Chris Yapi vous avait informé de la réunion sécrète que le Général Apalo Touré, Commandant supérieur de la Gendarmerie avait eu avec les commandants d'unités.
Pour rappel, le dimanche 4 juillet 2021 dernier, il s’était réuni d’urgence avec tous les commandants de légion mobile départementale, les commandants groupe escadron et les commandants de division. Officiellement, cette réunion visait à préparer la visite que le Ministre de la Défense, Téné Birahima Ouattara dit La Fiole, devait effectuer à la caserne de gendarmerie d’Agban, la plus importante du pays.
Mais en réalité, cette réunion était une séance d’avertissements dirigée à l’endroit des officiers responsables de la tenue des troupes.
En effet, dès le retour en Côte d’Ivoire du Président Laurent Gbagbo, une agitation a commencé à traverser la Gendarmerie nationale. Ce dernier, moins d’une semaine après son retour au pays, déclarait qu’il ne reconnaissait pas la victoire d’Alassane Ouattara à la présidentielle de 2010. Il déclarait que c’est lui, Laurent Gbagbo, qui avait gagné l’élection, mais que les Français l’ont dégagé militairement du fauteuil pour imposer Alassane Ouattara à la tête de l’État, par la force des armes. Ce faisant, l’ancien président remet en cause la légalité d’Alassane Ouattara en apparaissant comme le président légitime de la Côte d’Ivoire. Pour lui et ses partisans, Alassane Ouattara n’est qu’un usurpateur qui dirige notre pays. Dans le bras de fer qui s’en était suivi à l’époque, Laurent Gbagbo avait été soutenu jusqu’au bout par la gendarmerie, notamment par les éléments des camps commandos d’Agban, de Koumassi, d’Abobo et le groupe escadron blindé (GEB) dirigé par le Commandant Abehi Jean-Noël. Les gendarmes se sont battus au côté de la Garde républicaine, commandée par le Général Dogbo Blé. Ils ont combattu ensemble et sont restés fidèles à Laurent Gbagbo jusqu’au bout. Même après la défaite militaire de ce dernier, la gendarmerie a refusé d’effectuer les missions conjointes de sécurisation du territoire avec les FRCI.
Alors, le retour de Laurent Gbagbo est donc considéré comme un élément de remotivation de ses fidèles au sein de la gendarmerie et ce retour a ravivé les craintes d’Alassane Ouattara.
Dès sa prise de pouvoir en 2011, Alassane Ouattara avait ordonné une épuration au sein de la gendarmerie. Il ne lui avait pas été caché que près de 75% des gendarmes, surtout les anciens gendarmes expérimentés, portent Laurent Gbagbo dans leur cœur. La plupart de ces hommes ont combattu le régime d’Alassane Dramane Ouattara en 2010 pour le compte de Laurent Gbagbo jusqu'à sa chute, le 11 avril 2011.
• Ainsi, au Camp commando de Koumassi, sur un effectif de 220 gendarmes en 2010, près de 90 commandos-gendarmes considérés comme pro-Gbagbo ont été priés de quitter la caserne, après avoir été affectés au nord de la Côte d'Ivoire dans les compagnies ou pelotons mobiles.
Pour les forcer à libérer les appartements que leurs familles occupaient dans les casernes, il a été ordonné de jeter leurs affaires dehors, en présence des brigadiers chargés de la procédure. Les meubles et affaires inventoriés ont été stockés dans le gymnase de l'unité, sous la supervision du Commandant Dagnogo Abdoulaye, actuel Commandant groupe escadron de la 1ère légion mobile. Ce dernier était à la tête du Camp commando de Koumassi qu'il a géré pendant près de sept (7) ans. Sa nomination à la tête du groupe escadron est une récompense pour les bons et loyaux services rendus au Colonel Diarrassouba Bakary, actuel Chef d'état-major particulier du Président Ouattara.
En effet, le Chef d'escadron Dagnogo a protégé toute la famille du Colonel Diarrassouba qui était réfugiée au sein du Camp commando de Koumassi lors de la crise postélectorale de 2010, alors que ce dernier était lui-même réfugié au Golf Hôtel.
• À l'Escadron 2/1 de Yopougon, ce sont près de 70 gendarmes pro-Gbagbo qui ont été mutés.
• À l'Escadron 3/1 d’Abobo, ce sont près de 110 gendarmes pro-Gbagbo qui ont été affectés.
• À l'Escadron 1/3 de Bouaké, ce sont plus de 150 gendarmes qui ont été éloignés.
La plupart de ces gendarmes ont été chassés des casernes avec leurs familles, en pleine année scolaire, pour ne pas corrompre leurs collègues ou les pousser à une insurrection interne.
Pendant ces deux premiers mandats, Alassane Ouattara a toujours tenu la gendarmerie sous surveillance, aidé en cela par les colonels Ibrahima Gon-Coulibaly dit Gauze et Diarrassouba Bakary. Par mesure de prudence, ils ont recommandé de se mettre à l’abri de toute mauvaise surprise. Ainsi, depuis la chute du régime de Laurent Gbagbo, il a été demandé aux commandants des unités mobiles de maintenir les gendarmes-commandos pro-RHDP dans les casernes avec leurs familles. Ces derniers, qui ont continué à habiter leurs appartements respectifs, ont ainsi servi d’agents de renseignement sur la vie dans les casernes et l'évolution du moral des troupes.
