efforts pour saper les processus démocratiques dans le monde entier ".

28 juin 2018 - Le Vice-President Mike Pence confirme qu'il a fait pression sur Moreno au sujet de l'asile d'Assange.

"Le vice-président a abordé la question de M. Assange. C'était une conversation constructive. Ils ont convenu de rester en étroite collaboration lors de la suite probable apportée à cette affaire", a déclaré un responsable de la Maison-Blanche dans un communiqué.

Juillet 2018

13 juillet 2018 - La Cour interaméricaine des droits de l'homme (IACHR) rend un arrêté imposant à l'Equateur l'obligation de protéger Julian Assange contre l'extradition américaine.

La décision comprend une procédure obligatoire de sécurité et l'obligation pour les États d'assurer un passage sûr aux personnes à qui l'asile a été accordé.

15 juillet 2018 - L'Equateur est en pourparlers pour expulser Julian Assange, son "caillou dans la chaussure".

Sir Alan Duncan, ministre des Affaires étrangères, est considéré comme impliqué dans l'effort diplomatique qui précède de quelques semaines la visite au Royaume-Uni de Lénine Moreno, le nouveau président équatorien, qui a qualifié Assange de "pirate informatique", de "problème hérité" et de "caillou dans la chaussure".

21 juillet 2018 - L'Equateur confirme son intention de retirer l'asile à Julian Assange et de le livrer au Royaume-Uni.

Lenín Moreno se rend à Londres " pour rencontrer des responsables britanniques afin de finaliser un accord en vertu duquel l'Equateur retirera sa protection de Julian Assange ".

Août 2018

24 août 2018 - L'Equateur informe la défense juridique d'Assange qu'il ne s'opposera plus à son extradition éventuelle vers les Etats-Unis.

"L'État équatorien estime qu'à ce stade, en ce qui concerne l'intérêt supérieur et le bien-être de M. Assange, la meilleure solution pour lui est de comparaître devant les tribunaux du Royaume-Uni.

Septembre 2018

20 septembre 2018 - Des membres du Congrès américain se rendent à Quito pour demander le retrait de la nationalité équatorienne de M. Assange.

La sénatrice Norma Torres a demandé qu'Assange n'ait plus la citoyenneté équatorienne. "C'est une question importante pour les États-Unis ", a-t-elle ajouté.

Octobre 2018

11 octobre 2018 - L'Equateur impose un "protocole spécial", des restrictions sévères qui laissent  pressentir le risque expulsion.

- Le soi-disant protocole, publié sans explication de son autorité légale, impose un régime sévère et restrictif sur les communications et les visites, ainsi que des ultimatums dénigrants et insensés.

- Tout au long du protocole, le gouvernement invoque systématiquement des clauses annonçant que le non-respect du protocole entraînera la fin de l'asile de M. Assange et son expulsion de l'ambassade.

- Le Protocole ne tient pas compte d'un principe fondamental de l'asile, à savoir que la protection ne cesse que lorsque le risque pour lequel l'asile a été accordé prend fin.

16 octobre 2018 - La commission des affaires étrangères de la Chambre des Représentants des Etats-Unis écrit au président Lenín Moreno :

"Nous sommes nombreux au Congrès des États-Unis à vouloir collaborer avec votre gouvernement sur un large éventail de questions[...] Cependant, pour progresser sur ces questions cruciales, nous devons d'abord résoudre un défi important créé par votre prédécesseur, Rafael Correa - le statut de Julian Assange[...] Nous sommes très préoccupés par la présence continue de Julian Assange à votre ambassade à Londres et son acquisition de la nationalité équatorienne l'année dernière. Plus récemment, nous avons été particulièrement troublés d'apprendre que votre gouvernement avait rétabli l'accès de M. Assange à Internet (...) Il est clair que M. Assange demeure un criminel dangereux et une menace pour la sécurité mondiale et qu'il devrait être traduit en justice. (....) Nous espérons développer des relations plus chaleureuses avec votre gouvernement, mais nous pensons qu'il sera très difficile pour les Etats-Unis de faire progresser nos relations bilatérales tant que M. Assange ne sera pas remis aux autorités compétentes".

