Spéciale décidace à l'ami Yvan, poète et chantre de l'ouvriérisme... qui apprécie si fort mes talents dans le vent (si je puis dire)...
Trou de balle et testicule
Un testicule, charmant au demeurant
Se sentait esseulé, abandonné,
Son alter ego, son autre pendant
Ayant désiré vivre dans d'autres contrées.
Le testicule quêtait un point d'ancrage.
Et voilà qu'un soir, pris de courage,
Il se fixe au hasard à un corps
Dépourvu de ce royal attribut.
Il se sent gonflé, mais c'est son fort,
D'avoir pu se coller à un cul.
Or, et c'est offense,
Dans sa rondeur en majesté
À un trou de balle sans défense
Il se permet de cacher la vallée.
Le trou de balle sent monter
Du plus profond de sa vérité
Une légitime colère
Qu'un intrus plus très vert
Lui cache un paysage
Dont il savourait le visage.
Le trou de balle fomente vengeance.
Il rumine, il engrange
De ces gaz puants, nauséabonds.
Il veut décourager le vagabond
De s'incruster en sa demeure
Et lui inspirer une terrible peur.
À force de labeur
Il s'enfle, il accumule, il rugit
Si bien que dans un bruit de fureur
Il lâche une caisse d'anthologie
D'une amplitude à faire pâlir
Le plus solide des Sires.
Le testicule en tremble, il sursaute.
Il s'interroge, il se tâte.
Mais voilà que l'odeur se hâte
D'assaillir ce coquin d'hôte.
Le testicule blêmit de la puanteur,
Suffoque et pleure.
Dans un instant de lucidité
Il abandonne son port,
Traitant le fion en vanité
De pauvre porc.
Le fion ne s'en laisse pas compter.
Il rétorque à l'andouille
Qu'il n'est qu'une pauvre couille.
Mais en partant le testicule, mesquin
Arrache quelques poils au petit malin.
Et le fion déplumé, se morfond
D'avoir ainsi perdu sa toison.
Moralité
Ni la couille ni le fion
N'ont le monopole de l'action.
Il y a toujours un vent sans fraîcheur
Qui vient mettre au pas les plaideurs.