A peine une semaine après son accession à la présidence, Barack Obama se heurte déjà à l’opposition des congressmen républicains, qui semblent résolus à ne pas adopter le plan de relance de plus de 800 milliards de dollars en l’état. Ils souhaitent notamment des concessions visant une revalorisation de la place de la politique fiscale au sein de la répartition des fonds prévus pour relancer l’économie.
En multipliant les critiques à la marge, les républicains et économistes conservateurs expriment leur opposition à un plan principalement destiné à financer des investissements dans les infrastructures ou les services. Les arguments avancés reposent essentiellement sur un désaccord d’origine idéologique entre démocrates et républicains : ces derniers ont toujours favorisé les réductions d’impôts au détriment du soutien à la consommation et des dépenses d’investissement bénéficiant à la collectivité.
L’idée selon laquelle un dollar de réduction d’impôt aurait la même valeur en termes de relance qu’un dollar de dépenses publiques est, comme le rappelle l’économiste Paul Krugman dans un éditoral publié le 27 janvier dans le New york times, totalement erronée. En effet, rien ne garantit qu’une fraction conséquente de la réduction d’impôt ne soit épargnée plutôt que reportée sur la consommation. Or en période de crise, et particulièrement dans le cas des ménages américains surendettés, on peut raisonnablement supposer que les individus ne vont pas consommer plus s’ils voient leurs impôts diminuer. L’effet bénéfique sur l’économie est donc bien supérieur si l’Etat investit directement dans des activités créatrices d’emploi et génératrices de bénéfices collectifs à long terme.
Pour illustrer les effets que peuvent avoir les coupes fiscales, considérons les conséquences de celles pratiquées par l’administration Bush a partir de 2001 : selon la Brookings institution, les réductions d’impots ont permis aux 10% des ménages américains les plus riches d’augmenter leur revenu réel de 4,4%, tout en creusant le déficit budgétaire de l’Etat fédéral (qui n’a pas été comblé depuis). L’étude de la Brookings a conclu que le programme de baisse d’impôts de l’administration Bush peut s’interpréter comme un transfert significatif des ménages à faible revenu et à revenu intermédiaire vers les ménages les plus aisés. En contribuant à l’accroissement des inégalités, ce programme a augmenté la dette de l’Etat. Une dette qui réduit d’autant la marge de manœuvre du successeur de Bush à la Maison Blanche pour faire face à la crise.
Le monde entier semble retenir son souffle au moment où Barack Obama commence à révéler les grandes orientations de son plan de relance. La balle est dans le camp du nouveau président des Etats-Unis, alors que les solutions proposées jusqu’ici par les acteurs politiques et économiques se sont révélés partout inefficaces. La Fed, qui se réunira le 28 janvier, semble à court de munitions. Elle va vraisemblablement attendre d’en savoir plus sur les intentions du nouveau président avant de lancer de nouvelles mesures pour soutenir l’économie. Supposée renforcer l’effet expansif des taux proches de zéro qui ont permis d’ inonder le marché de liquidités, la panoplie de mesures « non conventionnelles » développée par la banque centrale américaine ces dernières semaines n’a pas eu les effets escomptés, et de nouvelles mesures semblent nécessaires.
Cependant, les actions entreprises par la Fed ressemblent de plus en plus à des actes désespérés : Ben Bernanke envisagerait même d’acheter massivement des obligations d’Etat (ce qui reviendrait, pour les etats unis, à acheter sa propre dette pour éviter que les taux ne finissent pas exploser). La pression et les attentes portées sur le plan d’Obama sont donc très fortes, et de sa capacité à imposer rapidement un plan de relance économique au congrès dépendra en partie l’orientation et la force des futures mesures européennes de lutte contre la crise.