25, 27 octobre 2018 - Assange dépose une demande une protection :

Le juge a refusé de statuer sur la constitutionnalité des actions de l'Équateur contre Assange, affirmant qu'il s'agissait d'une question relevant de la Cour constitutionnelle, et a refusé d'entendre des témoins ou d'accepter des preuves attestant l'interdiction de visite de l'ambassade.

Novembre 2018

16 novembre 2018 - Les charges secrètes retenues contre Assange sont révélées.

27 novembre 2018 - Le Guardian publie une déclaration fabriquée de toutes pièces selon laquelle Paul Manafort aurait visité Assange à l'ambassade en 2016.

- WikiLeaks & Manafort réfutent cette affirmation, et l'ancien consul de l'Equateur Fidel Narváez la qualifie de "totalement fausse".

- D'autres organes de presse ont tenté de corroborer l'histoire, et n'ont pas été en mesure de le faire.

- Le Gardien a refusé de répondre à toute question concernant son approvisionnement ou de présenter toute preuve.

Décembre 2018

3 décembre 2018 – Il est révélé que Le Guardian a caché le troisième auteur de la fabrication de l’histoire Manafort/Assange, Fernando Villavicencio.

Villavicencio, le conseiller lié à la CIA, que l'on croyait auparavant être la source du Guardian, figure en fait dans l'édition imprimée de l'article.

11 décembre 2018 - 6 membres du Congrès américain publient une lettre adressée au Secrétaire d’Etat Mike Pompeo concernant sa rencontre du 26 novembre avec le ministre des Affaires étrangères de l'Equateur, faisant spécifiquement référence à l'allégation de Manafort.

La lettre indique qu'il est "impératif" que le problème de la présence de M. Assange à l'ambassade "soit rapidement résolue" et exprime l'espoir que le Secrétaire d'État "restera en contact étroit avec le Ministre des affaires étrangères Valence" en ce qui concerne M. Assange.

21 décembre 2018 - L'expert de l'ONU sur la situation des défenseurs des droits de l'homme exhorte le Royaume-Uni à honorer la décision du Groupe de travail des Nations Unies sur la Détention Arbitraire de 2015 demandant la libération et l'indemnisation d'Assange.

"Les enquêtes suédoises sont closes depuis plus de 18 mois et le seul motif qui subsiste pour que M. Assange continue d'être privé de liberté est une violation de la liberté sous caution au Royaume-Uni, qui est, objectivement, une infraction mineure qui ne peut justifier a posteriori l'emprisonnement de plus de six ans qu'il a subi depuis sa demande d'asile à l'ambassade d'Équateur. M. Assange devrait pouvoir exercer son droit à la liberté de circulation sans entrave, conformément aux conventions relatives aux droits de l'homme que le Royaume-Uni a ratifiées ", ont ajouté les experts.

Janvier 2019

17-20 janvier 2019 - Les Etats-Unis interrogent des diplomates équatoriens, obtiennent des documents, sous prétexte d'une réunion fabriquée entre Manafort et Assange.

Les autorités américaines ont demandé des dossiers électroniques, le registre des visiteurs, les documents d'identité des personnes qui ont rendu visite à M. Assange, du matériel audiovisuel et des rapports concernant M. Assange et ses visiteurs qui sont en possession des autorités équatoriennes.

23 janvier 2019 - L'équipe juridique d'Assange dépose une requête demandant à la Cour Interaméricaine des Droits de l'Homme de contraindre les États-Unis à révéler les charges retenues contre lui et de contraindre l'Équateur à empêcher son extradition vers les Etats-Unis.

Février 2019

20 février 2019 - L'Équateur signe un accord de financement de 4,2 milliards de dollars avec le FMI.

28 février 2019 - Chelsea Manning révèle une assignation à témoigner devant le grand jury de WikiLeaks.

28 février 2019 - L'Equatorien José José Valencia, sur la radio équatorienne, parle de "résoudre" la situation d'Assange :

"Nous espérons que l'affaire Assange sera résolue dès que possible, nous avons eu M. Assange durant 7 ans à l'ambassade équatorienne, l'État équatorien a fait sa part pour respecter le droit international.

