L’imam Sékou Sylla est l’imam de la mosquée An-Nour de la Riviera 2 dite mosquée des étudiants. Cette mosquée, en effet, est un don de l’Arabie-Saoudite à l’Association des Élèves et Étudiants Musulmans de Côte d’Ivoire (AEEMCI), qui y a d’ailleurs son siège social. Lui-même issu de l’AEEMCI, il fut presqu’imposé comme imam des étudiants par Cheikh Boikary Fofana, il y a plus d’une vingtaine d’années de cela. En ce moment-là, les pontes de l’Islam en Côte d’Ivoire étaient d’abord Tidjane Bah, ensuite Mohamed Lamine Kaba et enfin Boikary Fofana.
Titulaire d’une licence en sciences naturelles obtenue à l’université de Cocody, il faisait à l’époque figure d’intellectuel parmi ses coreligionnaires imams. Il s’est rendu célèbre par ses prêches enflammés contre le régime d’Henri Konan Bédié, puis de Laurent Gbagbo. Dans ses prêches, qui prenaient bien souvent l’allure de meetings, il mêlait allègrement imprécation, malédiction, appel à la résistance contre les « boussoumanis », voire au soulèvement des musulmans, etc. Il avait une haine irrationnelle, voire pathologique contre les présidents Gbagbo et Bédié.
Cependant, il déifiait presqu’Alassane Ouattara, au nom de leur commune parenté à Odienné. Il se faisait passer pour un imam intransigeant, mais Sékou Sylla a un faible pour l’argent. Tous les hauts cadres et fidèles de sa mosquée, le savent bien. Eux qui font tout pour l’éviter en dehors des heures de prières canoniques.
À son bureau, l’imam Sékou Sylla reçoit très rarement les pauvres, laissant cette tâche à ses adjoints. Lui, ce sont les ministres, les DG, les PCA, etc. qu’il reçoit, car ces gens lui laissent toujours une enveloppe garnie, pour lui-même ou pour sa mosquée. Tous les cadres de Cocody-Rivera et des Jardins de la Riviera, où il habite, savent les pressions énormes qu’il leur met pour changer de voiture, pour réhabiliter sa résidence, pour assumer ses charges, etc. Il sait se rapprocher des hauts cadres musulmans pour leur soutirer des services.
Il était proche du Ministre Abdallah Mabri Toikeusse. Grâce à cette proximité, il lui fit recruter son frère cadet, Moustapha Sylla, comme Directeur du Plan au ministère du Plan et du Développement. Il a rompu tous ses liens avec le Ministre Mabri Toikeusse quand ce dernier refusa de fondre son parti l’UDPCI au RHDP et qu’il fut limogé du gouvernement.
C’est la même chose qu’il fit avec le Ministre Konaté Sidiki. Sékou Sylla était dans ses petits souliers chaque fois qu’il allait voir le Ministre Konaté. Quand celui-ci fut limogé une première fois du gouvernement pour Soroïsme, Sékou Sylla cessa tout contact avec lui. Le pauvre ministre dû faire sa traversée du désert seul, en pensant à l’ingratitude des imams qu’il comblait d’argent. Quand Konaté Sidiki renia Guillaume Soro et retourna au gouvernement, Sékou Sylla revint encore à ses côtés plus mielleux que jamais ! Maintenant qu’il est de nouveau limogé, on verra bien si l’imam Sékou Sylla prendra encore ses appels.
Il fut aussi très proche du Ministre Amadou Koné avant que ce dernier ne soit affecté comme Administrateur de la Côte d’Ivoire à la BAD. Depuis le retour de ce dernier au gouvernement, notre imam est tout miel avec lui. Idem avec feu Sidiki Diakité, défunt Ministre de l’Intérieur et de l’Administration du territoire. Quand quelqu’un est en froid avec Alassane Ouattara, Sékou Sylla le quitte automatiquement, sans demander son reste. Il ne veut surtout pas que le chef de l’État le regarde d’un mauvais œil. Les ennemis d’Alassane Ouattara sont les siens. Point.
