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Billet de blog 17 mars 2017

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Pas loin d'être en colère

Une note de révolte et d'indignation.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Au regard de notre histoire commune, nationale et internationale mais surtout au regard des luttes sociales, les dernières générations, dont la nôtre, sont impardonnables. Nous avons trahi nos parents, nos ancêtres qui, partant de rien, ont lutté avec acharnement, se sont battus pour arracher une dignité, une fierté humaine qu’on leur refusait à eux salariés et à leurs familles. Beaucoup d’entre eux l’ont même payé de leur vie.

Nous nous sommes laissé prendre au piège du matérialisme dont l’individualisme et l’égoïsme sont les deux piliers sur lesquels il repose. Maisons, appartements, voitures, résidences secondaires, mobilier et autres biens matériels sont les chaînes invisibles de notre esclavage et c’est là que justement réside la subtilité du processus engagé ouvertement par la classe possédante depuis le milieu du 20ème siècle.

Nous n’ont pas su assuré la transmission nécessaire et indispensable à la poursuite de la lutte engagée bien avant nous par nos ancêtres, pour une société où liberté, égalité, fraternité ne sont pas juste des mots vides de sens servant de faire valoir aux ambitions d’hommes et de partis politiques au service d’un marché aux mains d’une minorité n’ayant plus rien en commun avec le reste de la population mais au contraire les bases matérielles et tangibles qu’il est de notre devoir permanent d’entretenir et de développer.

On nous a dit et on nous rabâche encore aujourd’hui que la notion de lutte des classes est une invention gauchiste, que les classes n’existent pas ou n’existent plus. Il suffit pourtant de citer  Warren Buffet, homme d’affaires américain faisant la pluie et le beau temps aux USA :
- Il y a une lutte des classes, bien sûr, mais c’est ma classe, la classes des riches qui mène la lutte et nous gagnons («  There’s class warfare, all right, but it’s my class, the rich class, that’s making war, and we’re winning. » CNN-2005 ).

C’est donc pour cela que pour évoquer cette classe possédante, cette classe dirigeante, ce capitalisme devenu fou et aveugle qui balaie la planète, fauche des milliers de vies et détruit notre environnement sans sourciller qu’il nous faut utiliser le terme de « classes » pour y faire référence car c’est une réalité tangible.

Cet homme, ce Warren Buffet, à la tête d’un empire et d’une fortune dépassant tout entendement et toute décence nous jette au visage ce que portant les médias réfutent à grands renforts d’arguments plus fumeux les uns que les autres. Les penseurs officiels et officieux des pouvoirs en place se joignent également au concert d’aboiements des chiens de garde de cette classe dirigeante et arrogante dont ils sont pour la plupart les employés grassement rémunérés.
L’extrême richesse de cette classe est en contraste scandaleux avec son extrême minorité. Il semblerait même que l’ensemble des salariés qui représente la majorité, l’écrasante majorité accepte cet état de fait car nous constatons que rien ne change et si rien ne change c’est donc bien que nous l’acceptons.

L’internationale socialiste est resté lettre morte mais l’internationale capitaliste est aujourd’hui une réalité, une amère et cruelle réalité pour l’ensemble de la population de notre planète.
Il en est de même de la fameuse planification soviétique décriée, ridiculisée, déchirée en lambeaux pendant des décennies par ces mêmes chiens de garde. C’est pourtant depuis des décennies l’outil principale de cette classe dirigeante et cette planification n’est pas exclusivement nationale mais mondiale, globale. Et pourtant, qui en rie aujourd’hui ? Qui se moque de ce concept de planification ? Personne car en fait planifier est aussi naturelle que respirer et l’homme a toujours planifié ses activités et ce qui lui a permis de survire. Mais là encore dans la démarche de propagande bien huilée de cette classe dirigeante, ce qui est ridicule pour les uns est honorable pour les autres.

Nous parents des enfants nés dans les années 90, sommes responsables de la situation actuelle qui leur est imposée lorsqu’ils abordent le marché du travail plus semblable d’ailleurs à un marché aux esclaves.

Nous livrons nos enfants au marché, leurs premiers pas dans le monde du travail sont sanctionnés par des contrats à durées déterminés renouvelés aussi longtemps que possible permettant aux employeurs/exploiteurs de se défaire de nos enfants quand et comme ils le souhaitent et cela en toute impunité et avec même la bénédiction de ceux que nous, leurs parents, avons élu.