Mars 2019

8 mars 2019 - Chelsea Manning est emprisonnée pour avoir refusé de témoigner dans l'enquête du grand jury WikiLeaks.

13 mars 2019 - La Cour Interaméricaine des Droits de l'Homme exhorte l'Equateur de ne pas expulser Julian Assange, directement ou indirectement, vers les Etats-Unis.

14 mars 2019 - La police urbaine (The Metropolitan Police) admet avoir collaboré avec les procureurs américains depuis au moins 2013 dans l'enquête WikiLeaks.

Avril 2019

3 avril 2019 - L'Equateur transforme des documents embarrassants de l'INA (le président équatorien Lenin Moreno et sa famille ont eu recours à des sociétés offshore, principalement l'INA Investment Corp, pour effectuer des achats coûteux) pour évincer Assange.

- Les documents de l'INA, publiés en février 2019, révèlent la corruption du gouvernement et de la famille Moreno.

- Moreno prétend à tort que WikiLeaks est responsable de leur publication et affirme qu'Assange est un "hacker" pour l'ancien président Correa.

- Moreno utilise ce faux prétexte pour prétendre qu'Assange n'a pas "respecté les 'conditions' de son asile".

4 avril 2019 - Une source équatorienne confirme à WikiLeaks qu'Assange sera expulsé d'ici quelques " heures à quelques jours ", sous le prétexte  des INAPapers et qu’il y a déjà un accord avec le Royaume-Uni pour son arrestation.

5 avril 2019 - Nils Melzner, expert de l'ONU sur la torture, exhorte l'Equateur à ne pas expulser Assange de son ambassade.

5 avril 2019 - Un expert en protection de la vie privée de l'ONU annonce son intention de visiter Assange à l'ambassade le 25 avril 2019.

10 avril 2019 - WikiLeaks découvre une opération d'espionnage sur Assange.

Wikileaks révèle une série de photos, vidéos et enregistrements audio de Julian Assange, créant un effet "Truman Show1"destiné à encourager les initiatives pour rompre l’isolement. Le matériel comprend des enregistrements de communications légales, médicales et personnelles privilégiées, montrant une intrusion saisissante dans la vie privée d’Assange.

11 avril 2019 - Julian Assange arrêté

- L'Équateur met fin illégalement à l'asile politique d'Assange.

- L'ambassadeur de l'Équateur invite la police britannique à l'ambassade et Assange est immédiatement arrêté.

- Des avocats confirment qu'Assange a été arrêté non seulement pour violation des conditions de sa mise en liberté sous caution, mais aussi à la suite d'une demande d'extradition américaine

- L'acte d'accusation n'est pas dévoilé

"les Etats-Unis ont inculpé le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, d'un chef d'accusation de conspiration visant à pirater un ordinateur lié à son rôle dans la publication en 2010 d'une multitude de documents secrets américains, selon un acte d'accusation rendu public jeudi quelques heures après son arrestation à Londres par les autorités britanniques"

- Des groupes de défense des libertés civiles, de la liberté de la presse et des droits de l'homme s'élèvent contre l'extradition d'Assange vers les Etats-Unis : 

Massimo Moratti, directeur adjoint d'Amnesty International pour la recherche en Europe : " Amnesty International appelle le Royaume-Uni à refuser d'extrader ou d'envoyer de toute autre manière Julian Assange aux États-Unis où il existe un risque réel qu'il soit victime de violation des droits humains, y compris dans les conditions de détention qui violeraient l'interdiction absolue de la torture et autres mauvais traitements, ainsi qu’un procès équitable qui pourrai entraîner son exécution pour cause de ses travaux au sein de WikiLeaks ".

Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières : "Cibler Assange après près de neuf ans, en raison des informations fournies par Wikileaks aux journalistes dans l'intérêt public (telles que les fuites de câbles diplomatiques américains) serait une mesure purement punitive et créerait un dangereux précédent pour les journalistes, les informateurs et autres sources journalistiques que les États-Unis pourraient souhaiter poursuivre à l'avenir. Le Royaume-Uni doit s'en tenir à une position de principe à l'égard de toute demande connexe des États-Unis d'extrader Assange, et assurer sa protection en vertu de la législation britannique et européenne relative à ses contributions au journalisme".

