Si nous prenons le temps d'observer attentivement le nombre d'oiseaux-idées qui virevoltent sans cesse dans notre esprit, nous nous apercevons de deux choses :
la première est qu'ils sont une multitude, et la deuxième est que nous ne maitrisons ni leurs apparitions, ni leur disparitions.
Un marin maitrise-t-il l'apparition d'un oiseau près de son bateau alors qu'il se trouve au large ?
Non, et il ne maitrise pas plus sa disparition à l'horizon.
Si nous gardons cette métaphore, l'esprit est comme un immense espace où apparaissent et disparaissent des oiseaux-idées. Ils viennent de nulle part et retournent d'où ils viennent, nulle part.
Peu de personnes ont observé le fonctionnement de leur propre esprit, entrain de fonctionner.
C'est pourtant très facile. Il suffit, le corps détendu, d'observer les oiseaux qui virevoltent dans cet espace infini. Et développer sa concentration, c'est choisir au hasard un oiseau et ne pas le quitter quoi qu'il fasse, pendant une, deux, cinq, mille, un million de minutes. Les autres continuent à s'agiter, et au bout d'un moment, ils s'apaisent.
Concentré-e sur n'importe quelle tâche, nos sens ne sont plus aussi alertes qu'avant, au point que certains n'entendent ou ne voient plus rien d'autre que leur tâche, croient-ils, car en fait nous « entendons » les sons, mais ne sommes pas concentrés sur les oiseaux-son, nous ne les « écoutons » pas.
Notre esprit a donc la capacité de s'observer lui même. Ce qui est impossible pour un cycliste est d'une facilité déconcertante pour n'importe qui, même un cycliste.
Cette qualité inhérente de l'esprit à pouvoir s'observer lui même est d'une importance capitale.
On peut se poser la question « si j'observe mon esprit, qui observe ». Et encore, « si quelque chose de mon esprit observe mon esprit, c'est quoi ? ».
Disserter sur l'esprit pose encore une autre question, et pas des moindres car elle fait couler beaucoup de salive et d'encre …
Exemple : depuis vingt ans je fais le même trajet pour aller au travail et je connais chaque recoin du chemin. Un jour je « décide » de passer par un autre chemin.
En d'autres termes, j'ai donné l'ordre, par l'intermédiaire de mon cerveau, à mes jambes de me porter ailleurs.
Quelle est la partie de mon esprit qui a « décidé » d'aller à l'encontre de mes habitudes ?
Mon système nerveux m'indique que j'ai besoin de boire. Qu'est-ce qui va donner l'ordre de prendre une bière plutôt que de l'eau ?
Disserter sur l'esprit oblige à prendre en compte ce que nous dénommons « la conscience ».
Mais c'est quoi et où la conscience ?
Certains neuroanatomistes affirment qu'il ne peut y avoir d'esprit sans cerveau. Que la pensée est assujettie aux sens par l'intermédiaire de nos connexions cérébrales.
C'est possible, mais il y a un problème.
Nous avons une multitude d'exemples de personnes ayant vécu des « décorporations » lors d'opérations chirurgicales notamment. Elles se sont avérées capables, en anesthésie générale, de voir ce qu'il y avait derrière un rideau totalement opaque.
Alors que leur cerveau est derrière le rideau, elle peuvent décrire toute la scène, des deux côtés du rideau, très fidèlement à leur réveil.
Les questions que cela pose ne sont pas anodines.
L'esprit est-il totalement assujetti au corps ?
Si c'est le cas, le jour où nous décidons de changer de trajet serait-ce qu'un neurone a pris la tangente ?
Comment expliquer la créativité artistique ? Par une agitation neuronale qui serait hors du commun ?
Si ce n'est pas le cas, c'est qu'au delà du cerveau, il existerait quelque chose que nous appelons « esprit » ?
Cette chose nous rendant capable de changer quand nous le décidons.
Promis à un très grand avenir dans la finance internationale, un directeur financier a décidé, un jour où un neurone s'est peut être trompé de chemin, de tout arrêter pour ouvrir une librairie. Alors qu'aux débuts de sa carrière il était très excité par ses résultats, et ses patrons de même, il m'a dit avoir pris conscience des conséquences de ses actes et qu'il ne pouvait plus continuer. Allant au travail en vomissant tous les matins, donc un processus dans le temps et non soudain, il est arrivé à la conclusion qu'il valait mieux faire quelque chose d'utile pour tous que continuer à jouer au prédateur. Situation qui ne lui était jamais arrivée dans sa vie.
