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Billet de blog 7 mai 2025

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Ni épouse, ni faire-valoir : députée Chikirou

Alors que les projecteurs médiatiques se braquent à répétition sur Sophia Chikirou, c’est rarement pour parler de son mandat. Réduite à son lien avec Jean-Luc Mélenchon, elle incarne une forme de traitement médiatique où le sexisme et la stratégie politique prennent le pas sur l’analyse des faits. Une lecture partielle et partiale, qui mérite d’être interrogée.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il y a quelque chose d’usant – et de révélateur – dans la manière dont Sophia Chikirou est traitée par une grande partie des médias. Car à chaque occasion où son nom surgit, ce n’est pas en tant que députée de Paris, élue et réélue dès le premier tour, qu’elle est présentée. C’est comme « la proche de Mélenchon », voire « la femme du chef », formule qui en dit long sur la paresse et les sous-entendus sexistes d’une certaine presse.

Or, que l’on soit d’accord ou non avec ses prises de position, Sophia Chikirou est une élue de la République. Et ce statut-là, elle ne le doit ni à un homme ni à un clan, mais au suffrage universel. Pourtant, on parle peu – voire jamais – de ses interventions à l’Assemblée nationale, de son travail parlementaire ou de ses positions politiques. 

À la place, on la résume à une affaire judiciaire ou à une polémique. On scrute sa proximité avec Jean-Luc Mélenchon comme s’il s’agissait d’un crime, comme si, pour atteindre le leader de La France insoumise, il suffisait de viser sa supposée "favorite".

Oui, Sophia Chikirou a commis des erreurs. Elle-même ne s’en cache pas. Mais faut-il rappeler que se tromper n’est pas un crime, surtout quand on est capable de se remettre en question, d’assumer, et de continuer à travailler malgré l’hostilité ambiante ? C’est précisément cela que les médias oublient trop souvent : sa capacité à affronter les tempêtes, à apprendre, à avancer.

Ce traitement n’est pas anodin. Il trahit une double volonté : délégitimer une femme politique en la réduisant à une figure secondaire, et délégitimer un mouvement en attaquant son entourage. C’est une vieille méthode, mais elle fonctionne encore trop bien : personnaliser pour décrédibiliser, salir pour discréditer.

Pourtant, si l’on s’intéressait réellement à Sophia Chikirou en tant que députée, on verrait une élue active, investie, qui prend position, qui interroge le pouvoir. Ce silence médiatique sur son activité parlementaire est aussi révélateur que le bruit fait autour de ses controverses. Il faut croire que la complexité dérange plus que la caricature.

Je n’écris pas ces lignes pour défendre aveuglément Sophia Chikirou. Je sais qu’elle a pu déranger, choquer, parfois même blesser. Mais je refuse qu’on fasse d’elle une caricature utile pour taper sur un mouvement politique. Je refuse qu’on efface son parcours, son engagement, ses combats, sous prétexte qu’elle ne rentre pas dans les cases confortables d’une élue lisse et docile.

Ce que je vois, c’est une femme politique qui dérange parce qu’elle existe par elle-même. Parce qu’elle ne baisse pas les yeux. Parce qu’elle ne joue pas le rôle qu’on voudrait lui assigner.

Alors oui, Sophia Chikirou dérange. Et alors ? Depuis quand exister, penser, parler fort et ne pas s’excuser d’être une femme en politique est un délit ? Si elle était un homme, on parlerait de « stratège redoutable » ou de « fidèle lieutenant ». Là, on la réduit à une ombre, une rumeur, un rôle secondaire dans une pièce qu’elle n’a même pas choisie.  Eh bien non. Ras-le-bol de ce traitement médiatique binaire, sexiste et paresseux.

Ras-le-bol qu’on réserve aux femmes de caractère un procès en légitimité dès qu’elles refusent de sourire poliment en silence. Si Chikirou gêne, c’est peut-être parce qu’elle est là pour durer. Et qu’on le veuille ou non, il va falloir s’y habituer.

(Contrairement à Hanouna qui est payé par Bolloré pour le défendre, je ne touche pas d'argent)

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