Ben Wizner de l’Union Américaine des Libertés Civiles : "Poursuivre pénalement un éditeur pour la publication d'informations véridiques serait une première dans l'histoire américaine et serait inconstitutionnel."

Robert Mahoney, directeur adjoint du Comité pour la protection des journalistes : Les implications potentielles pour la liberté de la presse de cette allégation de complot entre l'éditeur et la source sont profondément troublantes".

13 avril 2019 - La faculté de journalisme de l'Université de La Plata en Argentine décerne à Julian Assange le prix Docteur Honoris Causa.

13 avril 2019 - Revista Proceso (revue hebdomadaire mexicaine) rapporte : Le Royaume-Uni, les États-Unis et l'Équateur se sont rencontrés en secret pour discuter de la fin de l'asile d'Assange.

« Des diplomates de haut niveau de Grande-Bretagne, d'Équateur et des États-Unis ont négocié un accord secret pendant 10 mois pour arrêter le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, lors d'une opération de police à l'ambassade d'Équateur à Londres ».

15 avril 2019 – Il est rendu public que le FBI a l’autorisation d’arrêter Assange.

Utilisant un langage dérivé de la Loi sur l'espionnage, qui a été utilisée par le ministère de la Justice pour sévir agressivement contre les dénonciateurs,[l'agent spécial du FBI Megan] Brown a soutenu que "Manning et Assange avaient des raisons de croire que la divulgation publique des rapports sur la guerre en Afghanistan et en Irak pourrait causer du tort aux États-Unis".

Usant d’un vocabulaire dérivé de la loi sur l'espionnage, utilisé par le ministère de la Justice pour réprimer énergiquement les lanceurs d'alerte, [l'agent spécial du FBI, Megan] Brown a affirmé : "Manning et Assange avaient des raisons de croire que la divulgation publique des rapports de guerre en Afghanistan et des rapports de guerre en Irak causerait un préjudice aux États-Unis".

15 avril 2019 - Le médecin qui a évalué Julian Assange a déclaré à l'ONU que son incarcération était la torture.

16 avril 2019 - Assange reçoit le prix GUE/NGL (Confederal Group of the European United Left/Nordic Green Left2) pour les journalistes, les dénonciateurs et les défenseurs du droit à l'information.

- The Courage Foundation a nominé Assange pour le prix en mars.

- Vidéo : La lauréate du prix Nobel de la paix, Mairead Maguire, accepte le prix GUE/NGL au nom de Julian Assange.

Mai 2019

3 mai 2019 - Le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire se dit préoccupé par la procédure Assange.

4 mai 2019 - Un homme accusé d'avoir tenté de vendre des informations sur Julian Assange est interrogé en Espagne.

13 mai 2019 - L'Equateur a l'intention de fournir tous les biens d'Assange de l'ambassade aux Etats-Unis :

"documents, téléphones portables, ordinateurs et fichiers, clés USB et tout autre dispositif, y compris les communications avec les avocats et les documents juridiques".

13 mai 2019 - La Suède rouvre l'enquête sur Julian Assange et demande l'extradition.

16 mai 2019 - Les Etats-Unis et l'Equateur signent un nouvel accord après l'expulsion d'Assange.

Maintenant que l'Equateur a expulsé Julian Assange de son ambassade à Londres, l'administration Trump ouvre un "nouveau chapitre de coopération" avec le gouvernement sud-américain.

18 mai 2019 - Julian Assange reçoit le Prix Serena Shim3 pour l'intégrité sans compromis dans l'exercice du journalisme.

20 mai 2019 - L'Equateur remet toute la défense juridique d'Assange aux Etats-Unis.

- Ni Julian Assange ni les fonctionnaires de l'ONU n'ont été autorisés à être présents.

- Le matériel comprend deux de ses manuscrits, ainsi que ses documents juridiques, ses dossiers médicaux et son équipement électronique. La saisie de ses biens viole les lois qui protègent le secret médical et juridique et la protection de la presse.

23 mai 2019 - Julian Assange inculpé de 17 chefs d'accusation en vertu de la loi sur l'espionnage.

