Prise en soin des personnes trans : à quand une restructuration du système de santé?

Le 17 juillet 2025, la Haute Autorité de Santé (HAS) a publié son rapport sur la prise en charge des personnes trans. Ces recommandations françaises représentent une avancée majeure puisqu’elles reconnaissent leur autodétermination, officialisent la dépsychiatrisation de la transidentité, déjà actée par l’OMS depuis 2019, et confirment la place centrale du médecin généraliste, y compris pour la primo-prescription hormonale. Ces progrès doivent désormais être pleinement appliqués.

Un constat alarmant : des inégalités de santé persistantes et évitables

En tant qu’infectiologues nous ne pouvons pas nous abstenir de rappeler que, bien que cela ait été invisibilisé dans le rapport de la HAS, toutes les études s'accordent sur une importante prévalence du VIH et des infections sexuellement transmissibles (IST) dans la population trans, et notamment chez les femmes trans. Dans le monde, la prévalence du VIH est estimée à 19,9% chez les femmes trans et à 2,6% parmi les hommes trans, alors qu’elle n’est que de 0,8% pour la population générale, à l’échelle internationale ¹.

En France, les nouveaux diagnostics VIH chez les personnes trans ont augmenté de 153 % entre 2012 et 2023 ². Ce risque accru ne résulte pas de facteurs biologiques, mais de déterminants sociaux : transphobie, discriminations, précarité, exclusion des systèmes de soin, violences institutionnelles et obstacles administratifs.

Les personnes trans migrantes et les travailleur·euses du sexe sont particulièrement exposées. La pénalisation du travail du sexe et les restrictions d’accès aux soins pour les personnes sans papiers aggravent leur insécurité sanitaire. La sauvegarde de l’Aide Médicale d’État (AME) et de l’accès aux titres de séjour pour soins constitue à ce titre un impératif de santé publique.

Renforcer la prévention, l’accès aux soins et la formation des professionnel·les

Nous, professionnel·les de santé, réaffirmons notre engagement éthique fondamental : garantir à toutes et tous, sans discrimination, un accès digne, équitable et respectueux aux soins.

Nous appelons à une transformation structurelle de notre système de santé pour garantir :

• Un accès effectif, sans condition et sans jugement à la prévention, au dépistage et aux traitements (VIH, IST, PrEP, TPE, TasP, hormonothérapie, santé mentale).
• La disponibilité de la PrEP, y compris des molécules à longue durée d’action.
• Une prise en soin pluridisciplinaire, coordonnée et holistique, en lien étroit avec les associations communautaires, dont le financement doit être pérenne et à la hauteur des besoins.
• Une formation obligatoire de l’ensemble des professionnel·les de santé et du social à la santé des personnes trans, intégrée dès les cursus initiaux.

Garantir la santé des personnes trans, c’est défendre un droit humain fondamental.

Nul·le ne devrait être exclu·e du soin en raison de son identité de genre, de son statut migratoire ou de son activité professionnelle.
Soigner, c’est reconnaître.
Soigner, c’est inclure.
Soigner, c’est respecter.

Pour rejoindre notre mobilisation, vous pouvez lire et signer le manifeste complet ici : https://forms.gle/hJvaFbjkUTj8Z4Zr5

Premiers signataires professionnel.les de santé :
Hugues Cordel (SFLS), Bernard Castan (SPILF), Anaenza Freire Maresca, Chloé Bertin, Valentina Isernia, Ségolène Perrineau, Marie Gilbert, Émilie Mosnier, Nicolas Vignier, Thibault Chiarabini, Xavier Mabire.

Associations signataires :
FLIRT – Front Transfem, Fransgenre, GAGL45, Transaide, TRANSAT, RITA, PASTT, Le REST, Acceptess-T, Outrans, Le Girofard, OST, Observatoire des Transidentités, AIDES, Toutes des Femmes, ANCRES.

Bibliographie :

¹Stutterheim SE, van Dijk M, Wang H, Jonas KJ. The worldwide burden of HIV in transgender individuals: An updated systematic review and meta-analysis. PLoS One. 2021;16(12):e0260063. 

²Bulletin épidémiologique hebdomadaire - Santé Publique France, 2023