On ne construit pas sur les ruines d’une maison amie. Quand la tourmente malmène et que les cœurs ne savent plus trouver leur chemin au milieu d’un tourbillon de colère, il faut savoir quitter la place. Être celui, ou celle, qui se charge des douleurs. Qu’un microcosme s’abîme dans l’adversité, qu’un grain de sable s’enfle à trouer l’horizon, et ceux qui s’aimaient se haïssent. Alors, on tend les bras vers le ciel. On décide de recueillir la mélasse puante déversée en tombereau dans l’air qui pourrit. Acte cathartique. Sacrifice symbolique. Parce qu’ils se détestent, chaque geste devient agression. Et, plus encore, chaque main tendue est reçue comme une gifle. On regarde, incrédule, ceux qui, hier, conjuguaient demain, piétiner les paroles données, renier les promesses, ensevelir d’ordures le compagnon devenu l’adversaire. Être celui, ou celle qui tente, désespéré, de raccommoder les hardes ? Et voilà que les ennemis déchirent la voix qui offre la paix. Pour protéger un plus faible, pour que le souffle d’une plus seule retrouve l’ample du calme, on accepte d’endosser le costume de plomb du coupable. Coupable de quoi, au demeurant… souvent d’avoir dit sa vérité, juste sa vérité. Les humains ne veulent pas d’autre vérité que la leur. Ils écharpent celui qui vient en pacificateur, sans se rendre de compte que, s’ils reconstruisent, ils vont bâtir sur la ruine fumante d’une maison amie.
Billet de blog 3 mars 2014
Ruines
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