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Billet de blog 1 mai 2023

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Les langues et dialectes en voie de disparition

Le constat est effroyable : 50 % des langues sont en danger de disparition, une langue disparaît en moyenne toutes les deux semaines et si rien ne change, c’est 90% des langues qui pourraient disparaître au cours du 21ème siècle.

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Nous entendons souvent le terme “En voie de disparition” et “En voie d'extinction” pour une espèce du monde vivant, de la faune comme de la flore. C'est en ces termes que l'UNESCO (Organisation des Nations unies pour l'Education, la Science et la culture) a décidé de parler des langues et dialectes en danger. En 2010, l'UNESCO a publié l’ “Atlas des langues en danger dans le monde”, un ouvrage dans lequel les auteurs s’appliquent à répertorier toutes les langues et dialectes existants dans le monde en leur associant un critère de vulnérabilité. Les différents degrés de menace sont : 

  • “sûre” : la langue est parlée par toutes les générations ; la transmission intergénérationnelle est ininterrompue
  • “vulnérable” : la plupart des enfants parlent la langue, mais elle peut être restreinte à certains domaines (par exemple : la maison)
  • “en danger” : les enfants n’apprennent plus la langue comme langue maternelle à la maison
  • “sérieusement en danger” : la langue est parlée par les grands-parents ; alors que la génération des parents peut la comprendre, ils ne la parlent pas entre eux ou avec les enfants
  • “en situation critique” : les locuteurs les plus jeunes sont les grands-parents et leurs ascendants, et ils ne parlent la langue que partiellement et peu fréquemment
  • “éteinte” : il ne reste plus de locuteurs

(Moseley, C. (2010). Atlas des langues en danger dans le monde. UNESCO.)

Le constat est effroyable : 50 % des langues sont en danger de disparition, une langue disparaît en moyenne toutes les deux semaines et si rien ne change, c’est 90% des langues qui pourraient disparaître au cours du 21ème siècle.

Et derrière ces nombres abstraits, il y a des réalités, des cultures, des histoires, des peuples, des identités. Une langue qui disparaît au bout du globe peut nous sembler infime dans l’océan des langues,cependant cet océan n’est pas si grand qu’il n’y paraît. 

Comment une langue peut disparaître ? Une langue, pour “vivre” a besoin de locuteurs. La réduction de locuteurs natifs entraîne inexorablement le déclin de la langue. Elle peut être dûe à la disparition de ces locuteurs pour des motifs naturels ou politiques ou alors à l'absorption ou le remplacement de la langue de base par une autre langue, comptant elle de plus nombreux adeptes, c’est la «glottophagie».

La disparition des ces langues et dialectes est présente sur tous les continents et affecte beaucoup d’individus qui se retrouvent rapidement sans plus personne pour parler leur langue native. 

Nous pouvons par exemple citer le Chilcotin, langue amérindienne parlée dans le centre-ouest de la province de Colombie-Britannique du Canada, cette langue en 2021 ne comptait plus que 650 personnes (selon Statistique Canada).

Ou le Chamicuro qui est une langue parlée en Amazonie péruvienne. En 1994, cette langue était seulement parlées par 2 locuteurs agés (Steve Parker, « Laryngeal Codas in Chamicuro », International Journal of American Linguistics).

Enfin, l'exemple de la langue Aïnou nous semble très intéressant. Cette langue est parlée par un peuple, les Aïnous, installé sur une île japonaise. C’est une langue est considérée en voie d'extinction : en 1996, il ne restait plus qu'une dizaine de locuteurs. Mais depuis 2006, et encore plus depuis 2020, cette langue a de nouveau gagné du terrain principalement grâce à des cours de Aïnou, accessibles notamment en ligne. Notons tout de même que cette langue reste encore en danger.

Grâce à l’exemple de l’Aïnou, nous voyons que l’enseignement de ces langues et dialectes est une possibilité pour permettre leur survie. Malheureusement cela demande à ces langues et dialectes d’avoir des formes écrites.


Par manque de documentations et de recherches sur les langues et dialectes en danger, beaucoup d’entre elles disparaissent en silence. Mais depuis quelques années certaines voix se font entendre pour essayer de les enregistrer avant que les derniers locuteurs et locutrices ne disparaissent. Nous pouvons citer les projets Lingua Libre (www.lingualibre.org) et Sorosoro (www.sorosoro.org) qui se battent pour créer une documentation des langues menacées. Le but de ces efforts collectifs est de préserver le patrimoine de chaque langue en améliorant sa visibilité et sa vitalité.

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