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Billet de blog 29 mai 2014

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Vladimir Vasilev : "La France m'a permis de devenir photographe, mais elle ne m'a pas fait de cadeau"

 "Vladimir, tu peux m'aider à déplacer la table au fond de la salle ?""Eh Vlad ! Il faut qu'on refasse le tirage de la photo, là ça va pas !" "Vlad, t'as cinq minutes pour boire un café et fumer une clope ?" 

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

"Vladimir, tu peux m'aider à déplacer la table au fond de la salle ?""Eh Vlad ! Il faut qu'on refasse le tirage de la photo, là ça va pas !" "Vlad, t'as cinq minutes pour boire un café et fumer une clope ?" 

Vladimir Vasilev est un véritable couteau suisse au festival ImageSingulières. "Je tire les photos, je les retouche, je les encadre et je les pose aussi avec Gilles Favier, explique l'homme au fort accent bulgare. Je pense qu'un bon tireur est aussi photographe car il faut ce qu'on appelle l'oeil photographique. On arrive à visualiser les contrastes, à mieux anticiper le rendu que ça va donner et c'est important. J'essaye de conseiller aussi. Par exemple, avec l'ère numérique, on reçoit souvent des fichiers qui sont travaillés mais qui n'ont jamais été tirés. Donc je me permets de les corriger un peu." 

L'homme, bientôt proche de la quarantaine, a la discrétion et le silence naturel des personnes d'Europe de l'Est. "Quand je couvre des sujets, je me concentre sur les rencontres", balance-il entre deux gorgées de café. "La photo je n'y pense même pas. C'est très bizarre. Moi, j'aime les gens et c'est pour ça que je les photographie. Je prends contact avec eux, puis je vis avec eux, et ensuite je repars avec de grands amis. Et avant de les quitter, je leur apporte les photos que j'ai pris d'eux."  

"J'ai dû m'accrocher"

Dans les différents lieux d'ImageSingulières, le Bulgare au grand cœur est connu comme le loup blanc. Pas la peine de dire son nom. Un simple "Vlad", et tout le monde voit de qui il s'agit. Et à chaque fois, le même refrain : "Ah Vlad, vous allez voir, c'est un mec génial, hyper intéressant mais vraiment cinglé". Pourtant, le concerné n'adhère pas à cette étiquette. "J'ai les pieds sur terre, confie Vladimir Vasilev. J'ai un vécu difficile. La France m'a permis de devenir photographe, la Bulgarie non. Mais la France ne m'a pas fait de cadeau non plus. J'ai dû m'accrocher."

Débarqué en France en 2001, le natif de Stara Zagora en a bavé. Après avoir tout plaqué en Bulgarie, il a décidé de partir en France. "Quand je suis arrivé, ça a été un long moment de survie car je n'avais pas de papier pendant sept ans", lâche-t-il le regard fuyant. Il ne parle pas fort, mais accélère le débit. "Je faisais des boulots alimentaires, je travaillais dans la restauration. Dans ces moments durs pour moi, je pensais plus à survivre, qu'à prendre des photos. De toute façon, je n'exposais pas, je ne pouvais même pas me montrer car j'étais illégal".

 "Je n'aime pas les gens ordinaires"

Cette période sombre fait sa force. Son appareil : un prisme de réalité, sans filtre ni artifice. "Je n'aime pas les gens ordinaires, avoue Vladimir Vasilev. Ceux qui me passionnent sont des personnes un peu en marge de la société, pile à la limite entre la vie et la survie. Je me retrouve dans ces gens là. C'est comme un miroir, c'est très bizarre. Je ne fais pas de photo cérébrale, je photographie plutôt avec mon cœur". 

Marion GACHIES & Astrid RAUDOT DE CHATENAY

* Cette année, il expose à ImageSingulières une série sur une communauté de pêcheurs.  

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