J’étais là, en train de me pencher sur les anaphores respectives de nos deux derniers présidents, sachant que fleurissent sur internet toutes les versions pastichées de celle du débat d’entre deux tours… celle de François qui risque de devenir culte. « Moi, Président de la République », reprise quinze fois… quand, ruades et reculades m’ont hérissé l’échine.
Anaphore, donc, dont Guaino était un spécialiste quand il était LA plume. Et, pour mémoire, tirées de l’excellent livre de Louis-Jean Calvet, « Le jeu du signe », quelques références :
- 2006 à Périgueux, « C’est le miracle de la France », 6 fois ;
- 2007 à la Mutualité, « C’est le miracle de la France », 6 fois… on recycle ;
- 2007 à Caen : rebelote avec le miracle de la France ;
- 2007 au Congrès de l’UMP, « Je veux être le président de… », 28 fois (et dans l’ensemble de ses discours du moment, 145 fois) ;
- Toujours au même congrès : « J’ai changé… », 10 fois –Ah oui ?- ;
- Et en avril 2007 « Pourquoi tant de haine ? », 18 fois.
Je comprends mieux pourquoi Nicolas est resté coi quand François s’est lâché. Il a cru que son Henry l’avait abandonné. Pour reprendre une forme rhétorique chti… « Il n’a pas su dire quoi ! »
En aparté, Louis-Jean Calvet est le linguiste qui, en collaboration avec Jean Véronis, a écrit « Les Mots de Nicolas Sarkozy », où l’on découvre, aussi, le peu de richesse du vocabulaire dudit sujet Sarkozy.
Oui, mais voilà… Je me sentais l’humeur à la linguistique, et j’ai été rattrapée par une humeur sarcastique : ruades et reculades ! Je ne suis pas une grande spécialiste de la politique, loin s’en faut. J’ai des impressions, des ressentis, des coups d’émoi ou de gueule, des coups de chaud. Mais là, j’ai un coup de cafard. Ruades et reculades, depuis 18 mois, si je fais le bilan de ce gouvernement (que j’ai contribué à faire élire), et bien ce sont ces deux mots qui m’envahissent. Ça ne fait pas très sérieux, quand même, il faut bien le reconnaître. Bon d’accord, le quinquennat n’est pas fini. Mais l’espoir s’amenuise à chaque ruade et à chaque reculade.
Comme le dit Julliard, dans son éditorial du dernier Marianne, Hollande devrait créer un gouvernement de combat, restreint. Et, je cite (il s’adresse à Hollande) : « Vous risquez de perdre votre majorité ? Après tout, si une partie de vos troupes ne veut pas comprendre, la dissolution n’est pas faite pour les chiens. Vous verrez, ils se calmeront ! ». Mais, pour ça, il faut un seau de nouilles, avec un « N », comme coquillettes… Et, je me demande…