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Billet de blog 20 janvier 2011

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Ce que la baisse de la note de la Tunisie nous révèle

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Cette nouvelle n'est pas passée inaperçue. Alors que le combat entre le peuple tunisien et un système dictatorial bat son plein il semblerait que les Dieux de la Finance se soient positionnés du côté de la dictature. Comment s'en étonner lorsque l'on voit ce qui s'est passé avec la crise grecque et le diktat des marchés concernant les dettes publiques. Durant celle-ci, nous avons compris que les banques sauvées ne seront pas tendre avec leurs sauveurs les Etats souverains. Mais là n'est pas mon but. Mon but est d'éclairer l'idéologie qui régit les marchés financiers, et plus particulièrement ceux d'entre eux qui donnent le la: le FMI, la Banque Mondiale et dans ce présent billet, les agences de notation.

Pour y parvenir, je vais m'appuyer sur l'actualité (mais bien d'autres exemples peuvent être trouvés). Revenons donc sur cette nouvelle. Baisser la note de la Tunisie parce qu'elle combat la dictature peut paraitre choquant pour qui regarde cela de loin. Cela risque de mettre en exergue la rapacité des marchés financiers et leurs modèles économétriques basés sur la maximisation de notre fonction d'utilité. Vous imaginez ? Si le peuple se rend compte que toute la théorie des marchés financiers repose sur une vision purement matérialiste du bonheur atteint, ou du moins de la satisfaction atteinte, négligeant tous les autres aspects caractérisant l'Homme comme la santé, le bien être, la liberté d'expression, et j'en passe. Si nous devions être uniquement dirigés par ces lois, toute la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme serait obsolète. J'exagère à peine.

Je vois déjà poindre les arrogants défenseurs de cette même théorie venir me traiter de Bisounours, la vanne à la mode. Voilà quels seront grosso modo leurs arguments: "Croire que vouloir faire la révolution n'entraine pas une déstabilisation du pays, c'est naïf. Cette déstabilisation a une conséquence directe sur l'économie du pays. Votre révolution doit être brève, efficace, en d'autres termes rentable. Mais nous ne sommes pas pour la dictature, nous sommes pour la liberté, nous sommes libéraux. Et, à long terme, lorsque tout reviendra dans l'ordre, nous vous soutiendrons. Ect.". Je ne vais pas citer tous les arguments qu'ils vont inventer, mais sachez que si vous soulignez la contradiction entre être libéral et sanctionner un peuple qui réclame la liberté comme l'a si bien fait Pascal Riché, tout leur argumentaire -et j'insiste là dessus- reposera sur un argument: la baisse de la note de Moody's sanctionne une instabilité à court terme et donc, n'est en rien contre l'émergence de la démocratie en Tunisie à long terme.

C'est là qu'il ne faudra par se faire enfumer par tous ces discours pseudo-rationnels sur les raisons pour lesquels l'économie va pâtir à court terme de toute cette instabilité. Pour cela, il faut comprendre leur langage, et plus particulièrement celui des agences de notation. Dans le cas de la Tunisie, la note passe de Baa2 à Baa3. Nul besoin d'avoir fait Centrale Paris option Maths Appliquées ou El Karoui pour comprendre ce que cette baisse signifie. Il suffit d'aller voir la simple page wikipédia sur la notation financière. Que nous apprend cette page ? Que le passage de Baa2 à Baa3 n'est en aucun cas une sanction à court terme, mais bien une sanction à long terme. (Voir la page Moody's où on apprend que pour le court terme il existe une note P-1, P-2, complémentaire de la note logn terme).

Cela signifie qu'à long terme, sortir d'une dictature tombe sous la sanction des lois des marchés financiers. Ni plus, ni moins. Cela devrait ouvrir les yeux à plus d'un citoyen quel que soit son pays. Posons nous les bonnes questions. Pourquoi nous impose t-on de revenir aux 3% de Maastricht après la pire crise depuis 1929, au moment où les dettes s'envolent? Pourquoi cette énergie pour y arriver n'a t-elle pas été menée avant? Pourquoi saigne t-on autant l'Education Nationale, la Santé, les retraites, la Police, et j'en passe, au nom du sacro saint 3%?

Pour conclure je rappellerai que l'idéologie néolibérale de Friedman s'énonce dans le tryptique: "Dérèglementation - Privatisation - Coupe budgétaire".

A vous de juger.

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