Chères et cher réacs,
Le Conseil d’État a suspendu en référé la dissolution des Soulèvements de la Terre, et ça vous énerve. Je comprends. Vous sentez que c’est un bon gros camouflet pour Gérald Darmanin, et comme vous vous identifiez beaucoup à lui, votre empathie vous gratouille. Ça fait drôle, hein ? Gardez tout de même à l’esprit que Gérald Darmanin ne s’est pas fait démolir le crâne à coups de pieds, lui.
Bon, le problème c’est que vous vous énervez assez mal. Vous racontez même parfois carrément n’importe quoi ; je suis bien placé pour le savoir, parce que je suis allé lire les commentaires de l’article du Figaro reprenant la dépêche AFP de la (funeste pour vous, joyeuse pour moi) nouvelle – et je dois dire que c’était pas triste.
Vous vous insurgez contre un pays dirigés par “juges rouges” alors que le Conseil d’État est constitué de (hauts) fonctionnaires.
Vous protestez contre une institution “illégitime” pour laquelle vous n’avez pas voté, alors que ses membres sont nommés par décret en Conseil des ministres, c’est-à-dire un papier signé par Emmanuel Macron.
Vous fustigez l’idéologie “gauchiste” du Syndicat de la magistrature (dédicace à mes gars et meufs sûr‧es) alors que le Conseil d’État est dirigé par Didier Tabuteau : Louis-le-Grand, Polytechnique, ENA – un parcours classique de haut fonctionnaire, rien à voir avec un magistrat.
Vous invoquez le cas de Civitas alors que le Conseil d’État n’a rien à voir là-dedans, aucun recours n’a été déposé jusqu’ici. Et puis bon, pour comparer un parti intégriste et raciste à un mouvement d’écologie politique, il faut une certaine souplesse.
Vous attaquez le Conseil d’État qui n’a fait que suspendre un décret foireux, et ne l’a pas encore jugé sur le fond ; ça n’est pourtant pas de la faute de l’institution si Gérald Darmanin et son ministère ont fait du mauvais boulot.
Vous attaquez parfois même Laurent Fabius qui n’a rien à voir avec tout ça puisque lui préside le Conseil constitutionnel. Mais bon, ça ne m’étonne qu’à moitié que pour vous “République” ne soit qu’un mot creux derrière lequel cacher votre haine, plutôt qu’un régime politique dont il convient de connaître et comprendre le fonctionnement. J’en profite pour emmerder Laurent Fabius néanmoins, c’est toujours ça de fait.
Bref. Chères et chers réacs, vous m’avez bien fait rigoler aujourd’hui. Respirez, prenez une camomille, pendant ce temps nous continuerons de semer des graines qui repousseront partout.

Agrandissement : Illustration 1

PS : si maintenant vous avez envie de lire des commentaires à côté de la plaque, l'article en question est ici. Ne me remerciez pas.