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Billet de blog 22 janvier 2011

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Paradoxes italiens : Berlusconi tient bon dans les sondages

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On pourrait croire, avec le scandale suscité par l'affaire Ruby Rubacuore (Ruby voleuse de coeurs), la jeune Marocaine qui, depuis l'âge de 16 ans, participait à des soirées sexy dans la demeure de Berlusconi, que l'opinion publique italienne soit en train de basculer. On pourrait s'attendre à ce que les presque 400 pages compilées par les juges milanais (et dont plusieurs journaux ont publié des extraits) mettant au jour les délits de concussion, d'abus de pouvoir, et tout un système proche du proxénétisme entourant le "premier" Italien, troublent l'électorat. Le Pape, le président de la République, Giorgio Napolitano, se sont déclarés "inquiets", l'opposition réclame la démission de Berlusconi, des femmes indignées ont manifesté à Rome... Rien n'y fait. Un récent sondage réalisé par Ipsos conclut que 70% d'Italiens ne sont pas choqués par cette dernière affaire, qui révèle pourtant les moeurs de satrape, le visage peu ragoûtant d'une homme vieillissant qui adore être entouré de jeunes femmes déguisées en infirmières cochonnes faisant mine de prendre sa tension...

Ce n'est pas le moindre des paradoxes concernant un pays qui semble les cultiver. Il semblerait que l'opinion soit devenue quasiment imperméable à ce qui touche à la morale - il y a même 2% d'électeurs qui "envient" Berlusconi ! - alors que ce qui concerne le domaine économique fait vaciller les sondages : récemment l'affaire "Mirafiori", concernant le statut des ouvriers Fiat, contraints d'accepter un recul de leurs droit, a eu plus d'impact. Au temps de "Mains propres", les juges étaient admirés par l'opinion et apparaissaient comme des redresseurs de torts. Aujourd'hui, Berlusconi, qui refuse de répondre à leur convocation, qui s'affirme victime de leur persécution et qui les menace de "punitions", profite peut-être d'une évolution qu'il a largement contribué à dessiner, et qui lui permettra peut-être de s'en tirer une énième fois. Il est, à ce que l'on dit, plus inquiet de voir les ventes en supermarché baisser de 1,6% ces derniers temps. Car l'économique émeut davantage l'opinion que l'absence de morale. Enfin, il n'est pas impossible que l'absence d'alternative politique crédible influe aussi sur cette banalisation inquiétante.

Autre paradoxe : certains députés léghistes de Vénétie ont décidé de boycotter les livres des pro-Battisti, mais aussi ceux de Roberto Saviano (qui s'est pourtant désolidarisé de Cesare Battisti). Aujourd'hui, Saviano a reçu un diplôme honoris causa en jurisprudence, décerné en Ligurie (dont sa mère est originaire). Et l'auteur de Gomorra a dédié ce diplôme aux trois magistrats de Milan qui, dit-il, accomplissent en ce moment une tâche difficile...

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