Nos enfants doivent se taire sinon c’est la porte. Ils doivent accepter des salaires de misère pour espérer poser quelques lignes sur leur CV sinon c’est la porte.
Ils font des études longues pour faire des boulots ne nécessitant aucune formation. C’est une honte national, c’est une honte au niveau de l’Europe où le chômage des jeunes tourne autour des 30%.
C’est pourtant cela que nous leur proposons, c’est l’avenir brillant pour lesquels, nous, parents, avons tant peiné et sacrifié !

Nous vivons une époque indécente. La presse d’information nous raconte n’importe quoi, nous bombarde de soi-disant informations  toutes plus fragmentées les unes que les autres et dont l’objectif scientifique et réfléchi est de ne rien en retenir.
La presse écrite se résume aujourd’hui à ces torchons distribués gratuitement dans les transports en commun, les magasins, les centres commerciaux et qui ne contiennent que quelques entrefilets concernant des faits divers, des « news people » et du sport. Les 80% restants de ces soi-disant journaux ne sont que de la propagande sous forme de publicité.
Il est évident que le choix est vite fait pour la majorité des populations dont les revenus se sont contractés sérieusement ces dernières décennies entre un journal payant au contenu sérieux et un de ces torchons gratuits. Réalisons tout de même quel outil de propagande formidable représente ce genre de médias pour cette classe dirigeante !
La publicité qui pollue notre champs visuel et auditif 24h/24h nous conditionne, faisant à la fois de nous des petits soldats consommateurs bien réceptifs aux modes et dernières nouveautés inutiles en cours et des citoyens dociles, obéissants et soumis au pouvoir dominant et écrasant de cette classe.

Cette publicité qui n’est en fait que la propagande des pouvoirs en place entretient et valide une course effrénée à la consommation et où rien d’autre ne compte que consommer, consommer et toujours et encore plus consommer.

Le mot magique que la publicité véhicule c’est « concurrence », om met tout en concurrence, du berceau au tombeau tout est dorénavant en concurrence : les places en maternelle, en concurrence ; les places à l’école, en concurrence, les places sur le marché de l’emploi, en concurrence. Concurrence à tous les niveaux de la société, à toutes les étapes de nos vies.
Désormais tout gravite autour de cette notion de concurrence. Elle est devenu la valeur centrale dont le poids écrase les individus au mettre titre que l’argent. Les deux ne sont en fait que deux aspects parmi bien d’autres du capitalisme aveugle que le fondamentalisme libéral utilise pour mettre en esclavage nos sociétés.

Qu’est-ce d’autre que le soi-disant accès à la propriété qu’un enchaînement des individus aux banques par le crédit auxquels on donne l'illusion de posséder et donc d'avoir à défendre. Une fois pris dans les mailles du filet à chacun de se débattre avec ses traites et ses factures et de ne plus rien voir d’autre que son intérêt ou plutôt sa charge financière personnelle.
Cette mise en esclavage insidieuse utilise tous les ressorts possibles de l’industrie moderne dont l’un est tout particulièrement fructueux et efficace : l’industrie des jeux et du jeu. Là encore, c’est notre jeunesse, nos enfants qui sont essentiellement visés et touchés par les jeux vidéo en ligne. Nos jeunes  développent une dépendance inquiétante générant un manque d’engagement général qui devrait nous interpeller sérieusement et durablement.

Par ces différentes méthodes misent en place il est assez facile de voir qu’il s’agit bien d’un enchaînement pensé et organisé des peuples dont un des résultats tangibles est que la conscience politique ou plutôt ce qu’il en reste est réduite au porte-monnaie et à soi-même. Cela est très grave aussi bien pour l’individu que pour l’espèce humaine où la solidarité et l’entre-aide nous ont permis de traverser les âges et à de survivre. C’est pour cela que cette obsession de l'accumulation d'argent est une maladie au sens propre du terme car elle anéantie les sentiments de partage et de compassion. Elle développe la cupidité poussée à l'extrême chez les personnes qui s'y laissent aller, l'égoïsme sans retenue, le mépris des autres.
Il suffit pour s’en convaincre de voir ces grands patrons et PDG qui pavoisent au quotidien dans les médias en nous annonçant des profits toujours plus faramineux les uns que les autres pour eux et leurs actionnaires mais nous précisant qu’il est toutefois nécessaire de licencier des milliers de salariés avec toutes les conséquences de misères et de tragédies que nous connaissons trop bien autour de nous mais que cette classe exploitante ignore et résume par l’expression méprisante de plans sociaux. Cette classe ne vit pas dans le même monde que nous, elle est une insulte à l’humanité et tout spécialement envers tous ceux qui souffrent par manque des produits les plus basiques comme l’eau et le pain sans parler d’un toit au-dessus de la tête.

