Je retiens que les media français ont été les derniers à relater les évènements commencés le 17 Décembre en Tunisie. Sûrement pensaient-ils que le bienveillant Ben Ali saurait faire régner l'Etat de droit comme en 2008 à Redeyef.
Je retiens que les media français ont dénigré la demande d'émancipation du peuple tunisien, et ce jusqu'à la chute de Ben Ali. En parlant d'émeutes concernant ce soulèvement, ils ont fait un rapprochement avec les émeutes des banlieues. Cela nous renvoie à la violence vendu par ces mêmes media qui n'ont d'image des maghrébins que celle de la minorité violente des banlieues. Ces même media ont même parlé de crise sociale comme étant le revers de la réussite économique exemplaire de la Tunisie. Mais, au grand jamais, ils n'ont parlé d'un besoin d'émancipation au niveau des libertés ou de démocratisation de la Tunisie, en effet la Tunisie est déjà démocratique (rires), avec 99,45% en 1999 pour l'élection de Ben Ali ! Ceci met en exergue la vision qu'ont les media français du monde arabe. Viennent les questions philosophiques: la démocratie est-il un système universel ? N'existe t-il pas des peuples qui ne peuvent pas vivre sous une démocratie ? N'existe t-il des peuples qui ont besoin d'une dictature pour être bien gouvernés ? Ces questions renvoient aux peuples arabes qui auraient besoin d'être gouvernés par des dictateurs. Et jusqu'ici, tout le monde se satisfaisait de cette vision du monde arabe pour soutenir les dictateurs de ces pays pour le bien du peuple arabe et pour son droit naturel à être dompté de manière répressive.
Aujourd'hui c'est tout l'enjeu des évènements en Tunisie. Cette propagande du déterminisme arabe à vivre sous le joug de la dictature dessert beaucoup trop d'intérets pour être remis en cause par un quelconque peuple arabe. Israël justifie sa colonisation, son impérialisme en se réclamant seule démocratie au milieu des dictatures. Les Etats-Unis justifient leur guerres impérialistes en pronant la démocratisation des pays arabes (seulement ceux qui ne desservent pas leurs intérêts). Mais jamais ils n'accepteront une démocratisation d'en bas dans des pays comme l'Egypte, l'Iran ou le Yémen. Ils préfèrent des élections libres comme celles en Irak, en Afghanistan ou en Côte d'Ivoire.
Pour aller dans ce sens, je retiens que les media français ont soutenu et salué le discours de Ben Ali la veille de sa chute et ont confondu la joie des benalistes et ont vite étouffé la façon dont il se sont trompés voir ici le titre de l'article qui change quand on clique dessus. Je retiens l'autisme volontaire des media qui n'arrêtent pas de présenter Ben Ali comme le rempart à l'islamisme. Ben Ali aurait combattu contre vents et marées l'islamisme en Tunisie pour finalement s'enfuir... en Arabie Saoudite, terreau du wahabbisme. Cela ne soulève aucune question de ces mêmes media.
Je retiens surtout que les media français parlent de Révolution du Jasmin (et ils ne sont pas les seuls), alors même qu'il n'y a eu aucun changement radical dans l'annonce du nouveau gouvernement de Ghannouchi hier. Passons le terme de Jasmin, ils auraient pu l'appeler Révolution de la Harissa cela n'a pas d'importance. Mais appeler ce qui se passe aujourd'hui en Tunisie une révolution c'est faire croire au peuple tunisien qu'ils ont fait le plus dur alors que le plus dur reste à faire. La guerre psychologique a commencé.
On prend les mêmes et on recommence, circulez il n'y a rien à voir ! Je prédis que les media français vont tout faire pour aller dans le sens d'une conservation du système en relayant la propagande du RCD protecteur, en relayant le sentiment d'insécurité pour que le peuple ne manifeste pas et pour ensuite aller cueillir des gens qui vont louer l'armée, la protection du RCD dans le but d'instiller continuellement l'image de l'arabe qui a besoin de ça.