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Billet de blog 14 novembre 2013

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la banalité du mal

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

"Murmelstein récuse véhémentement la thèse de la « banalité du mal »"

La banalité, tout le monde comprend la même chose dans ce mot.

Quant à parler du "mal", les divergences sont nombreuses.

Annick Valibouze nous fait un plaidoyer pour les femmes, Ptetmai pour la FDII, un autre ce sera pour les bébés phoques ou encore toute cette multiplicité d'articles de médiapart sur les diverses prévarications et malversations de nos politicard-es.

Mais finalement, qu'est-ce que "le mal" ?

Peut-il exister un seul "mal" se déclinant de façons aussi variées que l'est capable l'imagination humaine c'est à dire infinie ?

L'enfer étant pavé de bonnes intentions, la réponse, si réponse il y a, demande énormément de délicatesse.

Dans l'expérience de Milgram, 92% des personnes vont jusqu'au bout de l'électrocution du sujet, c'est à dire 450 volts.

Est-ce mal ?

C'est en tout cas une réalité.

Un être humain peut être sensible sur un sujet, par exemple les bébés phoques, et totalement insensible à d'autres questions. De même qu'on peut consacrer sa vie à la shoah et dans le même temps mettre beaucoup d'énergie dans l'élimination, une shoah-bis, d'une autre population.

Quelle est la référence qui permet d'affirmer que ceci est un mal et ceci est un bien ?

Pour l'administratif, refuser un papier à un immigré n'est ni un mal ni un bien, c'est la loi.

Pour un flic de la rafle du vel d'hiv ... il fait son boulot, car ce qui serait mal pour lui serait de ne pas le faire.

Combien de fois par jour nous obligeons-nous à faire des choses qui ne nous plaisent guère et même à l'encontre de notre éthique ? Je me rappelle les larmes de la ministre italienne des affaires sociales du gouvernement Monti.

L'être humain possède deux types de pilotage, l'un est automatique et l'autre est réfléchi.

http://blogs.mediapart.fr/blog/chenpeneuzer/030913/pensees-et-neurobiologie-du-cerveau

Le pilotage automatique défini le mal comme quelque chose qui gêne personnellement.

Comme j'ai peur des araignées (des serpents, des insectes, de mes voisins, des fantômes, des immigrés, des riches, des pauvres, des hommes, des femmes, ...) il faut éradiquer leurs nuisances.

A la réflexion, on peut entrevoir que les araignées bouffent les moustiques et que décider d'empêcher un peuple de vivre n'est pas la meilleure façon d'être tranquille chez soi.

Si les nazis avaient réussi à supprimer tous les juifs, les tsiganes, les homosexuels, les handicapés, les russes du monde, est-ce pour autant que l'humanité en eut été changée de quelque manière ?

Non, car notre cerveau définit le "mal" comme une gêne personnelle.

Pour se sortir de cet imbroglio infantile digne de la psychologie d'un enfant de moins de sept ans, l'âge de raison que n'arrive pas à dépasser notre sinistre ex-espagnol naturalisé français, il faut réfléchir. Et il faut réfléchir "intelligemment".

Ce qui n'est pas donné à tout le monde de la même façon.

La peur est mauvaise conseillère dit-on. Oui, mais comme les conseilleurs ne sont pas les payeurs, nous ne sommes pas obligés de laisser le pilotage à nos peurs.

En 1942 eut lieu une expérience de propagande aux USA.

La question était la suivante:

"notre pays manque de viande car nous ne consommons que les parties considérées comme nobles de l'animal, principalement le boeuf. Si nos citoyens venaient à manger les abats, nous aurions très rapidement résolu le problème"

Comment faire manger des abats aux récalcitrants ?

Deux politiques se mirent en route: l'une très directive et l'autre pas du tout.

La première vanta le patriotisme, les économies, la solidarité avec les soldats, etc, avec des spots radio, des discours, des articles de journaux, bref la grosse cavalerie habituelle qui satisfait les communicants et les militants.

La seconde consistait à réunir une douzaine de mères de famille chez l'une d'entre elles avec un animateur proposant des recettes pour cuisiner ces abats. L'idée étant qu'il ne fallait pas contredire ceux qui trouvaient cela dégoûtant, pas bon, etc, mais les laisser exprimer leurs répulsions tout en leur donnant des solutions qu'ils pourraient prendre s'ils changeaient d'avis.

Un an après, le résultat fut éloquent: pour les premiers la consommation avait augmenté d'une dizaine de pour cent et les seconds de plus de 80% .

Moralité de l'histoire ?

Faire s'exprimer les peurs, les reconnaitre et leur donner un statut, et proposer des alternatives est bien plus efficace que toute autre manoeuvre.

C'est la même chose avec le racisme, le FN, le sexisme ...

Cela fait moins de bruit, est moins grandiloquent, pas de leader d'opinion, pas de petit chef, mais des résultats ! Demandez à Tupperware qui s'est basé sur cette exprérience pour son réseau. Demandez à toutes les sectes qui prolifèrent sur notre planète.

Rien de tel que des réunions CHEZ les gens pour les faire changer d'avis de façon prolongée.

Tout le reste n'est que du pipeau, car l'être humain a d'abord besoin d'être entendu et écouté avant toute chose et toute argumentation. Interdire l'expression d'un contradicteur est certes très valorisant mais inefficace.

Le "mal" c'est toute action basée sur l'ignorance du fonctionnement humain en particulier et des lois de la vie en général. A ce titre, comme nous sommes tous des ignorants, le "mal" est d'une banalité à nous faire crever tous, et pas seulement les juifs, noirs, roms, araignées, voisins ou ce salaud qui vient de nous faire une queue de poisson sur la route ou cette salope qui est en mini jupe et qui me met en rut alors que je n'arrive pas à me contrôler ...même si à 80% c'est quelqu'un qui fait partie de mon entourage familial ou voisinage.

Vive la connaissance.

Traiter les bonnets rouges de nigauds va à l'encontre de toute acceptation de l'autre, ils n'écouteront donc pas ce qui leur est dit.

Traiter un patron, mon plombier qui a un apprenti (!) de salaud d'exploiteur, ne peut pas lui proposer d'autre alternative que de vous combattre, espèce de salaud de pauvre !

Le petit chef de service qui profite d'une mère célibataire est bien plus exploiteur que mon plombier !

Un commentateur de médiapart a écrit quelque part: "il s'agit de faire une révolution sociale afin de permettre une révolution individuelle".

C'est mettre la charrue avant les boeufs.

La preuve en est que le meurtre est interdit et que les assassinats se multiplient. La violence est interdite, mais elle se développe à une vitesse foudroyante.

Une société humaine c'est la somme, et parfois la multiplication, des interactions entre des individus.

Vous pouvez interdire la prostitution, l'alcool, le tabac, et déconseiller à tout va, il suffit d'un petit groupe pour faire tout basculer.

Ne sommes nous pas gouvernés, au niveau mondial, par une bande de psychopates très peu nombreux ?

La société, dans son ensemble, disait "plus jamais ça" et a suivi Pétain, les mêmes étant les premiers à devenir, non pas résistants, mais tondeurs ...

L'humanité, espèce très très jeune de la biodiversité, n'a pas encore atteint, à l'échelle de temps géologique, l'âge de raison, sept ans. Mais si nos politicard-es nous laissent le temps, on arrivera peut être à grandir ... pour atteindre l'adolescence ... ça va être un des ces bordel !

La fraternité d'abord, le reste suivra.

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