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Billet de blog 2 novembre 2013

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Parole

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Quand on regarde le contact des cultures, évidemment, la langue s’invite. On pourra monter jusqu’au bout des temps, des expositions qui mettent en perspectives la poterie rurale de l’Oriental Marocain avec la Céramique Chinoise de la dynastie Zhou, à un moment donné, il faudra des mots, des paroles.

Et là où commence la parole, s’invitent les brouilles. Quand les locuteurs sont face à face, ils communiquent. Ils mettent en commun des mots, des regards, des sourires ou des froncements de sourcils, des gestes… Mais quand la parole n’est qu’écrite, alors les brouilles deviennent des guerres sémantiques, lexicologiques, des « guerres en hic »[1].

Depuis mars 2006, j’écris çà et là. De blog en blog, et de fil d’information en fil d’information. J’ai même ouvert, sur Médiapart, le nième lieu de mon expression où je relaie les notes de mon site. Et voui, je ne suis pas insensible au fait de partager mes avis aussi insignifiants soient-ils. Parce que je n’ai pas d’illusions, le fait d’être capable d’écrire beaucoup, avec parfois le sens de la formule, ne fait pas de moi autre chose qu’une poussière de web dont on peut contester les points de vue. Et c’est tant mieux.

Malgré tout, je découvre un « univers » dont j’ignorais les règles et qui me laisse pour le moins dubitative.

Le Club médiapart souffre, apparemment, du syndrome de la référence, qu’on pourrait appeler aussi « citaropathie »[2]. Et ceux qui sont le plus atteints par celle nouvelle affection sont ceux qui veulent réformer le monde, qui fustigent les mollesses ordinaires des gens de peu, qui conchient leurs concitoyens quand ceux-ci, réservés parfois, deviennent l’ennemi à abattre à tout prix, faute de choisir le camp du bras armé du peuple (peuple de gauche ou peuple de droite, peu importe !). C’est la politique du « si tu n’acquiesces pas, tu seras pourfendu ! ». Rien de nouveau au final, sinon l’internet.

Parce que l’internet permet de déverser des flots continus de petites phrases, noms, pensées, et autres prolégomènes à l’ouvrage de leur vie : l’édification du passant.

Et voilà que ça coupe, ça découpe, ça te met du Machin, expert en truc, ça répond à une phrase par un patronyme. Il y eut la « Querelle des anciens et des modernes », il y a aujourd’hui la « Querelle du Patronyme et de l’Histoire »[3]. Parce que l’Histoire, la pauvre, est appelée à la rescousse à chaque coin de phrase. Évidemment, on appelle à la tribune celui ou celle qui conforte ses convictions. Et seulement celle ou celui-là, vouant aux gémonies le scripteur de la partir adverse.

Je vois de plus en plus de ces êtres qui, désincarnés de leur propre pensée, ressemblent à ce Dieu Hindou, Vishnou, pourvu de bras en multitudes. Ils ont, dans chaque main, un ouvrage à ouvrir pour toutes les circonstances… à moins que ce ne soit, plus prosaïquement, des requêtes « google » pour dégoter la citation qui assommera l’adversaire. Je l’ignore. Mais, personnellement, je préfère les gens qui se mettent, eux, dans leurs paroles, même si c’est prendre le risque de dire des conneries.

Je laisse là ma feuille blanche, avec, en conclusion, ce proverbe tanchesque : « Les couillons, c'est comme les morpions. Quand il y en a un couple quelque part, on en compte un mille huit jours plus tard. »[4].


[1] La guerre en hic est citée pour la première fois par Pénélope Héra dans un ouvrage intitulé « La guerre du mot n’aura pas lieu » et dont on ne garde aujourd’hui que quelques pages déchirées à la bibliothèque municipale de Sail sous Couzan.

[2] La citaropathie est une maladie invalidante, qui tue peu à peu la spontanéité. Elle a été découverte assez récemment par le médecin-psychiatre-linguiste Pénélope Primée.

[3] Querelle liée à la diffusion des idées sur le net qui ne cesse pas de faire de nouvelles victimes. On a connu une Pénélope Ette qui est décédée en essayant de battre le record de la citation de citations, au Festival International de Douchy les Mines.

[4] Proverbes de la Tanche, 2009-2010, auteur inconnu.


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