Il est parti. Dans un souffle. Une chandelle mouchée par le temps, impitoyable, quand l’enfant voudrait que la lumière soit éternelle. Il est parti pour un rivage où le vent caresse l’acacia, où la gazelle et le lion partagent la litière. Chacun choisira l’endroit où nous le retrouverons, dans le parfum d’une fleur, ou bien assis en majesté auprès d’un Dieu bienveillant.
Le tremblement des sanglots fait le tour de la terre. Les drapeaux sont en berne. Dans les premiers jours du départ, l’hommage est uni. Le chagrin étreint les humains. Mais pour combien de temps ? Il viendra un fâcheux, grattant dans la boue de l’histoire, pour ternir l’image de Madiba. Il viendra ce fâcheux-là. Oubliant que l’homme a besoin de symboles et que, quand on blesse un symbole, on blesse le cœur, on abaisse l’humanité. J’espère que je ne verrai pas ce moment. Si nous pouvions apprendre un tout petit peu de cet émoi partagé…
Le jour de sa libération, il y a plus de vingt ans, émue par l’évènement, j’avais jeté quelques vers sur le papier. Avec le recul, ô combien maladroites et naïves ces rimes… Mais jamais je ne les ai modifiées.
MANDELA
DEMANDEZ-LA
LA LIBERTÉ
Danse Ô ! Vieil homme chenu
De victoires et de joies advenues
Au terme d'une vie de batailles
Et que batte ton âme de guide
Danse Ô ! Vieil homme de la terre
Ce temps est le temps des épousailles
Où la couleur d'une peau s'indiffère
D'années mortes et perfides.
MANDELA
DEMANDEZ-LA
L'ÉGALITÉ
Chante Ô ! Pays de négritude
D'un bonheur grave et d'émotions
Et que vienne après la servitude
Les jours de la reconquête.
Chante Ô ! Pays de réconciliation
Ce temps est le temps de la fête
Où noirs et blancs dans une couche
Te feront des enfants une souche.
MANDELA
DEMANDEZ-LA
LA FRATERNITÉ
Il faut lire le très bel hommage de Christiane Taubira à Mandela. Elle a les mots.