Nous avons sous les yeux deux exemples de mode de scrutin servant à élire une seule personne : le scrutin uninominal à deux tours qui sera utilisé dans quelques mois pour la présidentielle et le jugement majoritaire utilisé sur laprimaire.org pour choisir une candidature citoyenne à l'élection présidentielle (offre valable jusqu'au 30 décembre).
Je ne saurais trop vous engager à savourer les 19 minutes de vidéo de Science étonnante et le billet que David Louapre consacre à la question.
Il décortique notamment le scrutin uninominal à deux tours et nous amène de proche en proche vers le jugement majoritaire utilisé par laprimaire.org.
Je voudrais proposer ici une lecture complémentaire de cette discussion.
Au fond, le mode de scrutin ne choisit-il pas les comédiens du théâtre de notre vie politique ? Et ne voudrions-nous pas qu'il choisît autrement ?
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Dans un scrutin uninominal, le fait de pouvoir mettre un seul nom dans l'urne divise les suffrages se portant vers des idées représentées par plusieurs candidatures similaires (comme le dit joliment David Louapre, les petits candidats retiennent les gros candidats "par le short").
Considérons une personne ayant des idées légèrement différentes de celles d'un gros candidat ou apportant tout simplement un renouvellement. Cette personne va-t-elle se présenter ?
- Oui si elle veut avant tout faire carrière et se positionner pour l'élection suivante, quitte à faire échouer la candidature la plus proche.
- Non si elle renonce à mettre en danger les idées principales en proposant sa propre nouveauté.
- Si cette personne choisit de se présenter, le gros candidat le plus proche, quant à lui, hésitera rarement à invoquer le "vote utile" pour écraser cette nouvelle candidature, pourtant partenaire naturelle.
Par ailleurs, la même division des suffrages pousse chaque personne candidate à faire apparaître ses adversaires comme proches les uns des autres, et quoi de mieux pour cela que de s'en démarquer le plus possible, de surenchérir dans son comportement, ses analyses ou ses promesses ?
Dans le triste théâtre de notre vie politique actuelle, le scrutin uninominal conduit donc ses comédiens : à renoncer à leur rôle ou à faire choir leurs proches ; à écraser leurs partenaires en appelant au vote utile ; à donner dans la surenchère vis-à-vis de leurs adversaires.
Voulons-nous un tel mode de scrutin pour directeur de théâtre ?
Ne voudrions-nous pas plutôt d'un mode de scrutin qui permette de juger l'adéquation d'une personne à la fonction visée indépendamment des autres personnes candidates ? Et qui favorise un renouvellement doux (et donc plus fréquent) des idées et des personnes, en permettant aux nouvelles candidatures de progresser sans nuire immédiatement aux candidatures établies ?
C'est a priori le cas du jugement majoritaire utilisé par laprimaire.org.
Théoriquement, donc, le jugement majoritaire favorisera des comportements plus constructifs pour la collectivité. Mais il faudra étudier des cas réels pour s'en assurer. Toutefois, pour avoir assisté à toutes les réunions publiques parisiennes organisées par laprimaire.org, je peux attester que la plupart des personnes candidates se comportent de façon coopérative et s'entraident plutôt que de pratiquer dénigrement ou surenchère.
Si l'on modifiait dès demain le mode de scrutin, quelle en serait la conséquence principale : le comportement des personnes habituellement candidates serait-il modifié ou bien des personnes ayant un caractère et un comportement différents se porteraient-elles candidates ?
Pour en avoir un premier aperçu, pourquoi ne pas expérimenter en personne le jugement majoritaire ? C'est possible pendant quelques jours, jusqu'au 30 décembre : https://laprimaire.org