Dernier billet de la série « je m’casse ».
Et ce que j’espérais trouver… ce que j'ai trouvé.
J’étais venue au tout début du commencement, parce que je pensais que Médiapart était un journal honnête, objectif, capable de mettre en lumière le meilleur et le pire, capable, au nom du participatif, d’entamer un dialogue serein avec ses abonnés. Comment que j’me suis gourée !!!
J’avais envie d’une marmite d’idées à explorer, de créativité, voire d’une bourse à projets. Pour sûr, je me suis trompée de crémerie.
Tiens ! L’aut’jour, en discutant avec une copine, nous sommes parties sur le « bar à sauces ». Quand on cherche ces trois mots sous gougueule, on tombe sur des plats pour présenter la gribiche ou encore des façons d’accommoder le poisson. Moi, que j’me disais, puisque la mode c’est au bar en tout genre : à soupe, à salade, à pâtes, à frites, à sourire… Pourquoi pas un « bar à sauces » ? Concept qui permettrait à un saucier de métier, d’ouvrir son troquet pour cadres pressés. On offrirait un certain nombre de plats de base simples et toute la façon de les rendre goûteux serait de les couvrir d’une onctueuse préparation au curry, à la tomate ou encore au pesto. C’est pas forcément idiot, même si, au départ, ça parait un peu farfelu. Peut-être que ça a déjà été imaginé du reste, je l’ignore. Et bien, Médiapart, pour moi, c’était mon bar à sauces : des idées simples dont toute l’épice serait imaginée dans des béchamels inventives.
J’aurais aimé lire des enquêtes sérieuses sur le monde de l’insertion, qui me parait nourrir des organismes au poids administratif et aux coûts de fonctionnement exorbitants, qui ne perdurent et prospèrent que parce qu’il sort de plus en plus de gosses en perdition de l’Éducation Nationale. Organismes dont les résultats en matière de remédiation sont plus que médiocres. Alors, au sein de la jolie gauche moraliste, celle dont je parle dans ma précédente note, on nous dira que c’est de la faute aux manques de moyens. Et la droite hygiéniste, elle, sortira un gloubiboulga infect, mêlant valeurs, insécurité, immigration et autres stigmatisations. Ben moi, je n’y crois pas à ces points de vue. On pourrait mettre sous perfusion de métaux rares toutes ces organisations qu’on n’obtiendrait qu’une amélioration infime. Ce n’est pas une question de beurre dans les épinards, c’est une question de mettre un peu de d’huile (d’olive) dans la poêle. C’est de se dire qu’il faudra bien réformer, mais que réformer, c’est toujours pour le restaurant d’en face, jamais pour son propre laboratoire, même s’il est une pétaudière.
Et j’aurais aimé pouvoir de temps à autre m’insérer, avec ma parcelle de culture, mon sens de l’humour parfois, sous les ors versaillais des articles du journal. Je dis « ors versaillais » parce que ce qu’il se passe me fait bien plus penser aux banquets de nos Louis qu’à un pique-nique champêtre. C’est à qui tartinera la biscotte, c’est à qui glougloutera, une gorgée de piquette dans la bouche, piquette savourée comme un Aloxe-Corton. Autour de la table, protégée d’une nappe en dentelle, dressée pour une épousée aux jours de ses noces, il n’y a pas la place du pauvre. Lequel pauvre, s’il ose vouloir poser une fesse dans un coin se fait renvoyer illico à sa condition de pauvre. Finalement, Médiapart, tout en conchiant, soit sous la plume perraldienne et sosies, soit sous celle des blogueurs, la petite bourgeoisie, se frotte la panse au repas des notables d’encre et d’idées… le paradoxe de créer une toque reconnaissable parce qu’elle conspue celle de l’autre.
Enfin, à force de voir des fantômes errer, des profils sans histoire, sans un article, sans un commentaire, qui apparaissent ou disparaissent au hasard des altercations, je vais finir par m’enquérir d’une crapaudine, de peur qu’on ne m’empoisonne. En ce moment, j’ai un Saint-Simon dont je suis le seul contact et qui n’est apparu qu’au moment où j’ai posté ma première lettre de rupture avec Médiapart. Comme dirait Druker : « Saint-Simon, si tu me regardes… ». Je me sens surveillée. Mon Saint-Simon a-t-il peur que je me barre avec les petites cuillères en argent ? Est-ce la blague d’un ami ? Est-ce une coïncidence ? Je mourrai probablement sans réponse à cette terrible question, sinon de poison, peut-être d’indigestion.
Voilà, je m’étais fait ma petite cuisine. Alors, si je ne peux pas en vouloir à Médiapart (mais ça se discute) que la table ne soit pas à la hauteur du menu affiché à l’entrée… Parce que si, me léchant les babines, j’ai salivé à l’avance sur ce dont je rêvais, plus que sur le contenu de l’assiette… je peux me mettre au régime et quitter le festin.
D’ici fin mars, il est possible que me viennent des mots, des bluettes, ce que j’aime le mieux mijoter au final. Je vais continuer à lire les blogs que j’apprécie. Mais l’écrit, pour moi, c’est surtout source d’humour, de créativité, de délire, de joie, d’échange et de partage. Ma façon de réfléchir le monde, c’est de dire en petites histoires. Et mon site, délaissé, se réjouira de me retrouver.