La cherté de la vie frappe invariablement tout le monde et nous allons voir pourquoi.
La Côte d'Ivoire, pays de paix et d'hospitalité, qui a réussi à bâtir son développement économique sur l'agriculture et la diversification de ses produits d'exportation, a été la locomotive financière et un exemple de réussite pour le continent africain. Le cacao, propulseur de sa richesse, n'a cessé de la hisser sur le toit du monde jusqu’à ce jour, en tant que leader numéro 1 avec 1 750 000 tonnes en moyenne par année. Une fierté pour cette nation. Cet équilibre entre dynamisme économique et stabilité perdurera des années dans la paix et la sécurité, grâce à son armée qui ne manquait de rien dans les casernes. Les années passant, les gouvernements changeant, ce dynamisme économique tant vanté à travers le monde prendra un peu de plomb dans l'aile, malgré divers ajustements structurels pour tenter de sauver son honneur. L'apparition de la pandémie du coronavirus en 2019 n'a pas été de tout repos pour tous les pays. La Côte d'Ivoire, bien qu'épargnée tant bien que mal à l'instar de plusieurs pays africains, a subi elle aussi sa propre crise sociale occasionnée par le troisième mandat illégal de son président sortant, Alassane Dramane Ouattara, avec le soutien des forces de défense et de sécurité, en l'occurrence la gendarmerie nationale.
En effet, le Général de corps d'armées Apalo Touré, Commandant supérieur de la Gendarmerie, a été au premier plan dans toutes les opérations. La crise électorale de 2020, avec son corollaire de morts et déplacés, de manifestants emprisonnés, présageait une autre crise sociale. Celle d'une hausse vertigineuse et anarchique des prix des denrées alimentaires, des matériaux de construction, etc. En d'autres termes, une augmentation du coût de la vie. Si les Ivoiriens sont dans leur grande majorité touchés par cette grave crise qui secoue foyers, emplois, finances avec pour conséquence un changement radical de leur mode de vie quotidien ; qu'en est-il des forces de défense et de sécurité qui, au-delà des institutions juridiques, acceptent de maintenir la dynastie Ouattara au pouvoir, en violation flagrante des lois fondamentales de la nation ? Comment les gendarmes vivent-ils cette cherté de la vie ? Comment réagissent-ils face à cette crise sociale qui noie les Ivoiriens dans une précarité inquiétante ?
Les crises postélectorales vécue par les Ivoiriens depuis des années n'ont cessé de mettre des familles en détresse. La lutte pour le pouvoir, qui opposait les trois grandes figures de la politique ivoirienne dans les années 90, a été d'une importance capitale dans la dégradation de la cohésion entre les peuples vivant dans des alliances séculaires depuis des générations lointaines. Rien ne change dans le fond et dans la forme.
La quête du fauteuil présidentiel par les trois hommes politiques que sont Henri Konan Bédié, Laurent Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara, a creusé un grand fossé entre les populations en termes de région et au plan ethnique. Alassane Ouattara, actuellement assis dans le fauteuil présidentiel, contrairement aux deux autres qui se font les yeux doux pour l'heure, a décidé de se maintenir au pouvoir dans un mandat de trop, qui a mis son pays au banc des dictatures africaines. S'il a pu s'y installer, c'est grâce à la Gendarmerie nationale qui lui a donné un grand coup de pouce par la répression sanglante de toutes les formes de revendications et par l'emprisonnement massif des opposants. Le Général Apalo Touré, à la tête de cette institution militaire, a reçu toutes les récompenses et avantages liés aux services rendus à la famille Ouattara pour avoir mis ses hommes à sa disposition.
Aujourd'hui, le pays est frappé par une hausse des prix des denrées alimentaires sans précédent et cela dans l’indifférence totale du gouvernement. Les gendarmes, premiers boucliers du régime Ouattara ne sont pas épargnés non plus et la grogne se fait entendre dans leurs familles. Personne n'est épargné par la vie chère en Côte d'Ivoire. La hausse du prix des denrées alimentaires sur le marché est bel et bien réelle, contrairement au discours mensonger du Ministre du Commerce, Souleymane Diarrassouba. Plusieurs exemples pourraient être cités :
- Le prix du sac de riz brisures de 50 kg, communément appelé riz grains cassés, consommé par près de 50% de la population ivoirienne est passé de 18 500 FCFA à près de 22 000 FCFA.
- Le sac de 50 kg de farine de blé, aliment indispensable dans la fabrication du pain et autres produits de pâtisserie, est passé de 17 000 FCFA à 22 500 FCFA.
- L'huile de palme, très utilisée dans tous les foyers est passée de 1
000 FCFA à 1 290 FCFA, le litre.
- Le sac de riz longs grains de qualité supérieure de 25 kg est passé de 12 000 FCFA à 14 500 FCFA.
