La pénibilité du travail des femmes inspire. La photographe Valérie Couteron lui consacre une exposition "Corps oubliés" au boulodrome de Sète. A sa manière, la journaliste Florence Aubenas s’était aussi immergée en 2009 dans cet univers. Flash back.
Son récit vaut bien des images. Lorsqu’elle publie "Le Quai de Ouistreham" il y a 4 ans, Florence Aubenas détonne. Sous une fausse identité, la journaliste a travaillé six mois comme femme de ménage, à bord d’un ferry normand, dans des bureaux, dans les bungalow d’un camping.
Une immersion dans le quotidien de ces femmes pour "raconter et incarner la crise économique". "Une expérience de cette ampleur, dans une vie de journaliste, on n'en a pas sans cesse", dit aujourd’hui celle qui a couvert pour le Nouvel Observateur les plus grands conflits mondiaux.
Sous sa plume, la précarité, l’humiliation, le sexisme s’écrivent en majuscules. Un coup de poing et un carton. Son livre, réimprimé quatre fois, se vend à 300 000 exemplaires. Difficile de répondre aux milliers de lettres reçues après parution. Aux "Merci" de femmes de ménage, de lectrices abasourdies par le choc du récit.
Aujourd’hui reporter au Monde, d’un terrain à l’autre, à Hénin-Beaumont, en Tunisie, Florence Aubenas livre des bribes de vie et de désespoir. Son travail la replonge parfois parmi les femmes. Comme pour cette chronique en mars dernier sur les ouvrières de "Jeannette", en grève contre la fermeture de leur usine de biscuits. Florence Aubenas n’a pas vu l’exposition de Valérie Couteron à Sète sur les femmes au travail. "C’est un sujet délicat à aborder. On est tous complices et victimes."
François ROUSSEAUX