Faut que ça gicle.
“Les enseignants ne travaillent pas” dixit la porte-parole du gouvernement.
“Les profs ne se rendent pas compte, ils donnent beaucoup trop de travail, c’est n’importe quoi, ils devraient faire des cours en virtuel comme s’ils étaient en classe !” dixit mon beau-frère qui n’a aucune envie de jouer au professeur avec son fils dyslexique en 4ème et préfère jouer à sa playstation ou faire le ménage de la maison.
“Oui, allo, j’avais réservé pour demain soir pour l’anniversaire de ma femme, bon j’imagine bien que vous êtes fermés, j’aurai aimé savoir si vous livrez des repas à domicile ?” dixit mon père qui laisse ce soir un message téléphonique à un restaurant étoilé à proximité de chez lui.
Vous me fatiguez.
Dans n’importe quelle entreprise, de telles erreurs de langage, de vision, de réflexion coûteraient un blâme ou avertissement, suivi d’un licenciement pour faute grave.
Je suis dégoutée de ce pays, de ce monde où les citoyens n’ont plus aucun respect envers ceux qui les gouvernent et à juste titre, car ceux-ci sont totalement irrespectueux, incompétents, et dangereux pour le peuple. Je ne comprends pas qu’une révolution ne se mette pas en marche. Je ne comprends pas. Nous sommes nombreux à constater ces manquements, ces défaillances, et pour autant rien ne change.
Nos parents ont tellement “fait avec” pour "ne pas faire de vague”. Ils ont participé ou fait mai 68, c’est bon, chacun son tour, "vous avez qu’à la faire votre révolution".
Ils n’ont tellement rien combattu depuis la fin des années 80. La génération pépère. La génération qui a accepté toutes les magouilles, tous les irrespects, tous les manquements. On râle chez soi, et c’est tout.
Nous n’en pouvons plus de ce monde. Egoïste. Qui marche complètement sur la tête. Qui se laisse gouverner par des incapables, par des hommes et femmes dangereux. Totalement irrespectueux. A “cette hauteur” de l’Etat, vous n’avez pas le droit à autant d’erreurs.
Que se passe-t-il ?
Pourquoi sommes-nous si mous du genou ? Nous ne le sommes pas. Nous nous battons comme nous le pouvons. La génération qui a envie, qui a bouffé toute sa jeunesse les “bonnes paroles” et “sagesse” de la génération baby-boom invitant à ne pas faire de vague, et qui est suivie, heureusement, par la nouvelle génération qui secoue, bouscule, parfois frappe brièvement mais fort.
Jeunesse, nous avons besoin de vous.
Vous devez agir, avec nous. Nous devons agir. Le monde de demain dépend de vous et de nous (les quarantenaires, trentenaires). Ensemble nous pouvons faire quelque chose, dire non et stop à toute la mascarade de ce monde mis en place et qui est, de la tête aux pieds, complètement obsolète.
Il s’agit de faire la révolution, la révolution que ma génération n’a pu que par interstice rêver, entrapercevoir, avant de se faire absorber par ces gens qui ne voient rien. Nous ne pouvions cependant imaginer que l’on pourrait en arriver là, à autant de décadence sur la place publique.
Votre monde est décadent. Celui que vous nous affichez tous les jours. Quelle honte. Quel irrespect.
Je veux voir demain.
Je veux d’un monde meilleur.
Je refuse d’être représentée ainsi et que l’on donne la parole à des gens mauvais. Car toutes ces phrases de la porte-parole du gouvernement entre autres ne sont pas des erreurs. A ce niveau là, il ne s’agit pas d’erreur.
Je demande aux médias, aux forces médiatiques, aux journalistes de s’arrêter et de retrouver leurs âmes. De se regarder en face, et de faire leur travail tel qu’ils l’ont toujours rêvé, avec honnêteté et objectivité. De quitter la peur, la peur de perdre leur travail, leur réputation ou que sais-je. Arrêtons d’avoir peur et agissons tel que nous le voulons, guidés par le bon sens, la bienveillance, l’altruisme, le respect, l'avenir.
Je demande du courage. Vous pouvez le faire. Nous pouvons le faire. Nous n’en pouvons plus de vivre en ce monde qui nous crache tellement au visage, qui nous méprise tellement, qui nous insulte.
Ensemble nous y arriverons. Ensemble.
Cette crise est une occasion unique pour chacun de se regarder dans le miroir et de décider ce qu’il veut vivre le reste de sa vie ? Vivre en adéquation avec son humanité, ses valeurs. Ou vivre, continuer à vivre dans ce tunnel, cette course contre la montre qui s’achèvera tristement.
Ne me donnez pas à haïr, à fuir.
Réveillez-vous, réveillons-nous.
Je suis née en 1977.
Je déteste mes parents d’avoir autant été passifs face à tout ce système. Comme c’est facile de dire “on y peut rien, c’est comme ça”. Ce soir, malgré tout l’amour que je leur porte, je suis furieuse contre eux. Qu’ils se soient si peu battus pour nous offrir un autre monde. Ils se sont battus dans leur cercle. Aucune pensée globale. Ils ont peut être faits comme ils ont pu, tout cela leur aurait échappé aussi...?
Je ne sais pas. Je constate simplement que ça ne peut plus durer et que c’est maintenant qu’il faut agir. Agir. Agir.
Je ne comprends que je puisse vivre dans un pays où je paie une télévision, je paie une redevance pour regarder les émissions que cette télévision me propose, et que cette même télévision diffuse des êtres, des idées, des paroles, des propos, des histoires si irrévérencieux, si malsains, si néfastes pour nous tous.
Rien n’est immuable.
Tout est possible.
Agissons.