Ch.Lopez (avatar)

Ch.Lopez

Abonné·e de Mediapart

19 Billets

0 Édition

Billet de blog 30 mars 2015

Ch.Lopez (avatar)

Ch.Lopez

Abonné·e de Mediapart

Chagall, l’art de la lévitation

Ch.Lopez (avatar)

Ch.Lopez

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 Bruxelles célèbre Chagall à travers une exposition aux Beaux Arts de 220 de ses œuvres. Je dois confesser que je n’ai pas vu cette exposition et que l’occasion ne me sera sans doute pas donnée de la voir – à mon grand regret. Du moins souhaitais-je me saisir de cette rétrospective pour aborder un ou deux aspects du peintre le plus proche de l’enfance que je connaisse et qui disait vers la fin de sa vie qu’il lui avait fallu soixante ans « pour devenir de plus en plus jeune ».

  La dernière fois que Chagall fut célébré à Paris, j’avais été frappé du tri opéré par certains observateurs dans le travail de l’artiste. Il semblait de rigueur de louer ses toiles empreintes de fantastique au détriment de ses compositions pénétrées de religieux – comme si les deux thèmes pouvaient jamais s’exclure. Entre temps, des événements tragiques sont survenus qui ont remis en perspective des questions souterraines qu’il était alors de bon ton de négliger ou de paraître avoir résolues. C’est en tout cas ce que je déduis des réflexions du commissaire de l’exposition bruxelloise, Michel Draguet, lorsqu’il souligne la volonté de Chagall « de fusionner les religions, non pour les opposer, mais pour les rapprocher dans un message d’espoir ».

  L’autre aspect sur lequel je voudrais attirer l’attention porte sur les qualités morales que Chagall jugeait nécessaires à l’artiste de posséder. Ce juif errant qui s’est trouvé mêlé à tous les bouleversements du monde n’a jamais oublié qu’il ne vendait rien dans sa jeunesse et que l’idée même de vendre n’effleurait pas son esprit ni la pureté de sa démarche. Ainsi ne peignait-il pas en vue du succès mais afin de s’exprimer avec toute la sincérité dont il se sentait capable.

 Je terminerai par une anecdote de Jean Grenier à propos du grand-père de Chagall qui était un boucher sacrificateur : « Un jour de fête qu’on le cherchait partout, on finit par le trouver en train de manger des carottes sur le toit, assis sur une cheminée ». Si tout l’art de Chagall peut se concevoir comme un album d’images de lévitation, où alternent le tragique et le cocasse, le frivole et le grave, reconnaissons qu’il avait en la personne de son aïeul non seulement de qui tenir, mais un prédécesseur lumineux. 

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.