Qu'est-ce qui précède l'acte, n'importe quel acte ? C'est bien l'idée que nous avons de cet acte avant de le commettre. Avant de nous mettre à courir ou faire une omelette, il faut bien en prendre la décision.
Partant de là, nous avons bien deux types bien distincts d'idées : celles que nous décidons et celles qui sont automatiques. Alors que nous sommes concentrés sur une étude quelconque, beaucoup d'idées apparaissent n'ayant rien à voir avec le sujet et disparaissent tout autant. Si nous pouvons faire le tri, c'est très sain pour la santé mentale. Mais peu de personnes le font.
Nous pouvons dire, comme le fait très bien l'expression, que « les idées nous traversent l'esprit ».
Mais le plus étonnant est que nous croyons à ces idées.
Un cinéma incroyable se déroule dans nos esprits, et alors que, même si nous avons des réactions émotionnelles quand nous voyons un film, nous ne perdons pas la boule au point d'oublier que ce n'est que du cinéma. Pour le cinéma perpétuel engendré dans nos esprits, c'est le contraire, nous y croyons dur comme fer, et la plupart appellent cela « penser » !
Sauf qu'entre « penser » et « avoir des pensées », il y a un monde.
Finalement, « penser » et « réfléchir » n'ont rien à voir avec le fait de suivre les oiseaux-idées de nos films cérébraux.
Si nous observons un violeur quelconque, nous nous apercevons qu'il est persuadé de la véracité de ses pulsions.
Nous en avons la preuve vivante en ce moment avec les évènements de Syrie. Les violeurs de fraternité que sont les va-t-en guerre pour piquer le gaz croient véritablement qu'ils ont besoin de ce gaz, alors qu'ils ne font que suivre bêtement les injonctions de l'accumbens qui leur signalent qu'il pourrait y avoir frustration.
Ils sont aussi obsédés qu'un drogué en manque. Ils n'ont donc plus aucune clairvoyance quant à la réalité des faits, car ils voient tous les phénomènes avec la coloration de leur manque.
Pour ceux qui veulent faire la guerre en voulant véritablement sauver la population martyrisée de Syrie, s'ils étaient un tant soit peu logique, au lieu de vouloir casser la gueule à Bachar ils prôneraient ce que tous nous faisons de façon habituelle.
Quand deux enfants se battent, que faisons nous habituellement ?
D'abord, nous essayons d'arrêter la bagarre.
Une force d'interposition entre les parties ne serait-elle pas une solution adéquate ?
Les gamins bien sûr accuseront l'autre partie « c'est lui qu'a commencé », et l'autre de répliquer « mais il m'a insulté » etc … Le grand Zidane à la finale de coupe du monde ...
Comme pour les jouets, la différence entre des gamins et des adultes est que la colère des uns fait des yeux au beurre noir, et la colère des autres fait des morts. Mais cela reste de la colère.
Vouloir piquer les billes ou les poupées des autres est du même registre émotionnel que piquer le gaz ou les diamants des voisins, c'est de l'avidité.
C'est interdit par la loi si vous ne faites pas partie des zélites, mais si vous en faites partie, ça s'appelle « le droit d'ingérence », « sauver le peuple », « punir le fautif », la concurrence normale dans un monde capitaliste.
Le drogué en manque est prêt à tout pour avoir sa dose. A observer le plus célèbre espagnol naturalisé français de notre république, c'est vérifié. Et même qu'il se met en colère quand on se risque à remettre en cause ses attitudes. Un gamin auquel on a piqué sa pelle et son seau !
Peut être qu'un Rom lui a fait ça quand il était petit et il ne s'en est toujours pas remis.
Et pourtant, ce n'est que du cinéma cérébral fruit de l'accumbens.
Le fait de croire à ce qui se passe dans nos esprits est La cause principale de toutes les guerres et calamités du monde. C'est cela la malédiction humaine.
Parce que nous avons un message de l'accumbens, nous croyons vraiment que nous sommes en manque et que nous sommes donc en danger.