Quand j’ai commencé à marcher pour le climat, en 2018, comme certain-es d’entre vous, je me disais que c’était peut-être un peu exagéré de parler de 3 degrés…
Et 1 et 2 et 3 degrés, c’est pourtant ce que nous promet le 3ème volet du rapport du GIEC. 3,2°C de réchauffement global, si nous continuons avec les politiques actuelles.
- Un monde à 1 degré, nous le connaissons déjà, c’est un monde d’inégalités croissantes, ou les 30% les plus riches polluent toujours plus, et ou 1 cinquième des français-es s’enfonce dans une très grande précarité, ayant froid l’hiver dans leurs logements, et besoin de l’aide alimentaire pour vivre.
- Un monde à 2 degrés, c’est un monde où la démocratie est mise à mal, où les fractures s’amplifient et où le chaos progresse.
- Un monde à 3 degrés, c’est un monde en guerre.
Nous sommes ici pour préserver la paix, la démocratie, pour promouvoir l’égalité et le vivre ensemble face à celles et ceux qui sont dans le déni ou prônent le repli sur soi.
1, 2, 3… 3 volets du rapport du GIEC
- En août, le premier volet faisait l’état de la catastrophe en cours, et établissait ses causes anthropiques.
- En mars, nous appelions à la Marche Look Up, pour souligner le peu de couverture médiatique du 2ème rapport du GIEC, qui confirmait que 1. La science est claire 2. Tout retard supplémentaire nous fera rater la fenêtre courte qui se referme rapidement pour sécuriser un futur vivable 3. Les solutions existent
- Ce lundi, le 3ème volet évaluait les scénarios possibles pour sortir de l’ornière et nous apprenait que les 3 prochaines années sont cruciales pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre et conserver une planète vivable.
3 années… 1, 2, 3
Mais ce qu’on oublie souvent de rappeler, ou que certains font mine d’ignorer, peut être parce que ça les arrange de confisquer le débat, c’est que le changement climatique n'est pas qu'un problème scientifique et encore moins technique. Il est fondamentalement politique. Les scénarios évalués par le GIEC sont des récits, des narratifs de "faire-société" aux dimensions multiples.
C’est à dire que nous, citoyennes et citoyens, même si nous ne sommes pas des experts et expertes, sommes légitimes à porter notre voix ! Julia Steinberger, climatologue co-autrice du rapport, nous implorait lundi de "prendre ce message à coeur et de faire partie des personnes qui vont agir pour le changement”. “Autrement, on n’y arrivera jamais”, ajoutait-t-elle…
Or ce troisième volet du rapport du GIEC, malgré son caractère alarmant, comporte aussi de bonnes nouvelles : la sobriété et la réduction des inégalités sont deux leviers essentiels de lutte contre le changement climatique.
1, 2, 3… La justice sociale n'est donc pas un simple élément de langage, c’est un prérequis indispensable pour éviter la catastrophe.
Et tout est lié : le système capitaliste a organisé avec une violence inouïe la prédation des ressources comme des corps, la domination de certains sur tous et toutes : nos luttes climatique, féministe, antiraciste, ont ceci de commun qu’elles visent à démanteler ce système qui emprisonne et empoisonne nos vies.
Nos luttes ont également ceci de commun que ce sont toujours les plus vulnérables : les précaires, les femmes, les personnes racisées, qui sont impactées le plus durement par ces crises.
1, 2, 3… nous nous levons, ensemble, déterminé-es et dans la joie : face à l’individualisme érigé en bannière, face aux petits calculs politiciens et aux logiques sondagières, face au court-termisme mortifère, nous portons un projet de société global et humain, qui fait barrage à la peur et aux fausses promesses.
- Parce que la France n’est toujours pas sur une trajectoire compatible avec l’Accord de Paris, et a été condamnée à deux reprises pour son inaction climatique
- Parce que le quinquennat qui s’achève a méprisé, insulté, maltraité nos luttes climatique, féministe, antiraciste.
- Parce que ceux qui prétendent régler les problèmes du monde par la seule innovation, ou par l’édification de barrières sont des charlatans et des menteurs.
Parce que nous sommes le futur, et que le futur ne se fera pas sans nous.
1, 2, 3… Nous sommes le futur, et nous sommes déjà en train de préparer l’après-élection. Quel que soit le résultat dans les urnes, nous aurons besoin d’être fort-es et de nous faire entendre pour obliger le pouvoir politique à agir. Comme le déclarait Antonio Guterrez, secrétaire général des Nations Unies, il y a quelques jours : “Les militants climat sont parfois dépeints comme de dangereux radicaux. Mais les véritables dangereux radicaux sont les pays qui augmentent la production de combustibles fossiles. Investir dans de nouvelles infrastructures est une folie morale et économique.”
Cette folie et la préservation des intérêts privés d’un petit nombre, sont incroyablement puissants. Quoi qu’il arrive, nous devrons faire pression, bruyamment et massivement, pour désamorcer leur pouvoir de nuisance.
1, 2, 3
- Le futur, c’est demain, où nous irons voter et ferons voter pour le climat sans donner un blanc seing à personne, mais en construisant patiemment notre victoire collective.
- Le futur, c’est après-demain où nous nous engagerons pour porter notre vision d’une écologie comme projet de société, une écologie pour tous et toutes, une écologie populaire.
- Le futur, c’est faire triompher cette vision du monde, juste, solidaire, soutenable, par nos luttes non-violentes, déterminées et joyeuses.
Au carrefour de crises climatique, économique, sociale, sanitaire, et maintenant diplomatique, nous avons le devoir de continuer à imposer nos thématiques, dans la rue comme dans les urnes, ou bien encore par la désobéissance civile, comme nous y invitait Peter Kalmus, climatologue américain il y a quelques jours : "Nous devons, disait-il multiplier par un facteur mille la désobéissance civile pour le climat".
à 3 soyons le futur que nous voulons voir advenir : 1, 2, 3 !