C’est précisément ce constat qui doit nous convaincre que d’un point de vue politique, la gauche se doit de retrouver son rôle de parti progressiste et innovateur. Elle ne doit pas réduire son action et son ambition à n’être ou ne devenir qu’un parti gestionnaire à l’image de ces partis moribonds qui monopolisent aujourd’hui l’espace publique et ne sont que les instruments totalement contrôlés par la finance et l’industrie.
L’objectif et le centre d’intérêt de la gauche a toujours été et doit rester l’être humain, son bonheur, sa réalisation et son bien-être. C’est en ce sens que des propositions fortes telles que par exemple la semaine de 4 jours, des semaines de congés payés supplémentaires (pour se rapprocher peu à peu du modèle des congés des enseignants en France), un vrai régime de retraite qui permette de vivre dans la dignité, devraient mobiliser toutes nos forces et notre énergie. De vraies mesures pour les citoyens, des mesures concrètes pour le peuple, pour le quotidien, pour la réalité. Des mesures qui renouent le lien entre le peuple et ses représentants et qui redonne au peuple la conscience de son importance et la confiance en sa force et sa détermination.

Nous le constatons depuis de longues décennies maintenant : plus on facilite les procédures de licenciements et plus le chômage augmente. Le chômage ne dégonfle plus et cela est dû en partie à l’automatisation et à l’informatisation de nos sociétés ainsi qu’au fondamentalisme ultra libéral imposé par la droite et la social-démocratie. Des pans entiers de nos industries ont été bradés pour satisfaire la cupidité sans limites des grands groupes capitalistes. Des régions entières ont été sacrifiées sur l’autel de la concurrence aveugle.
Pourtant la classe dirigeante réclame encore et encore plus de libéralisme au niveau des contrats qui à ses yeux ne sont que des contraintes. Elle veut pouvoir disposer de nous comme d’un objet qu’on utilise à son bon vouloir et que l’on jette sans remord dès que l’on estime ne plus en avoir besoin.

Comprenons bien que l’automatisation et l’informatisation des outils de production a libéré le salarié de tâches répétitives et abrutissantes, de processus non gratifiants au niveau de la personne mais toutes les technologies que l’on classe derrière ces appellations d’automatisation et d’informatisation nous ont été présentées comme devant apporter à l’être humain plus de temps pour lui-même, pour son développement personnel, pour ses loisirs. Qu’en est-il aujourd’hui de ces promesses ? Qu’en est-il aujourd’hui de cette « libération » qu’on nous promettait en échange de l’introduction de toutes ces technologies dans les entreprises ?

Ceux d’entre nous encore debout ayant souvent par le plus grand des hasards survécu ou résisté au tsunami technologique des trente dernières années sommes aujourd’hui devenus des citoyens modernes bien dressés, les nouveaux esclaves des nouveaux barbares, les yeux rougis et figés sur nos minuscules écrans de téléphones portables, s’inventant des « amis » en documentant sa vie personnelle pour des milliers d’inconnus que nous ne connaissons pas et ne rencontrerons sans doute jamais. Toujours  occupés, fascinés et figés devant nos écrans d’ordinateurs, devant nos télés toujours plus performantes, nous sombrons lentement obsédés par la possession du dernier modèle, la dernière nouveauté, le dernier techno-truc la plupart du temps complètement inutile.

Où est-il ce paradis technologique, ce futur de liberté qu’on nous avait annoncé et promis ? Cela ressemble plus à l’enfer qu’au paradis !
Où est la place du ne rien faire, de la rêverie, de l’ennui nécessaires et indispensable à l’équilibre de tout être humain ? Mais sommes-nous encore des êtres humains aux yeux de cette classe dirigeante ? Sont-ils eux-mêmes d’ailleurs toujours des êtres humains et l’ont-ils jamais été ?

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