Les organes de presse libres, les journaux et les organisations de défense des droits de l'homme publient des déclarations s'opposant à l'extradition d'Assange vers les États-Unis.

Comité de rédaction du New York Times : L'acte d'accusation de Julian Assange vise au cœur du premier amendement.

Le New Yorker : Accuser Julian Assange en vertu de la Loi sur l'espionnage est une attaque contre le premier amendement.

PEN International : Julian Assange ne devrait pas être extradé vers les États-Unis.

Fondation pour la Liberté de la Presse : "ces accusations sans précédent contre Julian Assange et WikiLeaks sont la menace la plus importante et la plus terrifiante pour le Premier Amendement au 21ème siècle".

24 mai 2019 - Un expert de l'ONU en matière de protection de la vie privée vivement préoccupé par le comportement de l'Équateur dans les affaires Assange et Moreno.

31 mai 2019 - Expert de l'ONU sur la torture : la "persécution collective" de Julian Assange doit cesser maintenant.

Dans une condamnation cinglante des "abus délibérés et concertés infligés depuis des années" à Julian Assange, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, Nils Melzner, a appelé le gouvernement britannique à ne pas l'extrader vers les Etats-Unis, où Melzner craint  qu'il soit exposé "risque réel de violations graves de ses droits humains".

Juin 2019

 3 juin 2019 - Un tribunal suédois bloque pour le moment l'extradition suédoise du Royaume-Uni et rejette la demande de détention de Julian Assange par le procureur suédois.

7 juin 2019 - La radio d'Etat néerlandaise révèle : Le Ministère de la Justice américain se prépare à déposer un acte d'accusation supplémentaire contre Julian Assange sur la base du témoignage d'un détenu condamné.

- L'informateur du FBI Sigurdur Thordarson a été emmené aux États-Unis la semaine dernière où il s'est prêté sans réserve à un "interrogatoire complet".

- WikiLeaks : "Bien que l'affaire s'effondrerait aux États-Unis en raison du fait que l'accusation s'appuie sur les témoignages de Thordarson et Monsegur, qui ne sont pas des témoins crédibles, les États-Unis peuvent cacher l'identité de leurs témoins pendant la procédure d'extradition britannique afin d'accroître leurs chances de gagner. Cela empêchera Assange de contester la crédibilité des témoins lors de la procédure d'extradition britannique, qui débutera le 14 juin."

14 juin 2019 - Audience d'extradition américaine et date limite pour la demande d'extradition américaine.

Traduction Céline Wagner

Source ici

1. Film américain de Peter Weir : Depuis sa naissance, le monde de Truman Burbank n'est qu'un gigantesque plateau de tournage et tous ceux qui l'entourent sont des acteurs. Lui seul ignore la réalité.
2. Groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique.
3. Serena Shim est une journaliste américaine, morte le 19 septembre 2014 en Turquie dans des circonstances troublantes […] Les États Unis n’ont activé aucun canal pour savoir ce qui s’est réellement passé, afin de ne pas gâcher les relations entre Washington et la Turquie.

Lettre ouverte au Président Trump

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En Australie

Le 5 juin à Sydney, la police australienne fait une descente dans les locaux de la chaîne ABC et saisi les mails et fichiers des journalistes, elle reproche à la chaîne un émission de 2017 révélant des allégations de crimes de guerre commis par les forces spéciales australiennes en Afghanistan. (Article traduit ici)

Le 4 juin à Canberra, la police australienne débarque au domicile d'Annika Smethurst, rédactrice en chef du service politique du Daily Telegraph, pour un article traitant de la question des nouveaux pouvoirs du gouvernement pour la surveillance des citoyens.

En France

Le 29 mai, Ariane Chemin, journaliste au Monde, est convoquée par la DGSI dans le cadre de l’affaire Benalla.

Le 25 avril, Geoffrey Livolsi, cofondateur de Disclose, et un des trois journaliste ayant révélé l'acheminement d'armes françaises au Yémen sont convoqués par la DGSI.

Le 21 avril, lors de l'acte 23 des Gilets jaunes, le journaliste indépendant Gaspard Glanz est arrêté et passe deux jours en garde avant d'être déféré devant le procureur...

Illustration 2
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