Lorsqu’elle n’est pas en campagne électorale, la France laisse cours, « liberté d’expression » oblige, aux idées nauséabondes, que certains pourraient ranger dans la catégorie «extrême-droite ».
Un attentat. Un viol. Un crime. Un voile. Un immigré. Un vol. Un accident. Un incident. Une incivilité. Et la mécanique médiatique se déclenche. Sont convoqués, des femmes et hommes politiques ou intellectuels, bien identifiés, afin d’inonder l’espace publique d’opinions ultra personnelles ou non. Résumons leur pensée : trop d’insécurité, trop de dépenses publiques, trop de manque d’autorité, et pour cause trop d’immigration. Quand les « bons » veulent simplement s’attaquer à l’immigration clandestine, les « méchants », eux, vont jusqu’à remettre en question les droits des étrangers en règle sur le territoire.
Les gouvernements successifs, eux-mêmes, qu’ils soient de la « bonne » gauche ou de la « mauvaise » droite, n’ont jamais été avares de créer quantité de polémiques fort inutiles, mais hautement nuisibles.
Considérons simplement les trois derniers présidents : Sarkozy, Hollande, Macron. L’un, de droite, a créé un Ministère, aujourd’hui disparu, de l’Immigration, de l’intégration, de l’Identité nationale. L’autre, de gauche, a mis sur la table l’urgence de la déchéance de la nationalité. Le troisième, de droite et de gauche, a promis à sa prise de pouvoir ramener le RN à sa plus simple expression, résultat des courses : aux dernières européennes, le RN a fait 31,4%, soit le double du camp macronien.
Face à cette réalité, Macron a jugé utile de dissoudre l’Assemblée nationale et de renvoyer les pauvres Français aux urnes les 30 juin et 7 juillet 2024, dans un climat ridiculement démocratique, où deux forces politiques (RN et LFI), qui constituent près de la moitié des suffrages exprimés lors des européennes, sont désignées comme étant des dangers pour la France.
Le RN serait raciste et incompétent. La France insoumise (ou plutôt le Nouveau Front populaire) antisémite et dispendieuse. Or, braves gens, l’état des finances publiques exige pour le salut national, dit-on depuis Bruxelles, Berlin et Bercy, austérité.
Cependant, racisme et antisémitisme ne sont pas des opinions en France, mais des délits. Et en regardant l’histoire, nous pouvons très bien associer ces deux mots à la notion de crime contre l’humanité.
Si des mouvements politiques sont délibérément taxés de « racistes », « d’antisémites » par des responsables politiques eux-mêmes, il convient de se demander pourquoi ils existent légalement? Qu’attend t-on pour les dissoudre?
Comment comprendre que l’Etat français paie grassement des figures importantes de mouvements que ses élites qualifient, à chaque campagne électorale, de « raciste », « d’antisémite » ?
La loi française interdit « toute discrimination fondée sur l’appartenance ou la non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou religion. »
Pourtant, ce que promeut ouvertement le RN, parti qui carbure aux financements publiques, donc de la République, c’est une politique discriminatoire fondée sur l’appartenance ou non à la nation française (préférence nationale).
Par ailleurs, on peut soutenir mordicus que le RN promeut ce qui existe déjà dans la réalité, en dépit des valeurs de la République : la discrimination. C’est cette réalité niée, reniée qui le banalise.
La remise en cause de l’AME par le gouvernement de Macron : pure discrimination. Pour ne prendre que cet exemple officiel.
Qu’on me pardonne, au passage, ce strict exemple qui ne prend qu’en compte les étrangers en situation irrégulière. Car, à la vérité, les discriminations travaillent notre société dans tous les sens. Elles sont multiformes et touchent un nombre considérable de gens, en dépit de leur « race », leur genre, leur ethnie, leur religion.
Si le RN existe, si la France insoumise existe (puisqu'elle aussi est désormais anathémisée) au sein de la République française, toute attaque contre ces mouvements, sous l’accusation de racisme et d’antisémitisme, ne peut être crédible que si et seulement si, sont engagées contre ces mouvements des procédures judiciaires dans le but de les interdire. Or, il va sans dire que la réalité dans laquelle nous vivons, sans plaider en faveur de ces mouvements, amoindri considérablement les critiques officielles à leur encontre.
Laurent Fabius, en son temps, disait déjà que le Front National (ancêtre du RN) posait les bonnes questions. Sacrée manière de légitimer un parti qu’on traite, dans le même temps, de raciste ou d’anti-républicain. S’il pose de bonnes questions, alors il est digne du débat public, de la démocratie. Et comme il n’a jamais été au pouvoir, ceux qui l’ont été, vu l’état du pays, sont mal avisés de prétendre avoir les bonnes réponses.
Ce n’est pas la faute du RN ou de la France Insoumise si les gouvernements successifs, droite et gauche, ont perdu leur exclusivité dans le paysage politique, leur base électorale, leur raison d’être. La déliquescence de la droite et de la gauche est le fruit de la droite et de la gauche elles-mêmes.
On attend de ceux qui ont gouverné la France autre chose que d’accuser tel ou tel mouvement de « racisme », « antisémitisme ». Le RN ne date pas d’hier. Si ce parti est dangereux, le système politique qui rend possible sa venue au pouvoir par le jeu électoral, est bien plus dangereux.
Pourquoi taxer la France insoumise d’antisémite si on ne procède pas illico devant la justice à une mise en accusation, preuve à l’appui? Participer à un système politique où peuvent se présenter naturellement des partis dit « racistes », dit « antisemites » c’est conforter le système en question.
La banalité de ces accusations, surtout par des responsables politiques aux affaires est le signe d’une véritable dissolution de la politique elle-même. Macron peut se permettre de dissoudre l’Assemblée. Son affaire est sans enjeu réel.