- Le carton de poissons carpes est passé de 12 000 FCFA à 18 000 FCFA.
- Le carton de poissons Apollos est passé de 16 000 FCFA à 21 500 FCFA.
- Le sac d’escargots de 25 kg est passé de 25 000 FCFA à 90 000 FCFA.
- Le tas de 5 tomates qui coûtait 100 FCFA est passé à 300 FCFA.
- Le sac de piments est passé de 55 000 FCFA à 85 000 FCFA.
Telles sont les réalités quotidiennes auxquelles font face les populations de notre pays.
Le Général Apalo Touré avait fait croire à ses hommes que le maintien d'Alassane Ouattara à la tête du pays pour un troisième mandat, serait une aubaine pour la gendarmerie nationale, corps d'élite aux yeux de ce dernier. En retour, le chef d’État ferait des gendarmes une entité militaire spéciale avec les avantages liés à leur loyauté.
Selon les informations données par les officiers aux éléments engagés sur le théâtre des opérations de maintien de l'ordre pour mater les manifestations, Alassane Ouattara a décidé de les récompenser en leur octroyant une prime de 100 000 FCFA par mois sur leur solde mensuelle, mais en toute discrétion, pour ne pas révolter les autres corps comme les forces armées qui ne font pas de maintien de l'ordre.
En dehors de cette prime de félicitations, les gendarmes bénéficieront d'un passage en grade supérieur de façon exceptionnelle à cause de leur courage.
C'est donc avec zèle et sans état d'âme que ces militaires ont mis toute leur énergie pour offrir le troisième mandat illégal sur un plateau d'or au dictateur des lagunes et sa famille. Cette naïveté aux répercutions catastrophiques sur la démocratie et la nation ivoirienne, a foulé au pied toutes les lois fondamentales et les droits de l'homme.
La Côte d'Ivoire a fait un recul démocratique sans pareil à la face du monde. Les gendarmes, garants de la stabilité juridique du pays et de la protection des biens et des personnes, ont trahi la confiance des Ivoiriens dans cette crise de trop. C'est donc dans une honte silencieuse qu'ils vivent cette cherté de la vie. Ils n'oseraient pas hausser la voix, car ne sont-ils pas les premiers responsables de la chute de la dignité du pays ? Dans les casernes, la galère dans les familles ne se cache plus.
En effet, en grande partie, les gendarmes prennent les denrées de première nécessité au foyer militaire, attendant les fins de mois pour solder leurs comptes. C'est la preuve palpable que rien ne va chez eux, tout comme dans de nombreuses familles civiles opposées auparavant à ce mandat illégal. La crise sanitaire du coronavirus reste la seule bouée de sauvetage pour ce corps d'élite, le gouvernement ayant décidé de verser une prime de risque de 50 000 FCFA aux forces de l'ordre, à cause du contact quotidien avec les populations. Cette prime qui est versée sur un intervalle de trois mois, selon les calculs du Trésor, est d'ailleurs à son terme ce mois de juillet 2021. Personne ne peut la relancer sans l'accord du chef de l'État lui-même. Actuellement où l'on parle, personne ne peut dire avec certitude, si les gendarmes et leurs frères d'armes des FACI percevront cette somme pour encore un trimestre renouvelable.
Le Général Apalo Touré a donc roulé ses hommes dans la farine pour assouvir les désirs d'Alassane Dramane Ouattara afin qu’il torde le cou à la Constitution. Pourtant, il a lui-même reçu sa récompense à travers une nouvelle étoile de plus de général de corps d'armées. C'est lui le grand gagnant de cette forfaiture électorale. Tant pis pour la troupe ! Aucune prime de 100 000 FCFA comme promesse électorale ! Aucun passage en grade supérieur à titre exceptionnel non plus !
C'est avec amertume et désarroi dans l'âme que les gendarmes subissent cette hausse du coût de la vie. Ils ont le regret d'avoir été trahi par le Général Apalo Touré qui non seulement n'a pas été franc avec eux, mais a empiré l'organisation des examens professionnels internes. Un véritable brigandage économique orchestré de main de fer dans un silence digne d'un film de mafia. Dans les casernes, c'est la déception totale. À l'exception de certains anciens qui montrent de temps à autres leur mécontentement par des repos sanitaires pour ne pas aller au travail, la grande majorité des militaires n'ont que l'aigreur dans le cœur comme réaction. Incapable de pouvoir manifester pour exiger le retour de la démocratie et le rétablissement des institutions. Ils n'ont que leurs gros yeux pour pleurer leur sort qu'ils ont eux-mêmes scellé, en troquant leur casquette pour la défense des intérêts de la nation au profit de leurs intérêts personnels. Qu'ils s'en prennent à eux-mêmes.
Que Dieu bénisse la Côte d'Ivoire.
CHRIS YAPI NE MENT PAS.