Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.
On s’offusque de la diabolisation à laquelle se livre Manuel Valls à l’égard du front national. Dès qu’il s’agit de leurrer l’attention publique, la dramatisation de la scène politique constitue un subterfuge sur lequel on peut toujours miser. L’usage de cette ficelle, qui n’en finit pas de s’user, trahit le rabougrissement idéologique autant que le rapetissement des marges de manœuvre tactiques d’un parti socialiste réduit aux expédients. Ce pitoyable recours stratégique a un versant : l’angélisation de Manuel Valls. Le premier ministre s’exonère des dégâts causés par sa politique d’austérité en faisant porter sur ceux qui en sont les victimes désignées (chômeurs et précaires atteints par l’extrême ras-le-bol) la responsabilité morale de la montée de l’intolérance. Une double stigmatisation touche ainsi les plus fragiles de la part de celui qui s’était engagé, lors de précédentes campagnes, à les soutenir. La question serait de savoir si une telle attitude est elle-même moralement légitime. Au soir du 1er tour, le cigare du chef du gouvernement en a incommodé plus d’un : l’écran de fumée n’a pas suffi à masquer la réponse. Agiter un épouvantail permet de substituer les effets aux causes, mais ne saurait fonder une vision politique durable. La gauche doit lancer en urgence le chantier de sa refondation, faute de quoi elle continuera non seulement à désespérer ses partisans, mais surtout une partie de la jeunesse qu’il sera bien commode ensuite d’accabler (ah, les Enfoirés !) toujours au nom des valeurs morales.
Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.