L’utilisation banale, je veux dire à la légère, des termes « racisme » et « antisémitisme » pour discréditer des adversaires politiques, est un véritable mépris pour les maux que sont le « racisme » et « l’antisémitisme ». Croit-on maintenant qu’il suffit de voir le racisme et l’antisémitisme partout pour faire office d’agent de paix, de justice, d’égalité?
On n’attend pas des responsables politiques qu’ils s’émeuvent ou entretiennent des polémiques éculées. On attend des actes. Des décisions. N’ont-ils pas le pouvoir?
La question fondamentale est : vit-on dans une société égalitaire ? Non. S’en approche-t-on? (À échelle nationale ou internationale) Non plus.
Alors, racisme et antisémitisme qu’on entend ça et là sont la plupart du temps l’expression d’une foncière hypocrisie. D’une corruption. Corruption du langage. Corruption de la réalité. Corruption de la politique! On parle la plupart du temps pour ne rien dire. Voilà où nous en sommes : l’impossible parole vraie.
Dans un tel climat, à quoi sert-il sérieusement de voter? C’est à dire, d’agir en citoyen responsable, conscient, éclairé. Le citoyen est pris en otage. On le réduit à une maigre mission (qu’il semble du reste apprécier, aucun effort réel n’étant exigé) : barrer la voie au RN et/ou à la France Insoumise. Tout se joue désormais pour lui dans la sphère imaginaire des « valeurs » et non dans le réel.
Au nom de quoi l’électeur est-il convoqué pour faire barrage ? Du « racisme », de « l’antisémitisme », de la « guerre civile ».
Et après? Les Macron, les Edouard Phillipe, les Fillons, les LR, les Socialistes propres-sur-eux-à-la-Cazaneuve…peuvent détricoter les acquis sociaux sous l’argument imparable de la bonne tenue des comptes publics.
L’article 4 de la Constitution française stipule :
« les partis et groupement politiques concourent à l’expression du suffrage. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie.
Ils contribuent à la mise en oeuvre du principe énoncé au second alinéa de l’article 1er dans les conditions déterminés par la loi.
La loi garantit les expressions pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la nation. »
Si nous n’avons pas de choix, s’il n’y a qu’une seule politique possible et valable, une seule voie que les marchés toléreraient, un seul camp raisonnablement admissible, une seule expression qui ne serait pas une menace, qu’on ne nous dise pas que nous sommes dans une « démocratie ». Nous entendons même certains partis, intellectuels accuser d’autres d’être des missionnaires du Kremlin. Si tel est le cas, en vertu de l’article 4, comment ne pas se prononcer pour l’interdiction pure et simple des agents de Poutine?
A la vérité, le citoyen n’a plus vraiment de choix. Sa raison est préemptée. Son bulletin de vote n’est plus que perçu comme la traduction d’une colère, d’un rejet, d’un barrage…Son bulletin est soit objet de honte, de déchéance morale; soit objet de fierté ou de sentiment de supériorité. Les valeurs ! Son choix n’est considéré comme bon et raisonnable, s’il va dans le sens de ce qui est à l’oeuvre. Point barre.
Dans une démocratie digne de ce nom, nul ne devrait avoir honte de son vote ou s’enorgueillir. Et l’on pourrait d’ailleurs se demander pourquoi cette histoire se passe dans un isoloir ? Comme si le citoyen allait déféquer dans les urnes et qu’il fallait privatiser l’espace, l’instant de sa décharge.
En ce qui me concerne, je ne suis nullement impressionné par le vacarme ambiant. L’état politique dans lequel est la France est certes chaotique, mais hélas, ce n’est nullement dans les urnes, du moins avec ce type de jeu parlementaire, et ses polémiques répétitives, circulaires, oisives, que nous arriverons à tracer une voie commune et nouvelle. Celle qu’exige la situation présente.
J’ai beau être immigré, d’origine africaine, le RN ne provoque en moi aucun ulcère. Il déclare vouloir appliquer ce qui existe déjà concrètement et tout le monde s’en émeut : préférence nationale. Quant à ses promesses sur l’immigration, elle ressemble à celles d’un François Hollande : « mon ennemi, c’est la Finance ». Que celles et ceux qui espèrent bien des choses du RN aillent donc voter. Qu’ils se fassent plaisir ! J’ai beau avoir le Manifeste du parti communiste comme livre de chevet, le nouveau Front populaire ne suscite en moi aucun enthousiasme. Que l’élément fondamental de leur union soit le RN , je trouve ça bien maigre et paresseux. Et drôlement opportuniste. Le nouveau Front populaire doit remercier Macron et Marine Le Pen. Il n’a aucune existence propre. Aucun ennemi concret et réel. On ne peut pas siéger sagement à l’Assemblée Nationale, au Parlement Européen depuis des années avec le « diable » ( RN)….et un beau matin se réveiller en catastrophe et brandir l’union. J’accuse le nouveau Front populaire d’opportunisme et de ne pas prendre la mesure du problème dans sa globalité planétaire.
Dans ces conditions, je ne voterai pas, et qu’on ne me raconte pas que je fais le jeu des « extrêmes ». Ceux et celles qui font le jeu des fameux ou du fameux « extrême » sont celles et ceux qui s’amusent à polémiquer matin, midi et soir sur les plateaux de télévision et à l’Assemblée avec ce bien-aimé « ennemi » de la République , sous le grotesque prétexte de la « démocratie ».
Par ces mots, j’exprime bien plus de choses, assez claires, que le simple bulletin dans l’urne…!
Vive la politique !
Vive un monde nouveau !