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Résumé de la conférence
André Gorz, de son nom d’origine Gerhardt Horst, est né à Vienne ( en Autriche), dans une famille bourgeoise d’un père juif autrichien et d’une mère catholique allemande. Envoyé à une institution suisse, près de Zurich, au moment de l’Anschluss, le jeune Gerhardt âgé de 16 ans se construit en s’opposant à sa mère autoritaire et possessive qui veut lui imposer ce qu’il doit être. Cette opposition le conduit au rejet de la culture et de la langue allemande. Il arrête de penser en allemand et ne s’exprimera plus qu’en français.
Très tôt il se passionne pour l’œuvre de Sartre qu’il rencontrera à Genève en 1946. Sartre comme Simone de Beauvoir sont impressionnés par l’intelligence de ce jeune homme et par son immense connaissance de l’oeuvre de Sartre.
Le premier ouvrage d’André Gorz Fondements pour une morale (publié tardivement, en 1977) est un essai de philosophie phénoménologique ontologique qui prolonge la réflexion de Sartre (L’Être et le Néant). Mais le livre qui le fera connaître s’intitule Le traître, une auto-analyse existentielle dotée d’une préface de 40 pages de Jean Paul Sartre.
Il étudie l’oeuvre de Marx et devient un marxiste critique très influencé par certains théoriciens marxistes italiens. Il reproche cependant à Marx une anthropologie trop centrée sur l’homme producteur. Influencé par Hannah Arendt, il le sera également beaucoup par Ivan Illich qu’il rencontre au Mexique alors qu’il est journaliste au Nouvel Observateur où il signe sous le pseudo de Michel Bosquet. Il s’intéressera également à l’œuvre d’Herbert Marcuse.
André Gorz réalise une synthèse entre Sartre, Marx et Illich.
Ingénieur chimiste de formation, Gorz est un autodidacte en philosophie, en économie et en sociologie. Il se considère comme un théoricien. Son rôle est de donner des clés de lecture pour guider afin qu’ensuite s’amplifient les mouvements. Ce n’est pas un homme d’action ni d’implication, à l’inverse de Sartre. Homme d’une grande modestie, à la voix douce, il est ferme et contestataire.
Il a été avec René Dumont et Edgar Morin le fondateur de l’écologie politique en France au début des années 70. Il rédige Ecologie et politique qui donne un élan spectaculaire au mouvement de l’écologie politique en Europe. Il critique notamment la politique française du « tout nucléaire » qu’il qualifie d’«électro-fascisme ».
Dans les années 80, il centre son œuvre sur le travail et publie Adieu au prolétariat ?(1980) dans lequel il démystifie certains dogmes du marxisme contemporain et notamment la thèse que le seul sujet des transformations révolutionnaires serait le prolétariat. En 1987, il publie Les chemins du paradis» et défend l’idée d’un revenu d’existence déconnecté du volume du travail.
Proche de la CFDT, il connaît des divergences avec ce syndicat, à cause de ses idées sur le travail et sur le prolétariat. Il a été également proche des positions du PSU et du socialisme autogestionnaire mais avec des réserves concernant notamment l’autogestion à la Yougoslave.
Gorz, critique du Keynésianisme, se situe entre la social-démocratie et la gauche radicale dont il ne partage pas la croyance à la révolution au «grand soir ». Il n’est pas contre les élections, tout en critiquant l’approche exclusivement électoraliste de la gauche.
A la fin des années 70, il se retire à la campagne, d’abord à Nogent-sur-Marne, puis à Vosnon près de Troyes où il se consacre à sa femme, Dorine, atteinte d’une grave maladie dégénérative. Il poursuit son œuvre et prévoit bien avant qu’elle n’advienne la crise de 2008 qu’il perçoit non pas comme une crise financière mais comme la grande crise du capitalisme.
En septembre 2007, à l’âge de 84, ans il met fin à ses jours avec la compagne de sa vie. L’année précédente il avait publié Lettre à D. Histoire d’un amour.
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