Depuis deux mois, le paysage politique britannique est en pleine mutation, porté par l’ascension fulgurante du Green Party dirigé par Zack Polanski. Élu à la tête du parti avec près de 85 % des voix, il a enclenché une dynamique sans précédent. En quelques semaines, les effectifs ont plus que doublé pour atteindre 150 000 adhérent·es, dépassant même ceux du parti conservateur. Dans les sondages, les Greens grimpent désormais jusqu’à 17 % d’intentions de vote, devant le Labour, pourtant au pouvoir, et deviennent le premier choix des électeur·ices de moins de 50 ans.
Une dynamique déjà amorcée
Cette percée ne sort pas de nulle part. Elle s’inscrit dans une tendance de fond. Les Greens ont connu depuis 8 ans une progression continue sur le terrain, passant de 179 élu·es locaux en 2018 à plus de 850 en 2025, et sont passés d’une seule députée depuis 2010 à quatre député·es élu·es en 2024. Mais ce que nous observons depuis l’élection de Zack Polanski dépasse cette croissance régulière. C’est un véritable tournant politique, un moment d’adhésion collective à un projet écologiste, social et radical.
Le délitement du Labour et le vide à gauche
Cette montée en puissance des écologistes s’explique d’abord par le vide politique laissé par le Labour. Sous la direction de Keir Starmer, le parti a progressivement glissé vers le centre, voire vers la droite, abandonnant les attentes d’une grande partie de son électorat de gauche.
Son gouvernement a multiplié les propositions de mesures antisociales : réduction des aides au chauffage des retraité·es, coupes dans les allocations pour les personnes handicapées, maintien du plafond de deux enfants pour les allocations familiales instauré par les conservateurs. À cela s’ajoute une rhétorique anti-immigration de plus en plus dure, reprenant parfois des accents empruntés à l’extrême droite en évoquant une “island of strangers”, formule qui rappelle les discours d’Enoch Powell, ainsi qu’un durcissement des conditions d’accès à la nationalité, désormais fixées à 10 ans de résidence au lieu de 5 ans.
Enfin, les silences prolongés du gouvernement pour dénoncer le génocide à Gaza et sa complaisance à l’égard de Trump ont creusé un fossé profond entre le Labour et sa base progressiste. Dans ce contexte de désillusion, un nouveau visage et parti ont su incarner la relève de la gauche.
Zack Polanski : radicalité, clarté et espoir
Face à ce contexte, Zack Polanski, membre de l’Assemblée de Londres depuis 2021, incarne une alternative radicale, inclusive et porteuse d’espoir. Élu à la tête du parti face à deux député·es, il a défendu un programme clair, articulé autour de quatre piliers de la justice : environnementale, raciale, sociale et économique. Il défend ces thèmes en articulant la lutte écologique et la transformation sociale, en mettant en avant la taxation des ultra-riches, la défense des services publics et le combat contre l’extrême droite.
Et il ne fuit pas les étiquettes qu’on lui colle. Il a été décrit comme juif, gay et vegan, il en a fait une force politique. Fier de son identité, il en tire une légitimité pour défendre l’égalité et les droits LGBTQIA+, une écologie ambitieuse et un discours résolument antiraciste.
Sa communication et son ascension font écho à ce qu’a accompli Zohran Mamdani lors de sa candidature à la mairie de New York : une politique audacieuse, populaire, et ancrée dans les luttes sociales.
Zack Polanski a aussi lancé son podcast depuis son élection à la tête du parti, Bold Politics (Politique audacieuse), avec déjà des millions d'écoutes. Il y aborde avec ses invité·es des sujets comme le discours anti-immigration, la radicalisation des jeunes hommes, la taxation des ultra-riches, le retour du Royaume-Uni dans l’Union européenne et les droits des personnes LGBTQIA+. Sa sincérité et son accessibilité sont rares dans la sphère politique britannique.
Mobilisation, terrain et vision politique
La vague d’adhésions au Green Party s’explique en grande partie par l’envie de participer à cette dynamique collective impulsée par Zack Polanski. J’ai suivi de près cette élection interne, et j’ai pu mesurer l’énergie qu’elle a suscitée, portée par une direction claire et mobilisatrice.
Ses messages sont à la fois simples et percutants. Quand il affirme qu’il faut se battre non pas contre les petites embarcations de migrant·es, mais contre les yachts, il résume en une phrase l’essence de la justice sociale et environnementale. Au-delà de la conquête électorale, Polanski dévoile ainsi une méthode politique fondée sur la clarté, la cohérence et l’engagement sur le terrain.
Une leçon politique pour les écologistes
Ce succès dépasse les frontières britanniques et illustre une stratégie politique exemplaire. Zack Polanski et les Greens démontrent qu’un discours radical et clair peut véritablement conquérir l’opinion.
L’expérience britannique est à la fois une source d’inspiration et un appel à la confiance. Elle prouve qu’une écologie radicale n’effraie pas, mais rassemble. Que la clarté politique ne divise pas, mais donne envie d’y croire. Et que la gauche écologiste peut être forte lorsqu’elle assume pleinement ce qu’elle est : une force de transformation, fière de ses valeurs, ancrée dans la société, audacieuse dans ses propositions et toujours à l’écoute des gens.