En ce 8 mars 2013, la Journée internationale des droits des femmes vient conclure une semaine tristement marquée par un déferlement de sexisme et de lesbophobie envers les femmes sportives.
La médaille d’or revient à l’élégantissime Pierre Ménès qui, dans l’Equipe du mercredi 6 mars 2013, affirme : « le foot, c’est quand même un sport de mecs (…) et pour voir une gonzesse dunker au basket, il faut se lever tôt ». Et de poursuivre sur le physique des joueuses qui, heureusement, deviendraient plus féminines et moins « grosses dondons trop moches pour aller en boîte le samedi soir ». La norme est sauve...

Pourtant, force est de constater que ces dernières années ce sont plutôt les résultats et l’attitude de l’équipe féminine nationale de football qui ont réconcilié les Françaises et les Français avec ce sport. Devons-nous également rappeler à Pierre Ménès que les prouesses de Céline Dumerc, élue sportive française de l’année 2012 par les auditeurs de Radio France, ont permis à l’équipe de France féminine de basket de remporter la médaille d’argent aux Jeux Olympiques de Londres de l’été dernier ?
Les propos sexistes de Pierre Ménès ne sont hélas pas isolés. Ils s’inscrivent dans une longue série d’actes et de propos stigmatisants s’évertuant à réassigner les sportives aux normes de la féminité, faisant passer au second plan leurs performances. Et, c’est tout un système –sportifs, entraîneurs, journalistes, fédérations, instances officielles où les femmes peinent à entrer etc.- qui reproduit ces stéréotypes de genre. Comment ne pas rapprocher ici la verve nauséabonde de Pierre Ménès de celle de David Douillet ou Marc Lièvremont ? Ou encore des propositions de certaines fédérations sportives comme la Ligue féminine de handball estimant qu’il serait bon d’imposer aux joueuses le port de la jupe plutôt que du short ? Et comment passer sous silence la déclaration hallucinante de la présidente de la Ligue nigériane de football appelant à une chasse aux joueuses lesbiennes au sein des clubs et de l’équipe nationale ?
Face à ces agressions répétées, l’association Les Dégommeuses - qui promeut la présence des femmes dans le sport et le vecteur sportif comme levier de lutte contre les discriminations - dit : « Assez ! » Les propos de Pierre Ménès, comme ceux proférés par tant d’autres, sont une injure aux femmes et plus largement à toutes celles et ceux, associations, journalistes sportifs et sportives, pratiquants et pratiquantes, éducateurs et éducatrices sportives qui luttent contre les stéréotypes sur les terrains de sport.
Dans ce contexte, Les Dégommeuses demandent d’abord à la Fédération Française de Football et à la Fédération Française de Basketball de prendre position en condamnant fermement les déclarations de Pierre Ménès. Et surtout, nous exigeons des plus hautes instances sportives (Comité olympique notamment) et de l’ensemble des fédérations sportives françaises qu’elles abandonnent leurs politiques rétrogrades de « féminisation » du sport pour se lancer au contraire dans des actions de promotion réelle de l’égalité entre femmes et hommes et de sensibilisation au sexisme et à la lesbophobie. Enfin, nous souhaitons que soit mis en place un véritable plan de lutte contre les discriminations sexistes et lesbophobes dans le sport. Nous en appelons sur ce point à la détermination et à la vigilance de Najat Vallaud Belkacem, Ministre des droits des femmes et Valérie Fourneyron, Ministre déléguée au sport et à la jeunesse.