M. LE MAIRE DE PARIS. - La parole est à Alain LE GARREC.
M. Alain LE GARREC. - Merci, Monsieur le Maire.
Mes chers collègues, attribuer un nom à une rue de Paris est une responsabilité de notre Assemblée, je crois que c'est aussi un honneur. Cet honneur, mes chers collègues, nous l'avons souvent sollicité et nul doute que nous le solliciterons de nouveau. Il ne nous appartient pas de décider si, au cours des années qui vont venir, tel ou tel sera plus grand ou moins digne. L'histoire s'en chargera et l'histoire sait donner du temps au temps. Elle a souvent fait, d'ailleurs, d'étranges détours.
Qui peut dire ici que François Mitterrand n'a pas été élu deux fois Président de la République au suffrage universel, en 1981 et 1988 ?
Certains de nos collègues nous disent "oui" pour qu'une voie porte le nom de François Mitterrand... mais pas ici. Puis d'autres disent "oui" pour qu'une voie porte le nom de François Mitterrand... mais pas maintenant.
Nous souhaitons, nous, Monsieur le Maire, que ce soit ici et maintenant !...
(Applaudissements sur les bancs des groupes socialiste et radical de gauche, communiste, "Les Verts" et du Mouvement républicain et citoyen).
"Le Président Mitterrand a débordé sa propre vie, il a épousé son siècle, plus de 50 ans passés au cœur de l'arène politique, au cœur des choses en train de s'accomplir". C'est par ces mots que Jacques CHIRAC lui rend hommage le lendemain de sa mort, le 8 janvier 1996.
Cela fait plus de sept ans que François Mitterrand nous a quittés et certains sont encore en train de discuter de l'opportunité.
Je n'ai pas le souvenir que, quand il s'est agi d'abolir la peine de mort, il ait lui, recherché une opportunité.
Quand il s'est agi, et Christian SAUTTER le rappelle, de donner la liberté aux radios périphériques, lui, qui avait été mis en examen pour s'y être exprimé, il aurait trouvé alors une opportunité ?
Enfin, laissons les biographes et les historiens travailler. Quand il s'est agi de rendre au Louvre la plénitude de son volume et d'en débarrasser les voitures agglutinées comme sur un parking de supermarché - je reprends ses propres mots - il a utilisé, je vous l'accorde, l'opportunité d'être devenu Président de la République pour donner à Paris le symbole des cultures et des arts qu'elle n'avait plus.
Il y avait là l'opportunité de placer Paris au cœur du monde, il l'a saisie. Certains dans cette Assemblée ou ailleurs en discuteraient peut-être encore.
Nous proposons de dénommer une partie du quai du Louvre pour lui substituer le nom de François Mitterrand et rappeler ainsi que si le Louvre est aujourd'hui ce qu'il est, ce n'est pas parce qu'on y accède par le quai du Louvre, mais parce qu'un Président de la République qui s'appelait François Mitterrand a décidé que le Louvre deviendrait le musée qu'il devait être.
N'est-ce pas une raison suffisante pour que l'un indique le chemin de l'autre ? Pour moi, si !
Mais nous ne voulons pas, cela a été rappelé, troubler le sommeil des seuls habitants du quai du Louvre : une portion gardera ce nom. Il restera encore dans le 1er arrondissement, car à lire certaines pétitions, cela devenait le chaos, la rue du Louvre, amputée en 1972 par l'Amiral de Coligny, grand oublié de l'histoire parisienne, la place du Louvre, la porte du Louvre et le port du Louvre. La nostalgie restera donc ce qu'elle est.
Enfin, je voudrais rappeler, et cela ne l'a pas été ici, que le 1er mai 1995, un des derniers gestes du Président François Mitterrand en notre nom, sur les berges en contrebas du futur quai François Mitterrand, fut de jeter un bouquet de muguet dans la Seine, en souvenir de Brahim Bouarram, disparu plus tôt dans la journée à cet endroit. Il y a aujourd'hui une plaque, dorénavant la géographie du lieu liera ces deux hommes et leur souvenir.
Monsieur le Maire, en écrivant ce petit texte hier soir, je me demandais si François Mitterrand n'aurait pas souhaité que nous nous divisions un peu sur cet hommage..., ou peut-être pas. Nous ne le saurons jamais.
Je terminerai par une citation de François Mitterrand : "Un socialiste, un écologiste, c'est d'abord quelqu'un qui aime et qui combat pour ce qu'il aime".
Merci.
(Applaudissements sur les bancs du groupe socialiste et radical de gauche).
M. LE MAIRE DE PARIS. - Merci de cette très belle intervention, ce qui veut dire qu'on peut être ou avoir été rocardien et être collectif.
D'ailleurs sous forme de taquinerie, je dirai que c'est difficile de se réclamer de l'héritage de ROCARD et de jeter le deuxième septennat de François Mitterrand car c'est quand même pendant le deuxième septennat que M. ROCARD a été Premier Ministre assez longtemps ! Il faudra mettre un peu de cohérence, certains, dans les arguments !
Pour répondre au nom de l'Exécutif...
Qu'est-ce qui vous arrive ? Monsieur LEGARET, honnêtement, je crois qu'on en a entendu assez !
Bertrand me taquine...mais c'est dans le compte rendu du bulletin officiél...pas trés sympa...mais être conseiller de Paris PS c'est aussi cela