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Etre animée de bonnes intentions ne me suffit pas...

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Billet de blog 8 novembre 2013

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A cause d'un coup de pinceau

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Louis-Jean Calvet, dans son ouvrage passionnant « Le jeu du signe », évoque Carlo Ginzburg qui, en 1979, développait l’idée de « paradigme indiciaire ». Et, en s’appuyant sur la technique d’attribution des tableaux mise au point par Giovanni Morelli, l’on pouvait, à cause de détails qui paraissent insignifiants, identifier le peintre… Où l’on s’attache à ces petits détails, comme, par exemple, la façon de peindre un ongle de pied, plutôt qu’au tableau dans son entier.

La génétique des textes s’est inspirée de la méthode. LJ Calvet montre comment on peut connaitre celui qui écrit un discours. C’est ainsi qu’il repère Guaino dans les mots prononcés par Sarko… au goût de l’anaphore, entre autres signatures. Le contenu, ce qui est dit n’a aucune espèce d’importance.

Tout ça pour dire, raconter…

Mercredi dernier, sur la page face de bouc du Médiapart, je « m’altercationne » avec un petit bonhomme aussi mesquin qu’insignifiant. Tout à fait par hasard, il tombe sur ce qui me fait grimper au cocotier, même sans cocotier, la commisération feinte épicée de satisfaction. Égale à moi-même, je l’envoie bouler plus que vertement. Et je le bloque, parce que je n’ai pas que ça à foutre, que d’entretenir des dialogues acerbes.

Hier matin, en partant à la fac, je jette un coup d’œil sur le réseau social préféré des internautes. Et ! Oh ! Ah ! Que vois-je ? Un message du Grand Edwy Plenel qui me rappelle à l’ordre, m’ayant trouvée incorrecte quand j’ai voué mon enquiquineur aux gémonies. Soit, il a raison. Quand j’ai tort, je répare. Normal. Je me fends quand même d’une lettre pour expliquer que, décidemment, le Club Médiapart, ce n’est pas un lieu de conversations polies et feutrées où seule la vérité serait la quête, à l’instar d’un assoiffé dans le désert qui cherche l’eau. J’alerte sur les petites magouilles minables d’un journaliste émotif primaire. Et j’oublie, enfin presque. Parce que le Grand Edwy en rajoute. C’est à ce moment-là que j’ai percuté. À cause du paradigme indiciaire. Mais aussi parce que, passé le premier mouvement égotiste, j’ai pris conscience de l’incongruité de la situation.

Edwy crée un profil privé, puis, parmi tous les commentaires souvent orduriers qui sont déversés au quotidien sur face de bouc, il s’attache au mien et rentre en dialogue avec moi ? Il annonce qu’il va personnellement, avec ses petits doigts, s’occuper de la « police » sur la page Médiapart ? Nanmèho ! Faut pas prendre une poussière de web pour une dinde farcie !

Sans compter que la temporalité de l’anecdote vaut son pesant de fraises tagada. Ça arrive au moment même où, dans le Club Médiapart, j’ai fait un lien entre mon nom de baptême et mon pseudonyme d’écri-vaine. Et jamais je ne l’avais fait avant, le lien. Seul mon entourage proche et privé en avait connaissance.

C’est à ce moment que me sont revenues ces lectures que j’évoque en introduction. Et je regarde attentivement. Tout d’abord, c’est Eddy, mon correspondant et le compte n’existe que depuis quelques heures. Le cerveau est ainsi fait qu’il fait cadrer l’information avec ce qu’il connait. Je n’avais donc pas percuté que je parlais à Eddy et non à Edwy.

Ensuite, me sautent aux yeux quelques éléments du corpus linguiste de mon Eddy : fautes d’accents et lexicographie. Mon Eddy fait les mêmes fautes d’accents qu’un des quidams avec qui je me suis prise de bec au club. Il écrit « vôtre » pour votre, et, surtout, « prés » pour près. Je farfouille, je cherche, je trouve… voici quelques mots relevés dans les écrits de celui que je soupçonne être mon Eddy : « l'arriére – matiére – trés – problémes – aprés ». De plus, dans les quelques lignes que le garçon a déposées, il y a deux éléments que j’ai notés : « illico presto » et « nonobstant ». Et bien en associant le nom du quidam que je suppose être mon Eddy avec, tour à tour, ces deux éléments de langage, je tombe chaque fois sur largement plus d’une occurrence. Statistiquement, quelle est la chance que ce soit juste le hasard ?

Ah ! Ah ! Ah ! Mon Eddy est là pour moi toute seule ! Eddy, soit bon, si tu me lis, taille la route. J’ai écrit au vrai Edwy pour lui signaler l’usurpation d’identité.


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