Au Camp commando de Koumassi, les trente (30) gendarmes-commandos qui ont été recrutés pour la sécurité rapprochée du candidat Alassane Ouattara ont toujours gardé leurs appartements, où ils y sont avec leurs familles. Cependant, leurs collègues anciennement chargés de la sécurité du Président Laurent Gbagbo ont été chassés manu militari, de même que tous ceux soupçonnés d'être des pro-Soro.
Pour leur permettre de bien effectuer leur travail d'agents de renseignement, Alassane Ouattara par le biais du Colonel Diarrassouba Bakary, qui résidait aussi au Camp commando de Koumassi, a remis la somme de 5 millions de FCFA, un véhicule personnel et un terrain, à chaque garde du corps. En plus de cela, ils reçoivent une prime de 250.000 FCFA par mois. Il a ainsi fait de même dans toutes les unités de gendarmerie, qui regorgent d'espions à sa solde pour relayer tous les faits et gestes de nature à mettre à mal son régime. De plus, avant l’arrivée aux affaires de Téné Birahima Ouattara dit La Fiole, tous les commandants des unités mobiles et stratégiques de la gendarmerie avaient le numéro personnel d’Alassane Ouattara, Chef suprême des armées. La gendarmerie est donc mise sous surveillance constante.
À la réunion du 4 juillet 2021 évoquée précédemment, le Général Apalo Touré a mis en garde les commandants d'unités sur les conséquences du retour du Président Gbagbo. Il les a invités à mieux tenir leurs hommes et à resserrer le commandement. Il leur a demandé de suivre les mouvements des principaux éléments pro-Gbagbo et à informer immédiatement la hiérarchie de toute attitude ou propos suspects.
En effet, la majorité des gendarmes pro-Gbagbo sont devenus des chefs de service eu égard à leur ancienneté dans le grade. Ils ne sont presque plus sur le terrain, mais ont une très bonne expérience de la guerre et restent encore influents auprès de leurs hommes. Le Ministre de la Défense, Téné Birahima Ouattara dit La Fiole, qui connaît bien le penchant de la gendarmerie pour Laurent Gbagbo, a reçu comme instructions de son frère ainé, de mettre les bouchés doubles pour éviter que le retour de l’ancien président ne déclenche une rébellion interne, voire une mutinerie des commandos pro-Gbagbo. Ils savent que ces derniers n’attendent qu’une seule occasion favorable pour agir et en découdre avec le régime Ouattara. Cela n'est même plus un sujet tabou dans les casernes. D’ailleurs, le discours sur l’illégitimité d’Alassane Ouattara est de moins en moins nuancé chez les gendarmes, depuis que ce dernier a pris la décision suicidaire de briguer un troisième mandat anticonstitutionnel.
La visite de La Fiole à la caserne d’Agban, organisée comme une rencontre inopinée, vise à essayer d’atténuer les rancœurs des gendarmes qui n'ont toujours aucune confiance en ce régime. Mais, il n’est pas dupe. Il sait très bien qu'il n'est pas capable de faire basculer ce corps en faveur de son frère aîné. La visite qu’il a effectuée vise donc à obéir aux instructions de son grand frère. Il veut surtout mettre la pression sur le Général Apalo Touré afin qu’il soit mis en face de ses responsabilités de commandant supérieur de la Gendarmerie, au cas où il y aurait une mutinerie. Le Général Apalo, qui s’est ostensiblement affiché pro-Ouattara et pro-RHDP, qui a tout donné pour soutenir la forfaiture électorale d’Alassane Ouattara dans son troisième mandat illégitime, aura assurément du pain sur la planche. Suivre de très près tous ces gendarmes acquis à la cause de Laurent Gbagbo, à travers les unités mobiles comme départementales du pays, n’est pas une mince affaire. Ces éléments qui avaient commencé à perdre le moral, sont revigorés par le retour de leur chef, qu’ils considèrent comme le président légitime de la Côte d’Ivoire. Ils ont commencé à reprendre confiance.
À la fin de la réunion avec ses officiers supérieurs, le Général Apalo Touré a avoué, pour la première fois, être à bout de souffle face à toute la pression du régime Ouattara et de Téné Birahima Ouattara dit La Fiole. Il n’en peut plus des ordres qu’on lui donne et des règlements de compte qu’on lui demande d’opérer au sein de la Gendarmerie. Il regrette de ne pas avoir pris sa retraite dès la réélection d’Alassane Dramane Ouattara pour son troisième mandat. Cela lui aurait évité tout le stress qu’il a aujourd’hui et qui mine sa santé physique et mentale. D’ailleurs, il dit à ses proches que l’année 2021 sera la fin de son commandement. Il a décidé de prendre sa retraite, donc de se retirer de la tête de l'institution militaire qu’il dirige actuellement.
CHRIS YAPI NE MENT PAS.
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