Je fais mon éducation sur les réseaux sociaux, j’apprends le recul. Étant intello tendance émotive primaire, j’ai les doigts qui réagissent plus vite que la réflexion. Autrement dit, ce que m’ont appris les pages qui relaient l’information, c’est l’insupportable de la politique par l’adrénaline. À laquelle j’ai parfois contribué, à ma grande honte. Maintenant, je pense qu’on peut se tromper, mais qu’on ne doit pas s’obstiner.
Et le cas de cette jeune fille, Léonarda, qui a dû quitter le territoire parce que toute la famille a été expulsée est typique de ça : on manipule notre propension à l’empathie et à la révolte pour des stratégies de fosse septique.
Si cela n’alimentait pas la petite boutique bleu-marine, ce serait risible. Digne, même, d’une thèse en sociologie : « De la sensiblerie du lecteur anonyme sur les réseaux sociaux, techniques de manipulation de masse ».
Alors, je m’indigne, je m’émotionne, je m’agace, je me fâche… Qu’allons-nous à perdre dès lors qu’on part au quart de tour parce qu’une association quelconque nous balance un cadavre à dépecer ? Notre liberté de pensée, notre intégrité… et, à terme, nos valeurs. Je tiens que nos cerveaux ne sont pas faits pour ce déversement d’hormones en tout genre, qu’elles soient liées à la colère ou à l’attachement. Ce déluge nous renvoie à notre condition d’origine : nous sommes des animaux. Et à sept milliards sur une terre qui n’en peut mais, nous allons nous dévorer.