Charles-Henry Gonzagues De La Tour

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Billet de blog 3 mars 2009

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Le vin en danger de mort

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans le vin, la vie, la convivialité, savoir partager. Bien manger, bien boire. Inviter ses amis, ouvrir une bonne bouteille. Dans le vin il y a toute une civilisation que nous partageons, celle de l'art de vivre. Dans le vin, il y a ces milliers de vignerons qui donnent leur vie à un exercice très particulier: celui de partager une table, de faire découvrir des terroirs et des climats extraordinaires. La france peut encore être fière d'une grande réussite: celle de ses vins. Au delà du vin, il y a cet attachement au terroir, à la vie locale, au "savoir partager" de celui qui construit une identité viticole à son image.

Je suis né en Bourgogne, mon père est viticulteur. Un viticulteur modeste, qui fait son vin dans une intimité avec lui-même, il travaille la terre, il réalise un vin à son image. Mon père est simple, il n'a que le vin dans sa vie. Par le vin il s'exprime, et par le vin il donne un peu d'amour, amour des autres et de son vin.

Le vin, c'est aussi s'évader, boire pour le plaisir d'aimer la boisson, aimer ce liquide qui en compagnie d'un bon repas, réalise une alchimie sociale: celle de lier des personnes autour d'une table, de se délier la langue, de passer une soirée conviviale et heureuse.

Mais l'Etat a décrété que boire, c'est mourrir. Que boire ne serait-ce qu'un verre, c'est dangereux pour la santé. Boire, ce n'est pas demander une espérance de vie, c'est demander de vivre comme on l'entend, et comme on aime vivre.

Aujourd'hui, vivre tue. Tout est dangereux, tout mène à la mort. Une seule obsession: vivre le plus longtemps possible, être une machine parfaite, avoir une mécanique en pleine possesion d'elle même . L'homme est une machine, il est né pour vivre le plus longtemps possible. Il doit vivre avec modération, se priver de tout parce que l'essentiel c'est de vivre le plus longtemps possible. Mais la vie ne se calcule pas en quantité mais en qualité. Il faut vivre et partager tout ce que nous ressontons, gouter à chaque envie, ressentir son corp vivre.

Dans le vin, il y a ce désir de travailler concrêt, de donner à la plante tout son amour. Quel est ce plaisir que je nomme "dégustation" si ce n'est ouvrir une bonne bouteille de Bourgogne, réalisation d'un vin par une famille et tout ce qui est sous-entendu derrière: la passion d'une famille, son désir de préserver un passé, un domaine, de l'histoire, du savoir- faire.

A une époque où la crise amène à de sérieuses remises en question, je vous invite à revenir à cet amour de la terre, de ce sang qui coule dans nos veines et qui ressemble tant au vin, ce breuvage qui nous rend bon et libre.

Manger et boire sont les deux activités principales de l'homme, elles sont son essence et son espoir de vivre mieux.

Il ne faut pas oublier cette façon de vivre qui est justement vivre bien.

Dans le vin la vie, dans le vin le partage de soi à travers les autres.

Etre sobre, ce n'est pas s'abstenir mais boire bien. Dans le vin la vie.

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