Hormis le fait d’aimer l’argent par-dessus tout, l’imam de la petite mosquée de la Riviera 2 s’est révélé un ambitieux du pouvoir. Aujourd’hui, il ne rêve que d’être calife à la place du calife. Il veut devenir le nouveau Cheikh Al Aïma de Côte d’Ivoire. Ni plus ni moins ! Que nul ne s’y trompe. Il ne veut pas devenir le président du COSIM pour la promotion de l’Islam en Côte d’Ivoire. De loin s’en faut. Il n’est ni le plus instruit en sciences islamiques, ni le plus respecté parmi ses pairs. Il est juste un filleul de Boikary Fofana qui estime que l’heure est venue pour lui de devenir le président des imams de Côte d’Ivoire, en raison de son bagage universitaire. Il regarde donc avec un certain dédain ses collègues arabisants, qui parlent un français approximatif, malgré leurs doctorats en théologie et en religion comparée.
Le poste de Cheikh Al Aïma l’intéresse au plus haut point. Il ouvre la porte à des dons et des legs en centaines de millions, en cortèges de véhicules 4x4 de luxe, en voyages à travers la planète aux frais des fidèles ou de l’Arabie saoudite. Devenir président du COSIM, c’est basculer dans la classe des riches, voire des super riches. Et la richesse, Sékou Sylla a un faible pour elle. Il a d’ailleurs une devise qu’il cite à tous ses visiteurs : « les politiciens ont de l’argent, il faut en profiter ». L’ambition de Sékou Sylla agace beaucoup d’imams, qui ne se gênent plus pour le lui faire savoir. On lui reproche d’avoir participé à la division du COSIM en clans d’imams odiennékas, imams sénoufos et imams bondoukouins, qui sont opposés et engagés dans une bataille d’influence néfaste.
Le déclin du Cheikh Oul islam Koné Idriss Koudouss sous les coups de boutoir du Cheikh al Aïma Boikary Fofana, a entrainé la mise à l’écart des imams senoufos suspectés d’être des pro-Koudouss. Les imams odiennékas avaient pignon sur rue et dictaient leurs volontés au sein du COSIM. Après le décès du Cheikh Boikary Fofana porte-flambeau des Odiennékas et la mise au purgatoire du Sénoufo Koné Idriss Koudouss, les imams bondoukouins estiment que c’est à leur tour de diriger le COSIM. Cette revendication inattendue fragilise Sékou Sylla. Hormis son goût prononcé pour l’argent, très peu d’imams lui pardonnent l’incident survenu des années plus tôt, pour lequel des dizaines d’imams se sont mobilisés pour lui demander pardon. Il avait refusé leur appel à la tolérance et maintenu sa position jusqu’au bout. Tout ça pour une femme.
En effet, une affaire de femme opposa l’imam et son principal adjoint. Les deux voulaient épouser une belle et appétissante jeune dame, qui a finalement choisi l’adjoint de l’imam. Furieux, Sékou Sylla limogea ce dernier et tous les pardons ne lui ont pas fait changer de position. Même les sourates qui conseillent le pardon et la tolérance ne l’ont pas convaincu de renoncer à sa vengeance. Cette affaire a longtemps terni son image.
Voici à grands traits, l’homme qui veut, coûte que coûte, devenir Président du COSIM. Il fait des pieds et des mains pour y parvenir, avec en ligne de mire la manne financière de cette organisation. Il compte par-dessus tout sur le soutien, visible ou invisible, du président de la République, dans cette bataille. L’imam Cissé Djiguiba bénéficie de pronostics plus favorables. On le sait fervent partisan d’Alassane Ouattara, mais il a l’élégance de ne pas trop l’afficher, à la différence de son collègue et frère d’Odienné, Sékou Sylla. Un imam diviseur peut-il être le futur président de tous les imams de Côte d’Ivoire ? Ce sera aux membres du COSIM de nous le dire.
CHRIS YAPI NE MENT PAS.
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CHRIS YAPI NE MENT PAS.