Jamais je ne descends jusqu'au fond de moi-même où
sommeillent les sources. Je reste en surface. Seul, le regret
de ce que je ne puis atteindre m'inspire quelque désir.
Toujours à la poursuite du temps, comment verrais-je
fleurir mes rêves ?
L'oasis dont je garde le souvenir, fuit devant mes yeux.
Lorsqu'il m'arrive d'entrevoir sa lisière, la nuit tombe
trop vite. Altéré de mirages, il me faut dormir, dormir,
pesant de fatigue, et ne ramener au jour qu'un peu plus
de lassitude éblouie pour recommencer.
Parfois, pourtant, un point précis m'attire : une couleur
saisonnière, un arbre rencontré, un parfum fugace, un coup
d'aile. Symbole, appel, abcès de fixation ? Voilà que s'éveil-
lent mes pensées, qu'elles convergent vers ce lieu...
Hélas ! Le puits serait-il tari ? Le seau remonte vide au
bout de la corde. Je reste sur ma soif, je retombe dans
l'oubli ! Dites-moi : sous tant de feuilles mortes, la graine
germera-t-elle ?