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Billet de blog 12 décembre 2025

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Le Sang du Monde

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Le Sang du Monde

Je vais te dire, ma douce,
Je vais te dire le sang du monde,
Je vais te dire chaque secousse,
Chaque frisson troublant les ondes,
Les plaies de l'acte et, par-dessus,
L'acharnement des ongles nus.

Voici les griffes du silence
Dans les regards qui se détournent,
Le choix de la non assistance,
Le pas qui vire et te contourne,
La main qui ne se tendra pas,
Complice de celui qui bat.

Voici le poids des mots d’après, 
Le renversement qui te blâme : 
Lui ne l’a jamais fait exprès, 
Toi, tu mérites chaque drame,
Tu l’as forcément bien cherché, 
À toi la honte et le bûcher.

On t'exploite, on t'agresse,
On t’escroque, on te vole,
On t’insulte, on te blesse,
On te frappe, on te viole,
Car sous la loi des pères
C’est bien toi qu’on opprime,
C’est toi qu’on désespère,
C’est bien toi la victime…

Mais qu’importe, ma douce,
Si tu nourris le sang du monde,
Si par ta mort tu éclabousses
Et brises un peu de leur faconde
Car malgré les serments d’amour
C’était et ce sera toujours

De ta faute…
DE TA FAUTE !

Parce que tu es
Ce que tu es :

De ta pâleur
De ta couleur
De ta valeur
Qui leur fait peur
De ton pays
De ton QI
De tes oublis
De tes défis
Même au sein de la religion
L’impureté, la contagion
Et le péché originel
Le plomb qui vient cribler tes ailes
Honte à ton sexe
À tes réflexes
À tes complexes
Mis à l’index
Ton genre acquis
Ou bien choisi
L’orientation
De tes passions
Statut social
Et hormonal,
Ton handicap
Et puis ta sape
Ton maquillage
Tes yeux, ton âge
Ta différence
Ton existence…
Tout ce qui forge les excuses
Permettant de te dominer
C’est toujours toi que l’on accuse
C’est toi qu’il faut discipliner.

Le sang du monde, ma douce,
Est en chacun de tes atomes
Il en ruisselle et puis rebrousse
Pour dissimuler tes symptômes.
Mais cela ne leur suffit pas.
Tu devrais te couper la langue,
La jeter avec tes appâts
Aux pieds de ceux qui te haranguent.
Te taire et rester à la porte,
Tandis qu'ils dansent en foulant
Ce petit bout de ta chair morte,
Ce résidu de tes élans.

Mais le reste de toi, vivace,
Le sang du monde, en gestation,
Ronflant au tréfonds des crevasses,
Va brûler tes hésitations.
Ô Mère aux veines de volcan
Ébroue l’inertie de ton corps,
Que le vaste bouillonnement
Jaillisse enfin, jaillisse fort.
---


Pour écouter  (Paroles de Ceryan, prompt de Ceryan et Ian, musique générée et chantée par Suno. C'est gratuit et ça le restera.)
https://suno.com/s/OxSrt7c7OdtbhVE4

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