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Billet de blog 4 janvier 2014

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Absurde !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

« Ce monde, tel qu’il est fait, n’est pas supportable. J’ai donc besoin de la lune, ou du bonheur, ou de l’immortalité, de quelque chose qui soit dément peut-être, mais qui ne soit pas de ce monde. »

Caligula, acte I, scène IV – Albert Camus.

Un 21ème siècle nous voit pouvant parler d’un bout de la terre à l’autre. Et j’ai le sentiment, mais comme tout sentiment, diffus et mouvant, que, alors qu’un temps ouvert s’offre à nous, le dogme et la gnose s’insinuent, obscènes, destructeurs, réducteurs. C’est absurde, au sens « camusien » : le face à face du monde et de l’homme est absurde.

Chacun traite de sa réalité, la voulant réelle pour tous, et incontestable. Selon que l’on soit athée, c’est plutôt un dogme[1], ou religieux alors c’est plutôt une gnose[2]. Qu’ont-ils en commun ? D’être imposés par la force s’il le faut. Par la mort.

C’est absurde !

Et l’immense de la communication possible rend paradoxalement brutal la confrontation des dogmes et des gnoses. Du cercle privé au public, on s’expose, on se donne, on s’affiche. Tout rejet devient humiliant. Quand le rejet s’exprimait à la table de Pâques, il se résolvait d’un baiser après les œufs en chocolat. Depuis qu’il est acté par des mots confiés au virtuel, que l’on sait écrits pour notre éternité – celle de notre vie d’humain- ce rejet se mue en négation.

C’est absurde !

Le dogme et la gnose ont aussi en commun d’être pétris de cette certitude : « Je sais mon fils comment faire TON bonheur. Tu l’ignores, tu te révoltes, mais je sais pour TOI ! ». Et si moi, enfant du doute, je ne veux pas de ce bonheur prédigéré, si je veux pouvoir picorer au fil des idées, des concepts, me faire ma tambouille épicée de tout ce que me propose mon imagination libérée ?

C’est absurde !

J’en veux, beaucoup, à ceux qui s’arment de l’Histoire pour bâillonner ceux qui n’ont pas le goût des dates et des références. Nous sommes désormais triés, comme aux arrivées dans les camps de la mort qui triaient les hommes, les femmes, les enfants, non plus selon son sexe ou son utilité, mais selon son « savoir »… Savoir approuvé ou non selon que l’on tient de tel dogme ou de telle gnose.

C’est absurde !

Il se recrée, au final, ce qu’Hugo disait à un moment donné, dans « les Mains Sales », à savoir qu’il faut du temps et des moyens ? pour penser à la place de ceux qui triment. Ceux qui disent le dogme et la gnose sont ceux qui n’ont pas à penser, au quotidien, à l’assiette et au toit. Sauf que… ceux qui disent ne sont pas ceux qui subissent la parole définitive, cette parole qui cloisonne et qui condamne ou absout. Cette parole de toutes les compromissions.

C’est absurde !

________________________

[1] Dogme : Point fondamental et considéré comme incontestable d'une doctrine religieuse ou philosophique, ensemble de ces points constituant une doctrine – Larousse

[2] Gnose : Système de pensée philosophico-religieuse qui se fonde sur une révélation intérieure, permettant d'accéder à une connaissance des choses divines réservée aux seuls initiés et permettant de saisir les mystères amenant au salut – Larousse

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