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Billet de blog 23 février 2014

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Les nouveaux cons

Une femme lit « Les nouveaux cons » d’Etienne Liebig. Personnage passionnant que cet éducateur de rue dans des quartiers de Seine-Saint-Denis. De la musique à la petite musique des mots…

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Une femme lit « Les nouveaux cons » d’Etienne Liebig. Personnage passionnant que cet éducateur de rue dans des quartiers de Seine-Saint-Denis. De la musique à la petite musique des mots…

Je me suis régalée. Ce dictionnaire « amoureux » de la connerie humaine est un met savoureux, un petit dessert à déguster au jour le jour. Il caricature nos mesquineries, nos arrogances, nos egos avec l’art subtil du langage, et parfois, souvent, une loufoquerie joyeuse. Ses comparaisons sont drôles et ses colères justifiées. Il y a quelque chose des « Caractères » de La Bruyère dans cette manière de nous brosser. Repassé au fer du contemporain.

Honnêtement, il est bien difficile de ne pas se reconnaître au fil des portraits. Un petit quelque chose de soi, une phrase, une pique, et l’on se voit, interloqué ou amusé, dans cette connerie ordinaire. Au quotidien, quand la vie nous rattrape, il est parfois difficile de prendre du recul, de se regarder pédaler. Alors ce livre est un excellent exercice d’abandon de ses certitudes.

Mise en bouche... J’avais le choix : le vieux gauchiste ; la nouvelle « allaiteuse » ; le jeune militant de droite ; … Mais j’ai choisi le blogueur, c’est de circonstance, et si vrai (pour moi aussi, arf !)… voici l’extrait.

Ce nouveau con se considère comme un homme de média parce que, chaque jour, il écrit trois idées ringardes sur son blog ou sur Facebook : « Aujourd’hui, j’ai descendu la poubelle et j’ai croisé mon voisin, il ressemble à PPDA. » D’autres blaireaux répondent en chœur : « J’aime ça », alors notre poète va plus loin : « Ouahh mon vélo est crevé, c’est la m… » Des génies se passionnent pour cet échange : « Prends les transports en commun. »

Et ça continue comme ça toute la nuit. Certains se prennent littéralement au sérieux et passent une partie de leur vie à rédiger des papiers que personne ne lira, mais qu’ils ont l’impression de livrer à tous les peuples de la terre parce qu’ils le lancent sur internet. Ils se couchent, fiers du devoir accompli, en rêvant que leur prose va changer le monde et faire évoluer la pensée politique générale. Avant même de prendre leur café et de se brosser les dents, ces nouveaux cons allument leur ordinateur pour mesurer l’impact de leurs textes sur les lecteurs potentiels. Comme toujours, trois ou quatre aficionados ont laissé des petits mots guillerets : « Trop fort », « On est tous derrière toi, Camembert (*) », « Camembert, Président ». Et Camembert se voit déjà à l’Élysée. Plus il avance, plus ses textes sont fouillés, et plus il est certain d’être reconnu et attendu pour la pertinence de ses propos alors que ses lecteurs sont tombé sur lui par hasard et sont eux-mêmes en quête de reconnaissance. Il lit les écrits de ses lecteurs qui lisent les écrits de leurs lecteurs dans une boucle qui se referme vite sur elle-même…

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(*) – Il faut toujours un pseudo malin.

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