On m'a "conseillé" de passer un bilan de compétences. Ces gens sont très bien, vous verrez, me dit-on. Je vois, une demi-journée à me faire chier à répondre à des questions pour demeurés, mais pas en vain. J'ai un Master (BAC+5) mais on me trouve apte à postuler à un emploi de gardien d'immeuble, sans toutefois aucune garantie de l'obtenir. J'en crois pas mes oreilles. Se foutent de ma gueule ou bien?
Galère. M'emmerde. J'aimais bien bosser moi. Rebelote pour un mois d'hôpital...
Ne suis-je définitivement plus le même? Rideau sur plusieurs années de vie.
Un jour, vois le psy. Honneur, depuis un temps, j'ai droit à un chef de service de l'hôpital.
Il me dit "Comment! vous prenez encore cette saloperie? bonjour les dégâts sur la mémoire!"
Là j'ai failli en rester coi. "...Mais...Docteur...c'est vous qui me la prescrivez depuis des années!"
Verrai plus ce connard, oh mais pas pire que tous les autres...c'est tout dire.
M'en vais voir un généraliste. Une femme pourquoi pas? La connais pas, mais chance!
Une personne toujours souriante, et au diagnostic rapide et sûr. Elle s'appelle Claire.
Je lui dis que je suis suivi depuis des années...et que non vraiment ça ne va pas. Lui dis ce que je prends.
Elle ouvre de grands yeux et me dit de tout jeter, on va essayer tout-à-fait autre chose.
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L'heure de la retraite a sonné. La mienne pas celle de Russie. 60 piges, dont 8 perdues!
Mais je suis enfin vivant! Tel n'est pas le cas de cette Chère Claire qui décèdera brutalement d'une rupture d'anévrisme au cerveau un an plus tard. J'ai pleuré et je n'étais pas le seul. Elle n'avait que 45 ans et deux jeunes enfants. Ses patients aussi se sont sentis orphelins...J'ai écrit une longue lettre à son mari, il m'a envoyé une photo de Claire avec un petit mot.
J'avais retrouvé la joie de vivre. Je ne savais pas encore que cela ne durerait pas.Cinq ans plus tard environ, je commence à peiner pour monter les courses. Quatre étages sans ascenseur, je savais ne pas pouvoir les monter toujours, mais ça surprend quand même le jour où ça arrive. Il y aura une grande décision à prendre...et pas transitoire si possible.
Jeune homme cherche appartement, rez-de-chaussée, quartier tranquille, proche boulangerie, bus à proximité aussi. Pas trouvé.
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Ouaouh, en ce beau mois d'août 2012 et tout-à-fait par hasard, je tombe sur une pub pour une Résidence séniors.
Mais la voilà ma solution!
Justement une est en construction à W...., joli village au pied des Vosges, beaucoup de viticulteurs. Ravi! c'est justement là que se trouve celui auquel je suis fidèle depuis vingt ans!
En attendant l'emménagement, mon état s'est un peu détérioré. Je m'aide souvent d'une canne et on m'a accordé le macaron de stationnement.
Eté 2013. Mon nouvel appart est vraiment chouette et j'ai pris l'habitude de monter tous les jours ,à pied, au centre du village. Et même souvent à deux reprises chaque jour, imaginez!
J'ai le contact facile, un petit signe de la main à tous et des traits d'humour qui font rire ceux auxquels j'ai le plaisir de parler. J'ai pris mes habitudes dans un petit resto sympa, beaucoup d'habitués ça crée des liens.
Petit village tranquille et sans histoires, je pensais.
Vous allez avoir du mal à me croire. Et pourtant et pourtant...
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