Peu à peu, l’idée de quitter cet espace infécond, stérilisé par des empoignades futiles a cheminé. Évidemment, comme souvent chez moi, ce ne fut pas une certitude de l’ordre de la révélation, mais un mur construit pierre à pierre…
Laisse aller, c’est un Valls
Valls a remplacé Sarko dans la haine ordinaire. Certes, le bonhomme est contestable et sa parole parfois terrible pour des consciences si confortablement installées au sein d’un cocon d’une gauche morale, et à la limite de ce qui peut être entendu. Mais Valls n’est pas un facho, pas plus que ne l’était Sarko (et pourtant je l’ai pensé, sans doute écrit). À force de dévoyer ce mot « facho », de le dépouiller de toute la force qu’il devrait posséder, de le coller à tout ce qui bouge et qui est un peu trop à droite au goût de chacun, on le vide de sa portée symbolique. On en fait un virus ordinaire comme la grippe. Ce qui ne sera pas sans poser problème un de ces jours, tant la destruction de la sémantique des mots rend acceptable ce qui ne l’est pas.
Désormais, quand quelqu’un s’arrange un tantinet avec la vérité, il devient mythomane (je parle du mensonge ordinaire, pas de la fabrication d’une vérité confortable) ; quand un quidam, manipulateur comme tout un chacun, grenouille pour obtenir quelque chose, il n’est plus un rusé coquin qu’il faut rappeler au réel, il est de suite un malade mental, un pervers.
Vider de contenu les mots de l’insulte, en faire de la tambouille ordinaire fera qu’un jour nous n’aurons plus de termes pour qualifier l’horreur et l’indicible. Le mot « génocide » subit peu à peu cette transformation, il se substitue à « massacre » ou encore à « victimes des combats pendant une guerre ». À faire du mot « génocide » un qualificatif ordinaire des conflits armés qui n’ont jamais cessés, on en oublie la définition exacte : « Crime contre l'humanité tendant à la destruction totale ou partielle d'un groupe national, ethnique, racial ou religieux ».
Pour moi, la Shoah était un génocide (comparer la shoah, destruction organisée à la manière d’une industrie et les morts dans des guerres, aussi iniques soient-elles est dangereux pour la compréhension), le massacre des arméniens par les turcs aussi, le conflit au Rwanda également. Les exactions de la guerre d’Algérie ne relèvent pas du génocide, même si, pour la partie « colonisation en 1830 », on peut se poser la question… Pas plus que la traite des noirs, d’ailleurs largement organisée par les nord-africains (et non par les juifs comme je le lis parfois, même s’il y a eu forcément des juifs qui ont aussi profité de la manne). Je vais être cynique, mais le commerce de la main d’œuvre noire ne pouvait pas être un génocide, puisque l’intérêt, c’était quand même de maintenir en vie le « produit ». Un crime contre l’humanité, ça oui.
Et donc… ce dévoiement des mots, comme une « Valls » folle, est l’une des pierres de mon mur de la fuite.
(à suivre…)
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