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Pour rappel, dans les épisodes précédents, lors de ma première rencontre avec mon informateur, le mystérieux M. Bêta, vous vous souviendrez qu’il m’avait révélé que certaines personnalités du pouvoir actuel abusaient des sacrifices humains, et plus particulièrement des albinos. Il m’avait proposé d’enquêter précisément sur la disparition de deux albinos à Kong, juste avant la présidentielle d’octobre 2020. Il soupçonnait que ces pauvres jeunes gens avaient été sacrifiés pour le maintien au pouvoir d’Alassane Ouattara. Il avait été clair avec moi : ses soupçons se tournaient vers Téné Birahima Ouattara dit Photocopie, un adepte forcené des sacrifices humains et des rituels maléfiques. Malgré ma méfiance et le danger évident de cette mission, j’ai fini par accepter de me rendre sur le terrain à Kong, par souci de faire éclore la vérité sur cette affaire. Vous imaginez bien que j’ai pris mon temps et après moult hésitations, M. Bêta, qui possède un véhicule, nous y a emmenés quelques semaines plus tard.
Le trajet Abidjan-Kong est long de 585 kilomètres. Autant dire que pendant ce voyage, nous avons eu largement le temps de bavarder et je devrais dire que M. Bêta m’a entretenu longuement sur l’histoire de la Côte d’Ivoire, telle qu’il l’a vécue. Ces conversations ont nourri mon instinct d’investigateur. Même s’il ne me l’avoue pas, je le soupçonne d’avoir été longtemps un agent de nos services de renseignement et à un haut niveau. Lui, il préfère tout simplement me dire que le fonctionnaire qu’il fut, a eu accès à des informations importantes, voire extraordinaires grâce à ses contacts. Des « contacts » ? Bien mystérieux non ? Toujours est-il que pendant ces longues heures de voyage, M. Bêta me raconta bien des secrets importants de la République. J’ai appris des choses insoupçonnées. Je le regardais et son visage exprimait la joyeuse nostalgie des années des indépendances. De l’époque des premières années de la gouvernance du Président Félix Houphouët-Boigny, il déclara avec passion :
« Monsieur Yapi, le Président Houphouët-Boigny était un grand homme, un homme bien. Mais son épouse, Marie-Thérèse née Brou était une grande dame, au sens le plus noble du terme. Dommage que les Ivoiriens n’aient retenu que son extraordinaire beauté, alors qu’elle était douée d’une intelligence supérieure à la moyenne. Si vous voulez bien, je vous parlerai d’elle un de ces jours, car j’ai connu Houphouët-Boigny et son épouse. J’étais jeune, mais à l’époque, il était plus facile de commercer avec les grandes personnalités ».
J’accepte promptement. Il faut dire que Mme Thérèse Houphouët-Boigny que je n’ai jamais eu l’occasion de connaître me fascine. Elle fait partie des personnages de nos livres scolaires, tant elle est discrète et presqu’invisible. Mais, ce M. Bêta m’intrigue de plus en plus et au plus haut point ! Depuis que nous nous fréquentons, je n’apprends pas davantage sur sa personne. Il demeure un mystère pour moi. Mystère qu’il prend plaisir à entretenir savamment. Je ne sais rien de son âge, ni de son lieu d’habitation, encore moins de sa vie. Mieux, il peut mettre fin à nos entretiens quand bon lui semblera. Souvenez-vous, il m’avait donné un numéro de téléphone pour le joindre, mais est-ce son vrai numéro ? Si du jour au lendemain, il venait à disparaitre, je n’aurais aucun moyen de le joindre. C’est sa part d’ombre et je suis obligé de m’en contenter, car je veux aller au bout de mon investigation avec la part de risque que cela comporte. J’imagine donc qu’il faut aller à son rythme et aux révélations qu’il veut bien me faire.
Je dois vous dire que pendant le trajet vers Kong, plusieurs pans de notre histoire contemporaine ont été passés en revue : des complots au lendemain des indépendances jusqu’à la chute du président Laurent Gbagbo 2011. Sur tout ou presque tout, M. Bêta a son opinion, disons même qu’il détient des informations, voire des secrets. La conversation est si passionnante que je ne vois pas les kilomètres défiler.
Quand nous entamons le tronçon de route Katiola-Ferké, nous sommes frappés par l’étonnante dégradation de la voie et M. Bêta de s’exclamer : « Et pourtant, Houphouët-Boigny nous avait bâti un fleuron de réseau routier solide, qui a duré des décennies ».
Je sens la fatigue. C’est la première fois de ma vie que je fais d’un trait un si long voyage. « Allons, allons, Monsieur Yapi, nous sommes déjà à Ferké, nous ne sommes plus loin de Kong ».
Le temps de faire le plein de carburant du véhicule à la station-service de la ville située en face du marché et nous reprenons la route. Je sors un carnet et je commence à noter les villages que nous traversons pour atteindre Kong.
Enfin nous voici dans la fameuse ville de Kong, dont on dit qu’elle serait la ville d’origine du Président Ouattara. Mais je vois au visage de mon interlocuteur qu’il n’est pas vraiment convaincu. À ma question de savoir son opinion, il me répondit :
« Un de ces jours, je vous révélerai la vraie histoire des Ouattara supposément de Kong, car pour avoir servi le Président Félix Houphouët-Boigny, je sais exactement tout, mais tout des Ouattara. Mon cher Yapi, il faut que vous sachiez qu’il y a toujours dans une affaire deux vérités. La vérité officielle, c’est-à-dire celle qu’on sert au peuple et la vérité officieuse. Cette vérité officieuse est toujours cachée et bien cachée. N’y ont accès que les initiés ou ceux qui la cherchent. Sur bien des sujets, l’on est trompé. Mais, rassurez-vous, je vous révélerai de grands secrets de notre histoire pourvu que vous soyez un homme d’honneur et de parole. Je vous l’ai dit, je n’hésiterai pas un seul instant à rompre définitivement et immédiatement toute collaboration avec vous, si mon anonymat n’était pas strictement et scrupuleusement garanti. Je retournerai dans le monde l’ombre et vous récolterez les conséquences diurnes ».
Je n’insiste pas. Je commence à connaître M. Bêta. Il ne se confiera que s’il le souhaite et à ses heures de convenance. À Kong, nous nous dépêchons de rallier la cour d’un de ses amis (il avait tout prévu) et c’est là que nous passerons la nuit. C’est dans cette ville Kong que les albinos auraient vécu des jours paisibles semble-t-il, avant de disparaître et c’est aussi là que notre enquête terrifiante et passionnante débutera.
Fin du troisième épisode.
CHRIS YAPI NE MENT PAS.
Voir d’autres vidéos en lien avec celle-ci :
- ÉPISODE 1 : MA RENCONTRE AVEC MONSIEUR BÊTA - https://youtu.be/35fhprUZln0
- ÉPISODE 2 : L’AFRIQUE, SES MYSTÈRES ET SES CROYANCES ! : https://youtu.be/n6VZEy7Zh4M
Visionnez cette publication sur la Chris Yapi TV Officiel : https://youtu.be/LAulz_HJ6J0