Batailles de purée à la cantine. J’ai décidemment la narine délicate.
Moralisme vs Hygiénisme
Il y a, par ici, des débats aux fragrances de cadavre en putréfaction qui mélangent antisionisme et antisémitisme, sans que je n’aie un avis éclairé, mais qui me mettent mal à l’aise… Il y a, par-là, l’idée du lobby anti-lobby, qui pourrait m’amuser, où je pourrais me retrouver s’il ne farfouillait dans l’intime des élans en pourrissement. S’il n’était pas l’enjeu d’une bataille qui oppose le moralisme de gauche à l’hygiénisme de droite.
Le complot sioniste et tous les complots d’ailleurs, naissent de rumeurs et que le bon peuple colporte. Les « Protocoles des sages de Sion » en sont un exemple spectaculaire… Un faux fabriqué pour favoriser des politiques antisémites ainsi qu’antimaçonniques du Tsar Nicolas II… et dont on retrouve en permanence le fiel dans les échanges. Mais qu’un faux ait un temps fait école, à une époque où l’information supposait, pour être digérée, et le lettrisme et le moyen d’acquérir des écrits, on peut le déplorer mais le comprendre. Qu’aujourd’hui fleurisse sur la toile des exclamations en tout genre du type « Non, le Protocole des Sages de Sion n’est pas un faux ! », me laisse pantoise. Depuis un centenaire, on alimente des haines sur la base d’études bidonnées. J’ai bien peur que d’autres prospections oiseuses ne viennent susurrer des complots toujours plus terrifiants et toujours plus insidieux.
Que l’humanité ait la propension à se découvrir complotiste est une chose, que l’opinion publique et la gnose politique s’en emparent pour en faire des vérités de vote et de propagande électorale en est une autre. Qui m’amène à constater un penchant envahissant de nos élites : la jolie pensée de gauche bien morale vs la pensée hygiéniste bien blanche (entachée de bleu-marine) de droite, ces deux entendements étant séparés par le fleuve impétueux de l’intolérance réciproque.
… La pensée morale de gauche qui veut faire de toute personne un peu curieuse, qui s’interroge et qui choisit de ne pas voir le bien là où on lui dit qu’est le bien, qui choisit de ne pas instrumentaliser tout incident sous forme de marteau-racisme, faucille-libéralisme… qui souhaite garder recul et autonomie de la pensée… un suppôt de la peste brune.
… l’hygiénisme de droite qui salit toute tentative de mettre la société en conformité avec le contemporain, qui farfouille dans les dogmes d’un passé religieux pour dire, après lessive, la bienséance et la charité... et qui fait de toute personne ne dédaignant pas de regarder le pluriculturalisme... un gauchiasse traitre à la nation.
Et chaque camp écharpe l’incrédule, ratatine l’indépendant. Le pire, c’est que dans ce cloaque idéifié[1], nulle lumière jamais ne jaillit. On est au pays candide de la théorie nébuleuse. Ça se croit smilodon et ça se découvre chat de gouttière, qui fouille les poubelles pour sa pitance journalière…
(à suivre…)
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[1] Idéifier : Donner à une idée, aussi stupide ou sublime qu’elle soit, la parure de « parole de Dieu ».