Le bilan c'est 500 très jeunes femmes assassinées par leur patron qui tentait de s'enfuir. Voilà le brillant résultat des sous-traitance en chaîne, jusqu'à un coût du travail de 30€ par mois, moins cher qu'en Chine! Nos grandes marques de fringues; c'est là-bas qu'elle font leurs marges sur la vie, la santé de ces femmes. Il faut une catastrophe pour qu'on en parle.Monsieur BAYROU qui trouve le Code du travail français tellement lourd et tellement fastidieux comparé au code du travail suisse pourrait se pencher sur celui du bengladesh encore plus léger et pas trop pénible à déchiffer pour les chefs d'entreprise surbookés.
Il n'y a pas de paragraphe sur la santé et la sécurité au travail, pas une ligne sur les pauses obligatoires, rien sur les accidents du travail. C'est à ça qu'on mesure ce qu'est la construction patiente d'un Code du travail, un minimum protecteur pour les salariés. C'est ce Code du travail là que le MEDEF veut démolir, avec l'ANI il a franchi une étape. Le Bengladesh voilà un modèle pour un coût du travail compétitif, où le patronat est libéré des rigidités sociales et de toute judiciarisation ! Toutes les marques européennes de textile ont trouvé là un havre de "liberté entreprenariale" et elle ne s'en privent pas.
Espérons que cette catastrophe serve au moins à ce que là-bas un employeur soit contraint à un minimum de normes sociales et qu'on ne livre plus des jeunes filles de 10 ans à la mort pour un salaire de 30€ par mois.
Dans nos médias dénonciatrices des turpitudes on n'a pas cherché à savoir les sommes que Mango, Benneton et les autres faisient sur les vêtements fabriqués par les ouvrières de DACCA. Des étiquettes des marques qui font de la pub ont été retrouvées sur les lieux du crime.
Comment pourrions-nous d'ici transmettre nos condoléances aux familles et notre solidarité avec celles et ceux qui ont survécu?
Si nous ne faisons pas ce minimum là nous sommes indignes de nous réclamer des luttes sociales et d'une quelconque conscience de classe.