A y regarder de plus près, les résultats des élections professionnelles chez les cheminots sont un sérieux coup de semonce pour les privatiseurs du rail. La tentative de constituer un "pôle réformiste" pesant 30% et pouvant, grâce à la nouvelle loi sur la représentativité syndicale, signer des accords "de qualité" avec la direction SNCF, a fait long feu. Les organisations syndicales qui se disent "réformistes", façon comme une autre d'abuser du sens des mots, n'atteignent pas ce seuil de 30%. ( CFDT CFTC UNSA FGAAC). Donc, pour signer un accord collectif, la Direction SNCF devra passer sous les fourches caudines de la CGT des cheminots. Encore faudra t-il que les dirigeants de cette puissante fédération se conforment, comme le dit si bien Didier Le Reste, "aux attentes des cheminots" et tournent le dos une bonne fois pour toute à toute forme de syndicalisme d'accompagnement. A cet égard, le résultat de SUD-Rail a valeur de garde-fou, contre toute dérive de la CGT vers un syndicalisme de pacotille. En particulier, la percée spectaculaire de cette fédération à Saint Lazare ,passant de 26 à 31 %, tous collèges confondus (17,67 % au niveau national). Chez les agents de conduite, SUD-Rail a même connu une hausse spectaculaire de 27 points, bondissant de 27 % à 53 %. Dans les autres gares, SUD progresse également, passant ainsi de 8,3 %, à 15,7 % à Paris Nord. Ainsi, 57 % des cheminots se retrouvent dans le syndicalisme de lutte, avec ses deux "écoles" CGT et SUD. Quant à la poussée de l'UNSA, c'est un trompe-l'oeil car, dans plusieurs Régions, l'UNSA faisait liste commune avec la CFTC. Sans cet apport de voix bénitières, l'UNSA stagnerait.
Il y a toutefois une ombre au tableau : 14% des cheminots, ceux qui ont voté pour FO, la CGC, la CFTC, ne seront plus représentés du fait de la nouvelle loi sur la représentativité qui entrave le pluralisme. C'est un déni de démocratie. Un de plus, dans ce pays atteint de sarkoze.