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Billet de blog 21 octobre 2008

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César, compressé par Jean Nouvel.

 Dix ans après la disparition de César, la fondation Cartier pour l’art contemporain lui consacre, jusqu’au 26 octobre, une anthologie composée d’œuvres sélectionnées et mises en scène par son ami Jean Nouvel. 

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Dix ans après la disparition de César, la fondation Cartier pour l’art contemporain lui consacre, jusqu’au 26 octobre, une anthologie composée d’œuvres sélectionnées et mises en scène par son ami Jean Nouvel.

C’est peut-être là le problème : son ami Jean Nouvel. Son nom est omniprésent sur tout ce qui a trait a l’exposition - chercher le coupable de l’étrange sélection des œuvres présentées est donc d’autant plus facile. La sélection est en effet évidente, et réductrice. Evidente, car elle présente les œuvres de César les plus connues du grand public, sans rien montrer du travail de genèse qui les a précédées ou des œuvres qui sont restées dans l’ombre. Et réductrice, car l’exposition donne à penser que César n’a effectué que trois actes artistique des X années de sa vie d’artiste : mouler son pouce, compresser une voiture, couler des bouses blanches. Les autres œuvres annoncées, les Fers, qui ont habité longtemps l’œuvre de César et qui expliquent l’étonnante statue parisienne de la place Michel Debré sont consignés mal agencés dans une boite en bois et manquent sérieusement de visibilité.

Promenons-nous dans les salles, et commençons par les étonnantes expansions. Derrière ces coulées mystérieuses se trouvent d’abord une recherche technique sur le matériau et une innovation mise au point par César, un malaxeur. Il en sort cette matière qui fascine tant César et qu’il coule ensuite en ses formes si naturelles et si sexuelles. Rien dans les expansions présentées ne trahit tout le travail de César, qui pourtant intervient à toutes les étapes de cette création, du choix du temps de solidification au ponçage, en passant par le taillage. Les plus étonnantes, à mes yeux, sont les expansions imparfaites en fonte de fer qui n’ont pas le côté évident et autonome des expansions en polyester blanc.

La présentation empreintes humaines donne aussi cette frustration de ne pas présenter une évolution du travail de l’artiste. On y trouve beaucoup de pouces, de toutes tailles, formes, couleurs. C’est en effet par là que César a commencé ses empreintes : le pouce l’amusait depuis qu’à l’école il apprit que l’empereur César levait ou baissait le pouce pour indiquer le sort réservé au gladiateur vaincu. On y trouve aussi un sein. Un sublime sein, immense, posé sur le sol, en bronze doré. Fascinant, car c’est un sein qui est moulé dans un moment de mollesse, et qui se dresse comme une montagne dure comme du métal. L’agrandissement pantographique, le procédé utilisé par César pour agrandir à souhait ces empruntes, nous permet d’observer de près le gain de peau ainsi exhibé.

Descendez d’un étage, comme si vous alliez au parking, et levez les yeux au mur pour y voir les voitures compressées. Dans une des deux salles des Compressions, on trouve une toute petite vidéo encastrée dans le mur, qui montre César s’enthousiasmant dans une décharge. C’est tout ce que Jean Nouvel nous met sous la dent pour approfondir la série de compressions uniformes mais multicolores disposées horizontalement dans la salle.

Une dernière compression, revisitée par Jean Nouvel, se cache dans le jardin : c’est Un mois de lecture des Bâlois qui se dresse comme un grand mur de balles de papier parisien.

Mon conseil est donc le suivant : si un jour où vous avez du temps vous passez devant la Fondation, que personne n’y fait la queue et que vous bénéficiez d’un tarif réduit, passez voir les quelques œuvres étonnantes dispersées dans l’exposition. Si vous ne vous trouverez pas dans cette situation d’ici le 26 octobre, contentez-vous sans remords de la présentation complète de l’exposition disponible sur le site.

Quant à la Fondation Cartier, on peut lui conseiller de garder Jean Nouvel hors des murs : chaque visite nous rappelle combien il a réussi le bâtiment extérieur de la Fondation. Mais cette anthologie de César nous apprend qu’il ne déploie pas le même talent à la remplir.

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