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Etre animée de bonnes intentions ne me suffit pas...

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Billet de blog 13 novembre 2013

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(Histoire ancienne recyclée…)


C'était dans la chaleur d'une sombre nuit, de ces nuits qui se traînent dans le fond d'un verre d'alcool. Il faut bien tuer sa misère. J'errais rue des blogs et je guettais les lumières aux façades. Je soulevais parfois un rideau occultant une fenêtre ouverte, et observais l'un ou l'autre, à son clavier, décrire son univers, parler des émotions tourbillonnantes de sa salle de bains. Ces balades nocturnes, quand je passe en silence, quand j'effleure les mots des maisons, sont la source d'un bonheur pour moi, mais alimentent aussi mon imagination, et mes réflexions.

Cette nuit-là, l'atmosphère était lourde, chargée d'orages, et l'activité de la rue s'en ressentait, il régnait une fébrile agitation. Les mots volaient, s'agressaient, se répondaient, certains s'alliaient pour se sentir plus forts. Les photos s'en mêlaient et s'entremêlaient. La musique s'incrustait douce, chantonnait, ou d'un rythme endiablé réveillait le chaland... la vie grouillante d'une rue des blogs perdue dans l'infinie mégalopole d'un monde tissé.

C'est alors que je le vis. Il portait une grande cape noire, doublée d'un rouge flamboyant, d'un rouge d'enfer. Mais qu'il était beau ! A damner un Saint, une Sainte plutôt. De cette sauvage beauté qui vous prend les reins, ne vous lâche pas, mais que vous êtes incapable de décrire. Je sais qu'il était beau, mais je ne sais pas comment. Il glissait tranquillement entre les habitations de la rue, il observait les habitants.

J'ai retenu mon souffle, je ne voulais pas qu'il m'aperçoive, je voulais pouvoir continuer à jouir de lui sans qu'il ne le sache. La vue, l'odorat sont jouissance lorsqu'ils s'accrochent à cet être là. Je sentais les effluves poudrés de son grand corps viril, l'odeur légèrement musquée de sa sueur. Je contemplais la féline grâce de ses gestes et de ses pas. Il naviguait, comme un vaisseau fantôme, laissant, à peine, derrière lui, une trace brumeuse. J'allais le perdre... J'ai posé mes chemins dans le sien, je l'ai suivi, charmée, ne prêtant plus attention à rien. Je me suis faite petite, je me suis faite silence, je me suis faite insignifiante. Et puis... et puis, fascinée, absorbée, je n'ai pas vu sortir Wallycat de la maison qui veille et l'animal, se cognant dans mes mollets, a craché. Lui s'est retourné, il m'a vue, il a ri.

Ma cervelle a explosé, mes émotions se sont mises à bouillonner, comme un chaudron de sorcière. Je suis devenue incendie. Il s'approchait, et ma conscience, affolée, me criait : « Fuis ! Prends tes jambes à ton cou Demoiselle ! Fuis, il est danger ». Mon corps, lui, se détendait, il se mit à vibrer, plus fort à chacun de ses pas, plus fort à chaque mètre avalé à grandes enjambées.

Il s'est planté devant moi, et, d'une caresse d'une infinie tendresse, il a plongé sa main dans mon cœur. Mille frissons m'ont secouée, des plaisirs m'ont courbée, des orgasmes m'ont parsemée, des ivresses m'ont chavirée, des parfums m'ont enivrée. Je suis devenue fontaine, jaillissante. Je suis devenue sirène, ondulante. Je suis devenue chanson, gémissante.

Lorsqu'il retira sa main de mon cœur, il avait ce regard vainqueur des hommes qui savent. Il tenait, entre deux doigts un petit morceau de moi, déjà brillant comme un rubis. Qu'il accrocha, à sa chaîne. C'est alors que je vis toutes les breloques qu'il baladait avec lui, des milliers de bouts de cœur pendus à son cou.

J'avais compris, je venais de croiser Blogomas, le voleur d'amour, homme pour les femmes, femme pour les hommes. Et depuis je le cherche, je hante la rue des blogs, désespérée. Mais la légende dit qu'il ne vous aime qu'une fois et qu'il vous laisse à jamais le souvenir de cet amour-là. Nous devons être beaucoup à errer, la nuit, à espérer, sans espoir.

Je le cherche… mais il ne me laisse que les traces sordides de ses acolytes, des blogomas sans « B » majuscule, des « fantômets » qui se signalent en cliquant, cliquant, cliquant. Ils cliquent pour éteindre mes mots.


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