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Billet de blog 5 avril 2022

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Macron, Le Pen, déjà cinq ans d'amour..

.. et ils s'apprêtent devant les caméras à se passer la bague au doigt ! L'officialisation après le concubinage.

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À toutes celles et tous ceux, de gauche, qui n'apprécient pas mais alors vraiment pas Jean-Luc Mélenchon au point de lui préférer Marine Le Pen le 10 avril. 


À moins d'une semaine du premier tour, j'ai le sang qui bout au souvenir de tout ce que j'ai entendu sur le vote Mélenchon au premier tour. Pêle-mêle:

•    Psychologique: Mélenchon a un problème psychique ("psychique" c'est chic ! Plus inquiétant que "psychologique"). Et de nouveau, LA phrase "La République, c'est moi" tourne en boucle sur les réseaux sociaux. Plusieurs pathologies sont évoquées. Mégalomanie, mythomanie. Des traits psychotiques, avancent même les plus audacieux, des pathologistes chevronnés à n'en pas douter. 
•    Diplomatique: Mélenchon agent des russes. Payé en roubles par  Poutine ?

Le terme "agent" a été employé en vrai par Anne Hidalgo.

Non ?

Si.

La question de savoir ce que Mélenchon ferait en politique étrangère s'il accédait au pouvoir obsède voire épouvante bon nombre d'éditorialistes. La France non-alignée ? Sortie de l'OTAN ? Criminel ! Suicidaire ! Méconnaître à ce point le "désir" d'Europe qui  tenaille d'est en ouest et du nord au sud relève de l'irresponsabilité la plus dangereuse. Oublions le passé. Table rase. L'histoire commence en 2022. Les Ukrainiens ? Ah oui, les ukrainiens. Juste une toile de fond sanglante, agitée par les candidats pour se discréditer. Surtout en faire bon usage quitte à se ridiculiser comme Hidalgo, madame 2%.
•    Institutionnel: Mélenchon, vieux briscard, est l'incarnation du "système"  présidentiel , lui qui a crapoté au PS, qui a siégé au palais du Luxembourg. France "Insoumise", mon cul ! La sixième République, billevesées ! France roulée- dans-la-farine qui assistera impuissante aux alliances sur le terrain pour remporter les  législatives. Électeur, soulève-toi, ne sois pas dupe! Abstiens-toi ou chiche même, vote pour l'extrême-droite qui fera-exploser-le-système-une-bonne-fois-pour-toutes. Ah, ah! 
•    Démagogique : Mélenchon est populiste et flatte l'électeur dans le sens du poil. Il lui fait croire, à cet électeur, qu'il pourra travailler moins, être mieux soigné et partir cueillir des primevères à 60 ans, en compagnie de son chien. On connaît la chanson, une fois au pouvoir…

On peut continuer à énumérer tous les arguments évoqués pour dissuader les femmes et les hommes de bonne volonté de voter pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour. Trop clivant, trop imprévisible, trop pro-russe, trop opportuniste, trop roublard. Son programme "L'Avenir en commun" est peu lu mais beaucoup caricaturé. La seule chose que ses détracteurs lui concèdent, un vrai talent de tribun. À charge évidemment. Mussolini aussi était un tribun. 
 
 Je n'en peux plus. À quelques jours de voir se rejouer 2017, version éventée car depuis 5 ans la date de péremption est dépassée, je suis effarée par mon camp, "les gens de gauche", ceux qui parmi eux trouvent judicieux de voter Roussel, Jadot ou Hidalgo voire Arthaud ou Poutou, si désarmants, si purs, si authentiques. Comme Mélenchon n'a aucune chance de remporter l'élection face à Macron au second tour, c'est bien la preuve que l'on peut se faire plaisir au premier et d'ailleurs Mélenchon lui-même, ce cynique, ne conspuait-il pas le "vote utile" en 2017? De nombreuses citations en attestent. Et la citation en France, on aime. 

 On en arrive donc à l'aberration suivante, préférer un second tour Le Pen /Macron plutôt qu'un Mélenchon /Macron. Que de bonnes raisons à cela. Celles évoquées ci-dessus et d'autres encore. Mélenchon soupçonné d'ambiguïté par les antiracistes, ennemi de l'auto-organisation des luttes, à la traîne sur les questions sociétales etc. 

Ça suffit bordel ! 

Il n'est plus question de polémiques sans fin sur le vote utile ou  efficace mais d'agir tant qu'il en est encore temps. 

 Lire le programme de la FI, à quelques jours du scrutin, est toujours possible. Il tient la route, n'a rien d'un choix par défaut. La seule façon en juin de ne pas se retrouver avec une assemblée nationale LREM (ce qui signifie retraite à 65 ans, concessions faites aux agriculteurs pollueurs, au nucléaire, casse de la fonction publique, SNU généralisé, devoir de réserve pour tous et multiplication du nombre de flics sur le terrain du "bleu dans nos vies", formule popularisée par Emmanuel Macron ) est d'inverser le rapport de force, de casser la dynamique mortifère à l'œuvre, promue par une gauche toutes voiles moisies dehors qui, des écolos aux communistes en passant par les restes du PS, s'apprête à rejouer 2017 sans fausse honte. 

  Le soir du 10, si le pire advient, je refuse d'avance d'être gentille avec ceux, y compris les copains, qui m'auront expliqué que mon engagement pour Mélenchon relève de l'aveuglement.

Je ne suis pas une groupie. Le contraire même. Il ne s'agit pas d'aimer un candidat, juste d'empêcher à tout prix un second quinquennat Macron, en roue libre jusqu'en 2027, date à laquelle Edouard Philippe, que l'on imagine mal se contenter du Havre jusqu'à la fin des temps, entend bien reprendre le flambeau. 


 Voter Hidalgo Roussel Jadot Poutou Arthaud c'est objectivement voter pour un premier tour Le Pen / Macron, avec une bonne conscience en acier inoxydable, car, voyez-vous, Mesdames, Messieurs, c'est cela la démocratie, voter pour le candidat selon son cœur qu’elles qu’en soient les conséquences.

Après, camarade, ton cœur s’arrête de battre pendant cinq ans et personne ne te réanimera car entre-temps, l'hôpital public aura disparu. 

Merci d'avance, vraiment. 


Pas la peine de me téléphoner pour commenter avec moi les résultats dimanche prochain. 

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